Les autorités espagnoles ont souligné, mercredi 25 septembre, le rôle central joué par la garde civile et ses alliés dans la lutte contre le trafic international d'anguille européenne (Anguilla anguilla), un commerce clandestin d'une extrême rentabilité qui a conduit à la convocation à Pontevedra (nord-est de l'Espagne) d'une réunion mondiale où figurent notamment le Maroc et plus de cinquante autres pays. Selon un communiqué de la garde civile, l'Espagne demeure en première ligne contre ce qu'elle décrit comme «l'un des délits environnementaux les plus lucratifs». Depuis 2011, ses services ont «procédé à l'incarcération ou à l'investigation de plus de 300 personnes et à la saisie de plus de 24 tonnes d'anguille vivante». Les autorités précisent que le préjudice écologique ainsi généré atteint une estimation vertigineuse de «81.796 millions d'euros». Une espèce en danger et un commerce illicite mondialisé La garde civile rappelle que «l'exportation de l'anguille européenne hors de l'Union européenne est strictement interdite, du fait de l'effondrement de sa population depuis les années 1980». Cette situation a conduit à son inscription à la convention CITES, qui encadre le commerce international des espèces menacées. L'Union européenne a instauré en 2009 une «quota zéro», interdisant tout envoi vers l'extérieur. Toute tentative d'exportation constitue donc «un délit grave contre la faune sauvage». Malgré ce dispositif, la demande demeure vive, en particulier en Asie, ce qui alimente un trafic piloté par des organisations criminelles. Celles-ci, souligne la garde civile, «contrôlent la capture, le transport et l'élevage des civelles destinées à la distribution ultérieure». Le caractère destructeur de cette pêche illégale se traduit par «des atteintes sévères aux écosystèmes fluviaux et à d'autres espèces». Une coordination internationale pilotée depuis l'Espagne Depuis plus d'une décennie, l'Espagne conduit des plans opérationnels annuels impliquant le service de protection de la nature (SEPRONA), le service fiscal, le service maritime et des unités de sécurité publique. La garde civile précise que «le caractère transnational de ce trafic, qui emprunte des routes traversant l'Europe orientale, l'Afrique du Nord ou la Turquie, rend indispensable la coopération internationale». Europol dirige l'opération «Lake», à laquelle prennent part plus de quarante Etats. En reconnaissance de cette coordination, «l'Agence européenne de police criminelle a choisi la commanderie de la garde civile de Pontevedra pour accueillir les 24 et 25 septembre la réunion annuelle de l'opération». Les autorités espagnoles soulignent que cette ville «se trouve dans une province particulièrement touchée par la pêche illégale et abrite, à Vigo, le siège de l'Agence européenne de contrôle des pêches (EFCA)». Y sont conviés «les corps policiers et agences de 56 pays, parmi lesquels les 27 Etats membres de l'Union européenne, les Etats-Unis, le Brésil, la Chine, le Maroc, la Mauritanie, Interpol et Eurojust». L'objectif annoncé est de «partager les résultats, les bonnes pratiques et les enseignements tirés afin d'améliorer la lutte coordonnée à l'échelle mondiale contre le trafic d'anguille européenne».