De violents affrontements ont éclaté samedi soir à Torre-Pacheco, dans la région de Murcie, entre groupuscules d'extrême droite, résidents locaux et travailleurs immigrés originaires d'Afrique du Nord, sur fond d'attaque inexpliquée perpétrée contre un homme âgé plus tôt dans la semaine. Selon les autorités locales citées par l'agence britannique Reuters, cinq personnes ont été blessées et une interpellation a eu lieu au cours des échauffourées, parmi les plus marquantes que l'Espagne ait connues ces dernières décennies en matière de tensions liées à l'immigration. Un calme relatif était revenu dimanche matin, bien que d'autres arrestations soient attendues, selon une source gouvernementale. Des séquences diffusées sur les réseaux sociaux montrent des individus vêtus d'habits arborant des insignes d'extrême droite faire face à des jeunes brandissant le drapeau marocain. Les deux camps s'étaient affrontés à coups de projectiles, dans une atmosphère chargée de crispation, après plusieurs nuits de tensions plus contenues. L'élément déclencheur remonte à mercredi lorsqu'un septuagénaire a été violemment agressé en pleine rue. L'homme, dont le pronostic vital n'est pas engagé, se remet actuellement à domicile. Les circonstances de cette attaque demeurent obscures, et aucune arrestation n'a été effectuée à ce jour dans le cadre de cette affaire. Mariola Guevara, représentante du gouvernement central dans la région, a déclaré à la télévision publique espagnole que l'enquête se poursuivait. Elle a fermement dénoncé «le discours de haine et l'incitation à la violence» véhiculés, selon elle, par les formations d'extrême droite mobilisées sur place. Elle a en outre annoncé le déploiement de renforts de la Guardia Civil pour contenir tout débordement. Près du tiers des habitants de Torre-Pacheco sont d'origine étrangère, selon les données de la Comunidad Autónoma de la Región de Murcia. Les environs de la commune accueillent une main-d'œuvre migrante abondante, employée de manière précaire dans le secteur agricole, pilier économique de la région. Il y a moins de deux semaines, le gouvernement régional de Murcie avait dû retirer un projet d'acquisition de logements destinés à l'accueil de mineurs migrants non accompagnés, face à l'hostilité du parti d'extrême droite Vox, dont le soutien s'avère indispensable au Parti populaire (PP) pour faire adopter les textes législatifs. L'Espagne, qui reste profondément marquée par les violences xénophobes de l'an 2000 à El Ejido, dans la province d'Almería — provoquant plusieurs jours d'émeutes —, voit ressurgir dans la péninsule les tensions entre autochtones et migrants, en particulier dans les régions agricoles du sud.