Le Maroc et la Turquie ont réaffirmé, lundi 23 juin à Ankara, leur souhait de faire progresser leurs relations économiques, tout en reconnaissant la nécessité de corriger un déséquilibre commercial chronique, dû en grande partie aux importations massives de textiles turcs. Réunis dans le cadre du Comité mixte de l'Accord de libre-échange (ALE), en vigueur depuis 2006, les deux pays ont évoqué un objectif commun : porter le volume des échanges au-delà du seuil de cinq milliards de dollars. Mais le cœur des tensions demeure inchangé. «Notre priorité est d'augmenter nos exportations vers la Turquie et de créer les conditions pour un partenariat plus équilibré», a déclaré Omar Hejira, ministre délégué au commerce extérieur, lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue turc. Le déficit commercial du Maroc avec Ankara avoisine les trois milliards de dollars, selon les données officielles. En dépit d'une taxe douanière de 90 % imposée en 2020 sur les produits d'habillement turcs, les importations de textiles restent élevées. Les industriels marocains, confrontés à une offre locale limitée, demeurent largement tributaires des tissus venus de Turquie. Un secteur sous tension malgré les promesses d'investissement Le vice-ministre turc du commerce, Mustafa Tuzcu, a rappelé que l'accord commercial bilatéral «constitue la colonne vertébrale de notre coopération économique», en soulignant l'influence croissante des entreprises turques au Maroc. «Nos sociétés deviennent des acteurs majeurs dans l'environnement marocain», a-t-il affirmé, évoquant plus d'un milliard de dollars d'investissements directs et des chantiers d'infrastructure turcs totalisant 4,3 milliards de dollars. Les deux responsables ont annoncé la création d'un mécanisme de concertation pérenne, censé prévenir les frictions. «Nous avons convenu d'institutionnaliser notre dialogue à travers une coordination structurée», a précisé M. Tuzcu. Mais au-delà des intentions, c'est bien la dépendance textile qui cristallise les crispations. Pour Rabat, la question n'est plus tant l'ouverture que la réciprocité. «Le Maroc est une terre d'investissement, mais il ne saurait rester un simple débouché», a conclu M. Hejira.