Le Chili poursuit sa progression sur les marchés d'Afrique du Nord avec la perspective d'une ouverture accrue de ses produits agricoles et carnés au Maroc. Le ministre chilien de l'agriculture, Esteban Valenzuela, s'est entretenu à Rabat avec son homologue marocain, Ahmed El Bouari, en vue d'ancrer une collaboration pérenne dans les échanges agroalimentaires bilatéraux. À ses côtés, le directeur de Frutas de Chile pour l'Asie, l'Europe et le Moyen-Orient, Charif Christian Carvajal, a insisté sur l'urgence d'une validation sanitaire qui permettrait à une large variété de fruits frais de pénétrer le marché marocain. «Si le feu vert est donné, nos raisins de table, kiwis, pommes, poires, pêches, nectarines, cerises et prunes pourront accéder aux foyers marocains sans concurrencer la production locale, mais en la complétant harmonieusement», a-t-il affirmé. M. Valenzuela a, pour sa part, salué la position stratégique du Royaume chérifien : «Le Maroc figure au premier rang des partenaires africains du Chili dans le domaine agricole. Nous avons convenu avec M. El Bouari d'accélérer la convergence de nos filières exportatrices et de bâtir une relation durable entre nos deux pays». Des fruits à l'avant-garde de la coopération agricole Si les fruits frais chiliens demeurent encore absents du marché marocain, les pourparlers engagés devraient aboutir à un cadre sanitaire favorable à leur introduction. Les saisons de récolte, complémentaires entre les deux hémisphères, constituent un atout pour un échange sans concurrence frontale. Les représentants chiliens ont pu dialoguer avec des importateurs marocains de fruits secs, de vins et de produits frais. Ces entretiens ont permis d'identifier les leviers propices à une montée en puissance des produits chiliens dans le Royaume, considéré comme un relais stratégique pour l'accès au continent africain. «Le Maroc est un allié naturel. Nous souhaitons y établir une relation équitable, fondée sur la qualité, la prévisibilité et le respect des productions nationales. Une telle relation mutuellement bénéfique consoliderait la place du Chili comme fournisseur de référence au nord du continent», a observé M. Carvajal. Les viandes chiliennes bientôt autorisées sur le marché marocain Outre les produits horticoles, les pourparlers ont porté sur l'introduction progressive des viandes rouges chiliennes – bovine, ovine et caprine – en territoire marocain. À la suite de difficultés d'approvisionnement en 2024, les autorités marocaines ont exprimé un intérêt marqué pour ces filières. Le Service agricole et de l'élevage chilien (SAG) a validé les certificats zoosanitaires exigés par l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) du Maroc. La documentation afférente a déjà été transmise aux autorités compétentes, ouvrant la voie à des envois imminents. Une balance commerciale en faveur du Chili Selon les données officielles, le commerce bilatéral a enregistré une croissance remarquable entre janvier et mai 2025, avec une progression de 59,5 % par rapport à la période précédente. La contribution du secteur agricole s'est élevée à 59,6 %, tandis que les produits d'élevage ont représenté 40,4 % des échanges. Le Maroc s'affirme aujourd'hui comme le second débouché africain des exportations chiliennes, devancé uniquement par l'Afrique du Sud. En 2024, le solde commercial a été excédentaire pour le Chili de plus de dix millions de dollars FOB, porté principalement par les ventes de noix, de raisins secs, de vins et, plus récemment, de prunes déshydratées. «Le Chili est prêt à devenir un partenaire agroalimentaire structurant du Maroc, sur des bases saines, réciproques et évolutives», a conclu M. Valenzuela.