Le Maroc pourrait procéder, d'ici à la fin de l'année, à une émission de dette islamique, selon une déclaration du gouverneur de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, citée par l'agence Bloomberg. Cette opération marquerait le retour du royaume sur le marché des sukuk, sept ans après sa première et unique émission souveraine. «Le gouvernement étudie une nouvelle émission de sukuk avant la fin de l'année», a déclaré M. Jouahri, en marge d'une conférence sur la finance islamique tenue à Rabat. Il n'a pas précisé si l'opération se ferait en dirhams ou en devise étrangère. Le Maroc, qui ambitionne d'accueillir des investissements massifs dans la perspective de la Coupe du monde de football 2030, dont il partage l'organisation avec l'Espagne et le Portugal, entend donner un nouvel élan à la finance dite participative, introduite officiellement en 2017. Le dernier sukuk souverain marocain, émis en 2018, est arrivé à échéance en 2023. Depuis lors, le pays a eu recours exclusivement à la dette conventionnelle, notamment en avril dernier, lorsqu'il a placé 2 milliards d'euros d'obligations à échéances de quatre et dix ans, avec un rendement avoisinant 4,7 % pour la tranche la plus longue. M. Jouahri a reconnu l'insuffisance du cadre actuel : «L'absence de dette islamique souveraine est problématique», a-t-il confié à Bloomberg, ajoutant que le secteur participatif ne représente que 2 % de l'actif total du système bancaire national. «Nous ne sommes pas satisfaits de ces chiffres», a-t-il ajouté. Selon lui, le Maroc a mis en place les fondations nécessaires, mais demeure confronté à des lenteurs administratives et à un déficit de liquidité qui freinent le développement de ce secteur. Aucun sukuk émis par des entreprises privées n'a encore vu le jour à l'échelle nationale. Les autorités cherchent désormais à identifier les entraves restantes afin de favoriser l'usage des instruments participatifs, notamment dans le financement de projets structurants, dont ceux liés à la transition énergétique. «Nous sommes le jeune enfant de la finance islamique, mais nous avons parcouru un chemin considérable depuis 2017», a affirmé M. Jouahri, toujours cité par Bloomberg.