Forza, Rima Hassan ! Depuis deux jours, la trentenaire croule sous les lettres ouvertes, les insultes, les récriminations et même les billets de blog rageurs, comme si chacun voulait lui arracher une confession publique. Commentaire d'un observateur : «Les renseignements algériens ont libéré les comptes fantômes qu'ils gèrent». Les traits d'esprit féroces se multiplient, parfois au mépris de la simple bienséance. Le régime algérien panique alors que son premier soutien vocal en France, souvent mis en avant dans les médias, choisit désormais de reconnaître les attaches du Maroc au Sahara. Historique ! Dans un texte longuement explicatif, Rima Hassan a choisi de clarifier publiquement sa position sur ce dossier, en évoquant les liens anciens qui rattachent ce territoire séculaire à Rabat. Néanmoins, cette prise de parole, qu'elle présente comme une tentative d'apaisement, lui vaut une avalanche d'attaques venues d'Algérie et des milieux séparatistes, prompts à l'accuser de parti pris. Elle confie que, depuis son entrée en politique, elle a été pressée d'«adopter de dénoncer le Maroc». À ses yeux, le climat hostile dans lequel elle se trouve plongée devient pesant : «Le plus douloureux, ce sont les insultes, que j'ai tues pendant des mois, et qui m'ont blessée et heurtée». Les rappels historiques convoqués Dans son argumentation, Rima Hassan insiste sur les racines profondes de la question. Elle affirme que «les tribus arabes et berbères sahraouies sont liées au Royaume chérifien et à l'Empire almoravide, qui s'étendait sur l'actuelle Mauritanie». Elle observe que, loin d'avoir constitué un Etat au sens moderne, le Sahara a été longtemps intégré à un espace culturel, religieux et économique dominé par le Maroc. Cette lecture historique, qui conforte la thèse marocaine, est accompagnée d'une mise en garde : «Le débat porte sur les liens territoriaux au sens du contrôle administratif et il ne m'appartient pas de trancher.» Elle affirme encore : «Je n'ai pas la prétention d'être exhaustive ni spécialiste du sujet.» Pour étayer son propos, elle n'hésite pas à convoquer des arguments techniques que ses détracteurs préfèrent ignorer. Elle rappelle que les décisions de la Cour internationale de justice (CIJ) ont reconnu l'existence de liens juridiques d'allégeance entre certaines tribus du Sahara et le sultan du Maroc, ce qui contredit la thèse d'un vide historique. Elle insiste aussi sur les notions de continuité territoriale et de suzeraineté effective, deux critères employés dans le droit international public pour apprécier la légitimité d'un rattachement. Une position inconfortable Dans un ton à la fois las et ironique, elle relève qu'un simple déplacement suffit à déclencher la suspicion : «Quand j'ai été en Algérie une seule fois, cela m'a été reproché par des Marocains ; quand j'ai été au Maroc une seule fois, cela m'a été reproché par des Algériens, et même par des Marocains.» Elle poursuit en soulignant que ses propos sont systématiquement interprétés comme des calculs : «Si je ne donne pas suite à telle demande, on me soupçonne d'avoir quelque chose à cacher ou à me reprocher.» Derrière ces crispations, elle voit l'ombre d'opérations de manipulation, affirmant que «des réseaux utilisent la question du nationalisme marocain pour diviser Algériens et Marocains, y compris au sujet de la Palestine». Elle ne cache pas que l'acharnement ciblé dont elle est victime, en particulier de la part de certains militants algériens, confine parfois au harcèlement organisé. Elle ajoute que cette spirale d'invectives numériques détourne l'énergie militante de débats plus substantiels. Un appel à l'unité avorté Dans un effort de conciliation, Rima Hassan tente de dresser un tableau équilibré. Elle admet que «le Sahara est une cause nationale pour le Maroc», qu'«il s'agit aussi d'une revendication d'autodétermination portée par des représentants sahraouis», et que «l'Algérie s'y trouve impliquée en raison de son soutien historique aux mouvements d'indépendance et de son [accueil] des [réfugiés] sahraouis». Elle n'oublie pas de rappeler «le cadre du droit international et les décisions de la Cour internationale de justice». Elle en conclut qu'aucune solution ne saurait émerger sans «négociations et accords avec le peuple sahraoui, dans le cadre d'un renouveau des relations algéro-marocaines qui ont tant à gagner à s'unir plutôt qu'à se diviser». Tout en reconnaissant le poids des enjeux, elle précise avec un brin de lassitude : «Ce n'est pas à moi de résoudre cette question, j'ai déjà énormément à porter avec la cause palestinienne.»