Sous la conduite conjointe de députés de la majorité et de l'opposition, le président de la Chambre des représentants est intervenu mercredi soir pour lever la confidentialité entourant les travaux de la commission des secteurs sociaux, convoquée autour du ministre de la santé. Plusieurs parlementaires ont estimé que la gravité des circonstances commandait de substituer à la confidentialité habituelle une transparence totale permettant aux citoyens de suivre les délibérations. L'un d'eux a affirmé que «la confidentialité n'a aucun sens à ce stade, puisqu'il ne s'agit pas de secrets d'Etat», en soulignant que «les Marocains doivent constater la manière dont leurs élus défendent leurs intérêts». La question de la publicité des débats Le bureau de la commission, par la voix de son président, avait annoncé que la séance serait ouverte à la presse nationale et à la télévision publique, tout en rappelant que le règlement intérieur ne prévoyait pas de diffusion en direct. Peu après l'ouverture des travaux, le président de la Chambre est intervenu pour autoriser exceptionnellement une retransmission en précisant que «la Constitution n'admet pas cette pratique de manière permanente» et que la dérogation répondait «au caractère majeur du sujet discuté». D'autres élus ont insisté sur la nécessité d'une visibilité accrue. Une représentante de la gauche (FGD, alliance) a estimé que «la situation exceptionnelle appelle une démarche elle aussi exceptionnelle», jugeant que l'ouverture de la séance permettait «de faire apparaître dans leur plein dimension tous les éléments du dossier et d'informer directement les Marocains». Une élue islamiste du PJD a décrit la réunion publique comme «un moment de dialogue avec la population», susceptible de «rassurer les citoyens et de leur montrer ce qui a été accompli». La santé et l'éducation au centre des attentes Le chef du groupe parlementaire du PAM (majorité) a déclaré que «la conjoncture actuelle est sensible et singulière» et que «la jeunesse, qui exprime ses revendications dans la rue, doit pouvoir entendre ses représentants et connaître ce que le gouvernement a entrepris». Il a ajouté que «la santé et l'éducation ne sauraient donner lieu à des surenchères politiciennes» et que «le Parlement doit incarner la voix des citoyens et exposer les difficultés du système». Une députée de l'Istiqlal a réclamé que «la séance soit retransmise directement au public». Le président du groupe de la gauche socialiste a, pour sa part, salué «la réactivité face aux demandes formulées par les responsables des groupes parlementaires», rappelant que le droit commun est celui de la confidentialité mais que «des exceptions existent». Enfin, un élu du PPS (opposition) a indiqué avoir déjà sollicité cette ouverture en invoquant l'article 128 du règlement intérieur de la Chambre. Au moment où s'engageaient les débats, le ministre de la santé et de la protection sociale présentait son exposé sur la réforme du système national de santé, tandis que se multiplient dans le pays des manifestations réclamant des avancées en matière de santé, d'éducation et de lutte contre la corruption.