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"Le Point" évoque dans un dossier majeur une «entreprise méthodique d'éradication politique et culturelle» conduite par le régime algérien en Kabylie
Publié dans Barlamane le 14 - 08 - 2025

Dans son numéro daté du jeudi 14 août 2025 (n°2768, 65 dirhams), l'hebdomadaire Le Point consacre un dossier central de cinq pages à la situation des Kabyles. Intitulé «Les Kabyles – Un peuple debout» et illustré par la toile orientaliste de Louise Canuet Jeune Fille de Grande Kabylie : portrait d'Algérienne, ce travail journalistique rassemble témoignages, archives et analyses pour décrire la persistance d'une identité plurimillénaire confrontée à une politique d'uniformisation arabo-islamique. L'enquête met en lumière une répression croissante — procès politiques, emprisonnements massifs, interdictions culturelles — et donne voix à une diaspora nombreuse en France. En filigrane, elle rappelle les figures emblématiques, du chanteur Matoub Lounès à l'écrivain Mouloud Feraoun, dont les combats et les mots continuent d'alimenter une résistance à la fois culturelle, linguistique et politique.
La Kabylie, région montagneuse et foyer historique de la culture berbère en Algérie, demeure sous pression d'un appareil sécuritaire intransigeant. Le cas du journaliste français Christophe Gleizes, condamné en mai 2024 à sept années de prison ferme par un tribunal de Tizi Ouzou pour «apologie du terrorisme» et «possession de publications nuisant à l'intérêt national», illustre cette dérive répressive. Son seul tort, selon ses proches : avoir interrogé un cadre de la Jeunesse sportive de Kabylie (JSK) en lien avec le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), classé organisation terroriste par Alger bien que le mouvement affirme rejeter toute violence. Gleizes, toujours incarcéré, doit être rejugé à l'automne 2025.
Selon Human Rights Watch, «des dizaines de militants kabyles [sont] emprisonnés, dont une quarantaine à perpétuité». En 2019, vingt manifestants du mouvement Hirak avaient été condamnés pour «atteinte à l'intégrité du territoire» après avoir arboré le drapeau amazigh, symbole de la culture berbère. Le dossier, publié dans l'hebdomadaire Le Point (n°2768, jeudi 14 août 2025, 65 dirhams), consacre cinq pages à ces répressions, sous le titre «Les Kabyles – Un peuple debout», signé par le journaliste Bertrand Lasalle, grand spécialiste du sujet.
Une identité plurimillénaire confrontée à l'uniformisation
Peuple autochtone mentionné par Hérodote quatre siècles avant notre ère, les Kabyles — environ six millions de locuteurs berbérophones — sont souvent confondus avec la majorité arabe. Leur histoire se confond avec des résistances successives contre les Romains, les Ottomans, les Arabes puis la colonisation française. L'écrivain Albert Camus décrivait, dans Misère de la Kabylie (1939), «leur fierté, leurs villages farouchement indépendants, leur constitution démocratique [qui] inspirent une sympathie instinctive».
Ces villages pratiquent encore une démocratie locale fondée sur la caisse du village, alimentée par des cotisations permettant d'administrer les affaires communautaires sans intervention de l'Etat. Cette autonomie structurelle nourrit la méfiance du pouvoir central. L'illustration choisie par la rédaction du magazine — une toile de Louise Canuet intitulée Jeune Fille de Grande Kabylie : portrait d'Algérienne — rappelle cette indépendance farouche et la continuité culturelle.
Figures emblématiques et mémoire martyre
Parmi les symboles de la résistance, ajoute Le Point, le chanteur et poète Matoub Lounès, assassiné en 1998, reste une icône. Dans sa chanson Imposture, reprise sur l'air de l'hymne national algérien, il dénonçait le «panarabisme et la religion peints à la chaux sur le visage de l'Algérie». Le chanteur Idir, disparu en 2020, défendait quant à lui une Algérie plurielle, affirmant : «On ne peut m'aimer tout en ignorant mon identité». Tous deux portaient haut le symbole amazigh Yaz, représentant «l'homme libre».
La députée islamiste Najma Salhi a résumé la violence du rejet linguistique en déclarant : «J'ai dit à ma fille que si jamais elle parlait en kabyle, je la tuerais!». Les épisodes de répression culturelle jalonnent l'histoire récente, à l'image du Printemps berbère de 1980, réprimé après l'interdiction d'une conférence du poète Mouloud Mammeri. Ces éléments sont développés dans les pages 19 à 23 de l'hebdomadaire, accompagnés d'encadrés sur la diaspora et d'archives photographiques.
Une diaspora nombreuse en France
Entre 700 000 et un million de Kabyles vivent en France, souvent employés dans le bâtiment, les transports et la restauration. L'ambassadeur Bernard Emié avait provoqué la colère d'Alger en reconnaissant, en 2016, que les Kabyles bénéficiaient d'un accès facilité aux visas étudiants.
Plusieurs personnalités françaises sont issues de cette diaspora : Zinédine Zidane, Isabelle Adjani, Kad Merad ou encore le philosophe Mohammed Arkoun. L'écrivain Mouloud Feraoun résumait son dilemme identitaire en 1956 : «Quand je dis que je suis français, tous me le refusent. [...] Que suis-je, bon Dieu?».
Débats politiques sans compromis
Pour Alger, le choix se résume à deux options radicales : assimilation au modèle arabo-islamique ou indépendantisme kabyle. Hocine Aït Ahmed, héros de la guerre d'indépendance, avait créé le Front des forces socialistes (FFS) après avoir été poussé à la clandestinité par le Front de libération nationale (FLN). Ce dernier imposa dès 1962 un «credo arabo-islamique sans exception», niant toute diversité culturelle.
Le poète Kateb Yacine voyait dans le français un «butin de guerre» que les Kabyles défendent avec le même zèle que leur langue maternelle, le tamazight, transcrite en alphabet tifinagh et souvent enseignée clandestinement.
Une résistance intacte
En 2025, la résistance kabyle perdure à travers la diaspora, la production artistique et les mobilisations sportives, notamment celles des groupes d'ultras de la JSK. Nombre de militants revendiquent non pas la sécession, mais la reconnaissance officielle d'une identité millénaire dans le cadre d'une Algérie plurielle. Pour Idir, cette reconnaissance conditionnait toute véritable unité nationale. La couverture du magazine arborait un bandeau latéral aux teintes orange, bleue et rouge, annonçant d'autres enquêtes — du réveil catholique à un récit historique sur ces Français qui festoyaient chez les nazis — mais le cœur éditorial restait centré sur la Kabylie, qualifiée par l'accroche de M. Daoud d'«anti-islamiste et réformatrice, une autre Algérie».


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