Longtemps perçus comme de simples créateurs de contenu, les influenceurs occupent désormais un rôle bien plus déterminant. À la croisée de la responsabilité sociale, de la représentation nationale et de la recherche du buzz, leur impact sur la société marocaine interroge autant qu'il façonne l'image du Royaume. Avec l'essor des réseaux sociaux, notamment YouTube, Instagram et TikTok, de nouveaux métiers ont émergé. Le monde de l'influence s'est rapidement imposé comme un espace convoité par de nombreux jeunes. Le principe est simple : produire du contenu et en tirer une rémunération, parfois à la faveur d'une simple visibilité virale. Soutenir certaines causes peut susciter l'adhésion, tandis que l'indifférence ou la prise de position inverse peut entraîner un rejet, comme cela a été observé lors des mobilisations de la Gen Z ou durant la guerre à Gaza. Aujourd'hui, les influenceurs ne se limitent plus aux domaines du marketing et de la communication. Ils constituent une force sociale et symbolique, devenant, de fait, des ambassadeurs informels du Maroc. Présents lors d'événements internationaux, de campagnes de grandes marques ou de mobilisations mondiales, ils participent à la construction d'une image du pays à l'étranger, conscients que leur crédibilité personnelle est étroitement liée à celle qu'ils projettent de leur société. Lire aussi : On parle politique, on parle podcast Le paysage de l'influence s'organise désormais par spécialités. Certains se distinguent par un contenu éducatif, d'autres par le sport, la mode et la beauté ou encore le divertissement. Plusieurs d'entre eux ont franchi les frontières du numérique pour investir la télévision, le cinéma ou l'animation de programmes, qui aborde des thématiques liées à la jeunesse et à l'actualité nationale et internationale. À l'opposé, certains individus exploitent les réseaux sociaux dans une logique exclusivement orientée vers le buzz, au détriment des valeurs sociales et de l'image du Royaume. La diffusion répétée de contenus jugés illégaux ou préjudiciables a récemment conduit à l'arrestation de certaines figures, rappelant les dérives possibles de ce nouvel espace médiatique. Les créateurs de contenu ne sont donc plus de simples utilisateurs des réseaux sociaux. Leur forte visibilité implique une responsabilité sociale et morale. À travers leurs discours et leurs pratiques, ils participent, consciemment ou non, à la construction – ou à la dégradation – de l'image d'une société et d'un Etat dans son ensemble.