Les importations espagnoles de fruits et légumes frais en provenance du Maroc ont atteint 672 millions d'euros (environ 7,3 milliards de dirhams) entre janvier et avril 2025, en hausse de 28 % par rapport à la même période de l'année précédente. Ce bond place le royaume en tête des fournisseurs extérieurs du marché horticole espagnol, qui a totalisé 2,006 milliards d'euros d'achats durant le premier quadrimestre, soit une augmentation globale de 11 %. Le Maroc représente désormais à lui seul un tiers des importations espagnoles en produits horticoles frais. La tendance, engagée depuis cinq ans, ne montre aucun signe d'essoufflement : entre janvier et avril 2021, les envois marocains culminaient à 432 millions d'euros ; en 2025, ils en affichent 672, soit une progression de 56 % en valeur. La hausse concerne également les volumes : 254 385 tonnes de fruits et légumes marocains ont été importées par l'Espagne sur les quatre premiers mois de l'année, contre 201 000 tonnes un an plus tôt. Le chiffre traduit une croissance de 26 % en un an, et de 13 % depuis 2021. Mais cette ascension, comme d'habitude, continue ne plaît guère aux représentants du secteur agricole espagnol. La Fédération espagnole des producteurs-exportateurs de fruits et légumes (FEPEX) s'en prend une nouvelle fois à l'accord d'association entre l'Union européenne (UE) et le Maroc, qu'elle accuse de laisser la porte grande ouverte à une concurrence qu'elle juge déloyale. «Le système de prix d'entrée censé protéger nos producteurs n'est plus qu'une coquille vide. Il faut avoir le courage de le dire : cet accord ne sert plus à rien dans sa forme actuelle», lâche la FEPEX dans un communiqué sans nuance, dénonçant un prétendu «déséquilibre structurel» du marché provoqué par l'inaction des autorités communautaires. La fédération, dont les invectives se sont multipliées ces derniers mois, dénonce également l'essor des cultures sous serre dans le Sahara marocain, destinées à l'exportation, y voyant une menace directe pour l'agriculture espagnole. Elle exige que l'Union européenne veille au respect des arrêts très controversés rendus le 4 octobre 2024 par la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), qui a exclu les produits des provinces méridionales – notamment les tomates – des avantages douaniers de l'accord euro-marocain (affaires jointes C‐779/21 P et C‐799/21 P), et imposé une mention d'origine explicite sur leur étiquetage (affaire C‐399/22). «Si Bruxelles n'est pas capable de faire respecter ses propres règles, à quoi bon parler de marché commun ?», tonne la FEPEX, qui réclame «des mesures immédiates et sans concession» pour, selon elle, «sauver ce qu'il reste du tissu agricole national».