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Bien nommer les choses
Publié dans Barlamane le 04 - 08 - 2025

"Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde" (Albert Camus)
Dans un entretien récent, Jamal Benomar, ancien haut fonctionnaire des Nations unies, appelle à un sursaut régional, à l'apaisement des tensions entre Rabat et Alger, et à une relance du dialogue dans un cadre strictement maghrébin. On ne peut que saluer cette volonté de paix, que partage le Maroc et que le Roi Mohammed VI a récemment réitérée, une fois encore, dans son discours du Trône, en tendant la main au voisin algérien.
Mais si l'aspiration est noble, les mots choisis par Benomar trahissent une grille de lecture déséquilibrée, et parfois injuste, du conflit maroco-algérien. Ces propos ne peuvent être reçus sans examen critique, surtout lorsqu'ils comportent des omissions flagrantes.
Certes, il est aisé d'inviter au dialogue, d'évoquer la fraternité maghrébine, et d'en appeler à la société civile. Mais est-il plus malaisé de mettre en cause l'Algérie dans l'enlisement du conflit ? À lire M. Benomar, Alger serait une tierce partie neutre, désintéressée, animée des meilleures intentions. C'est ignorer, ou feindre d'ignorer, les décennies d'implication active du régime de ce pays contre le Maroc, depuis l'accueil et l'armement du polisario jusqu'à la rupture unilatérale des relations diplomatiques et aux multiples mesures hostiles prises contre le Maroc.
M. Benomar reproche au Maroc de se «réjouir» des reconnaissances internationales de son plan d'autonomie. Le Maroc ne «compte» pas les soutiens, il en prend acte et se réjouit de voir ses vues prévaloir. Faut-il s'en étonner ? Lorsqu'une issue pacifique à un différend vieux de cinquante ans commence à recevoir un soutien croissant, y compris de grandes puissances, il est légitime pour un pays de s'en féliciter. Ce n'est ni du «comptage», ni du triomphalisme, mais une lecture réaliste des faits.
S'agissant de la population concernée, il convient de rappeler que l'immense majorité d'entre elle vit paisiblement dans son pays, participe à la vie politique locale et nationale, et rejette l'autorité d'un mouvement qui, à Tindouf, a embrigadé les habitants des camps, les privant de toute liberté de parole et les maintenant sous une férule autoritaire.
Quant à l'idée selon laquelle le Maroc «redouterait» le referendum, elle repose sur une vision faussée. C'est l'incapacité, ou l'absence de volonté, des instances internationales à procéder à un recensement crédible dans les camps et à identifier tous les votants, qui a conduit l'ONU à écarter la voie du référendum.

Le plan d'autonomie marocain, largement reconnu, propose précisément un exercice de libre détermination à travers une autonomie élargie sous souveraineté marocaine.
L'ancien fonctionnaire de l'ONU n'ignore pas que toutes les solutions de paix sont souvent des vœux pieux jusqu'à ce qu'elles aboutissent. La Russie et la Chine, selon Benomar, sont réservées, mais il n'y a pas de situation figée, les positions évoluent, comme le montre l'histoire récente. Entretemps, la division du Conseil de sécurité vaut pour tous, pour le Maroc comme pour le tandem Algérie/polisario. La situation du Maroc, soit dit en passant, n'est pas la plus inconfortable.
Attribuer au polisario un pouvoir de décision, c'est méconnaître le fonctionnement du régime algérien. Le polisario n'a aucune liberté d'action, le moment venu il fera ce qu'Alger lui ordonnera de faire. Period.
«Le problème», selon M. Benomar, est que l'autodétermination n'a «jamais» été «clairement définie». Ce n'est pas au Conseil de sécurité de la «définir», la Charte de l'ONU l'a déjà fait. Il faut la relire.
L'entretien laisse également entendre que le Maroc poursuivrait une stratégie «folle» en espérant convaincre l'ONU. Le mot est fort, excessif et inapproprié. Espérer que l'ONU adopte la position d'un Etat membre, par la force du droit et du dialogue, est l'essence même de la diplomatie. Ce n'est ni de la naïveté, ni de l'acharnement, c'est une aspiration légitime.
«Si l'on considère l'autre camp comme un groupe terroriste, comment envisager une négociation sérieuse avec lui ?», se demande M. Benomar. Inversons la question : Si l'autre camp pratique le terrorisme, comment négocier avec lui ?
La référence au Rif est, là aussi, totalement inappropriée et relève du mélange des genres. Selon cette rhétorique, il faudrait donner au polisario des «garanties» sur la démocratie marocaine pour espérer l'amadouer et le convaincre de bien vouloir accepter l'autonomie. Comme si ce polisario était un modèle en la matière, alors qu'il s'agit d'un mouvement totalitaire qui ignore la pluralité des opinions, qui n'a jamais connu d'élections libres et qui règne par la terreur.
M. Benomar prône plusieurs paliers de dialogue dont un dialogue «Maroc-polisario» et un dialogue «Rabat-Alger». Il sait pourtant que ces pistes ont déjà été explorées, parfois plusieurs fois, sans succès. Qui refuse de s'asseoir aux tables rondes ? Qui récuse systématiquement tout dialogue bilatéral ? Qui reste arcbouté sur des solutions obsolètes ? Qui instrumentalise un mouvement armé en niant toute responsabilité dans le conflit ? Qui se dérobe à ses responsabilités ?

Enfin, comparer la situation maroco-algérienne à celle des deux Corées est une figure audacieuse qui ne manque pas d'intérêt. Mais si l'on suit cette analogie, il convient d'aller jusqu'au bout : qui incarne la fermeture, la sur militarisation, le rejet des mécanismes multilatéraux, la suspicion permanente envers les voisins ? Certainement pas le Royaume du Maroc, qui multiplie les partenariats, qui œuvre pour le développement et qui a toujours tendu la main à son voisin de l'est.
Un appel téléphonique miraculeux et un remake du voyage d'Anouar Sadate sont deux doux rêves à ranger, pour l'instant, au rayon ... des vœux pieux. Le Maroc a tendu la main, à plusieurs reprises et au plus haut niveau. La balle est dans l'autre camp. Le Maroc, faut-il le dire, n'a pas de couteau sous la gorge et sa posture est tout sauf mauvaise.
Oui, le rêve maghrébin mérite d'être ravivé. Oui, la société civile peut jouer un rôle. Mais ce rêve ne se réalisera pas dans la négation des responsabilités d'une partie au détriment de l'autre.
Il est des médiations difficiles, parfois inabouties, soit en raison de la complexité du litige, soit du fait du manque de savoir-faire du médiateur. Après une expérience au Yémen, M. Benomar entend aujourd'hui contribuer au débat maghrébin depuis une position qu'il présente comme indépendante, mais dont l'équilibre apparent masque mal un parti pris certain. À aucun moment il ne remet en question la politique de l'Algérie. Il n'émet aucune critique à l'endroit de ce pays. Il met tous les torts à la charge de l'agressé et exonère l'agresseur de toute faute.
Or, pour revenir au schéma des deux Corée, celle du Nord est belliqueuse, surarmée, menaçante, obsédée par l'encerclement et les complots extérieurs. Comme l'Algérie. Si M. Benomar souhaite amener le régime algérien à résipiscence, on lui souhaite bien du plaisir.


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