Au Maroc, la filière des agrumes se heurte à une crise durable, selon des informations rapportées par le cabinet spécialisé Fresh Plaza. «Les difficultés dépassent la simple concurrence», affirme Mohamed Saiidi, directeur général du Domaine Tarifit et de la station de conditionnement Eurober. «Les prix des oranges se sont effectivement raffermis cette saison, en raison de l'insuffisance de l'offre à l'échelle mondiale. Mais cela ne signifie pas que les volumes marocains vont croître immédiatement pour profiter de cette conjoncture. Au contraire, l'arrachage et la réduction des superficies continueront, faute de ressources hydriques dans plusieurs régions», observe-t-il. Dans la province de Berkane, l'une des principales zones agrumicoles du pays, les superficies plantées en orangers ont été divisées par deux en quelques années sous l'effet de la sécheresse persistante, selon M. Saiidi. «Je ne vois pas de hausse des surfaces ni des volumes d'oranges au Maroc à court terme. La région est aride, la nappe phréatique est épuisée ; nous forons désormais à 250 ou 300 mètres, contre 60 mètres il y a quelques années. C'est pareil dans plusieurs autres zones», précise-t-il. Le producteur juge qu'il faudrait «au moins quatre années avant d'envisager une extension des vergers pour répondre à la demande internationale, à condition d'avoir de bonnes pluies entre-temps». Actuellement, l'essentiel de la production nationale repose sur la variété Maroc Late, écoulée sur le marché intérieur et vers l'Afrique de l'Ouest. Seule une poignée d'exploitants, dont M. Saiidi, maintiennent des expéditions à l'international, mais à capacité réduite.