Le gouverneur de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri, a déclaré lundi 21 juillet que l'institution qu'il dirige examinait la possibilité d'émettre une monnaie numérique de banque centrale, afin de faciliter tant les transferts entre particuliers que les règlements transfrontaliers. Cette monnaie, émise sous l'autorité exclusive de la banque centrale, se distinguerait fondamentalement des cryptomonnaies décentralisées, dont l'usage demeure prohibé au Maroc depuis 2017, affirme le responsable cité par l'agence Reuters. Malgré cette interdiction formelle, les actifs numériques continuent de circuler dans l'ombre, échappant aux régulations officielles. Face à cette réalité persistante, la banque centrale a engagé des travaux approfondis en partenariat avec le Fonds monétaire international (FMI) et le Groupe de la Banque mondiale (BM) pour évaluer les répercussions d'une telle émission sur l'architecture des paiements, tant à l'échelle nationale qu'internationale. Un chantier concerté avec des partenaires régionaux et multilatéraux M. Jouahri, qui s'exprimait lors d'un colloque organisé dans la capitale, a précisé que Bank Al-Maghrib s'est alliée à la Banque centrale d'Egypte et au Groupe de la Banque mondiale pour examiner les modalités d'un usage transfrontalier de cette nouvelle forme d'instrument monétaire. Il s'agirait, selon lui, de réfléchir à un cadre commun qui permettrait d'en assurer la compatibilité technique et la reconnaissance mutuelle dans les transferts régionaux. Les consultations en cours avec les grandes institutions financières multilatérales visent à s'assurer que les choix technologiques, juridiques et opérationnels respectent les principes de stabilité monétaire, de sécurité des transactions et de transparence à l'égard du public. Une législation en gestation sur les actifs numériques Parallèlement à cette démarche exploratoire, une législation spécifique aux crypto-actifs fait actuellement l'objet d'un examen par le ministère de l'économie et des finances. Ce projet de texte, mentionné par M. Jouahri lors d'une précédente intervention publique, devrait ultérieurement emprunter le circuit d'adoption institutionnelle en vue d'offrir un encadrement clair à un domaine marqué par l'opacité, les risques spéculatifs et l'absence de protection des épargnants. La Banque centrale entend, à travers ce double chantier – expérimentation d'une monnaie numérique souveraine et encadrement normatif des actifs cryptographiques – se doter d'outils adaptés à l'évolution des usages monétaires contemporains, tout en préservant les fondements de la souveraineté financière du nationale.