La ministre de l'économie et des finances, Nadia Fettah, a présenté, lundi, devant les deux chambres réunies du Parlement, les grandes orientations du projet de loi de finances (PLF) n°50-25 pour l'exercice 2026. À travers ce texte, le gouvernement entend, selon ses termes, «mettre en œuvre les chantiers du Maroc Emergent», afin de conjuguer «justice sociale et développement territorial intégré» au profit de l'ensemble de la population. Mme Fettah a précisé que le PLF repose sur quatre axes majeurs : la consolidation des acquis économiques pour conforter la position du Maroc parmi les nations émergentes, le déploiement d'une nouvelle génération de programmes territoriaux intégrés, la poursuite des réformes de l'Etat social et la préservation des équilibres budgétaires. «L'investissement public atteindra près de 380 milliards de dirhams», a-t-elle indiqué, précisant que cet effort financier sera orienté vers «le financement de projets d'infrastructures prioritaires favorisant un développement territorial harmonieux selon une approche spatiale intégrée». La ministre a insisté sur la priorité donnée à «l'achèvement des projets d'infrastructures de transport et de logistique», citant l'extension des aéroports, le développement de la flotte aérienne nationale, l'expansion du réseau ferroviaire et autoroutier, ainsi que l'achèvement du port de Nador West Med et la poursuite du chantier du port Dakhla Atlantique. Dans le domaine hydraulique, le gouvernement entend «garantir l'approvisionnement en eau potable dans les zones en déficit» tout en accélérant l'exécution des stratégies sectorielles, notamment celles touchant à l'agriculture, à l'industrie, au tourisme, à l'artisanat, à l'économie sociale, au numérique et à la transition vers les énergies propres. Un effort budgétaire accru pour la santé, l'éducation et l'Etat social Pour accompagner ces orientations, Mme Fettah a mis l'accent sur «la volonté du gouvernement de stimuler l'investissement privé» à travers la mise en œuvre de la charte de l'investissement, l'amélioration du climat des affaires, le rôle accru du Fonds Mohammed VI pour l'investissement et la réforme du secteur financier. Le texte prévoit par ailleurs «le lancement d'une nouvelle génération de programmes de développement territorial intégré», destinés à consacrer la régionalisation avancée comme «un choix stratégique du Royaume», afin d'obtenir des retombées tangibles sur l'emploi et les conditions de vie des citoyens. Dans cette perspective, un «programme national de développement intégré des centres ruraux émergents» sera déployé, ciblant trente-six centres pilotes pour une enveloppe globale de 2,8 milliards de dirhams. Concernant les politiques sociales, la ministre a annoncé une enveloppe de 140 milliards de dirhams allouée aux secteurs de la santé et de l'éducation, soit une augmentation de 21 milliards par rapport à 2025. «Plus de 27 000 postes budgétaires seront créés au profit de ces deux secteurs», a-t-elle précisé. Dans le domaine de la santé, le gouvernement compte «améliorer l'offre sanitaire en mettant en service les Centres hospitaliers universitaires d'Agadir et de Laâyoune, en finalisant le CHU Ibn Sina de Rabat et en poursuivant la construction de ceux de Béni Mellal, Guelmim et Errachidia». Parallèlement, les efforts porteront sur «la valorisation du capital humain et la gouvernance du système de santé». S'agissant de l'enseignement, Mme Fettah a évoqué «l'accélération de la généralisation du préscolaire et l'élargissement du réseau des Ecoles pionnières», dont la couverture nationale est prévue à l'horizon 2027-2028. Elle a également mentionné «la réforme pédagogique globale et intégrée de l'université marocaine». La ministre a souligné la continuité du processus de généralisation de l'assurance maladie obligatoire (AMO), l'Etat prenant en charge «les cotisations de près de onze millions de citoyens issus des catégories démunies» pour un montant de 10,5 milliards de dirhams en 2026. Mme Fettah a enfin rappelé la poursuite des mesures de soutien au pouvoir d'achat, notamment «la stabilité des prix des produits de base pour un coût de quatorze milliards de dirhams», le renforcement de l'offre de logements et «le programme d'aide directe à l'acquisition du logement principal», dont «plus de 68 000 familles ont bénéficié jusqu'à mi-octobre 2025» pour un total supérieur à 5,6 milliards de dirhams. Une réforme organique pour une gouvernance plus rigoureuse La ministre a déclaré que le PLF 2026 place «l'amélioration de l'efficacité de l'investissement public et la convergence des politiques territoriales» au cœur de son dispositif, tout en garantissant la soutenabilité des finances publiques. Elle a mis en avant la réforme de la loi organique relative à la loi de finances, considérée comme «l'un des chantiers majeurs du gouvernement», traduisant «une transformation profonde du modèle de gouvernance, orientée vers la reddition de comptes et l'atteinte de résultats concrets». Cette réforme poursuit trois finalités : «améliorer l'efficacité des politiques publiques, assurer la soutenabilité budgétaire et renforcer le rôle du Parlement», notamment par «une implication accrue dans l'élaboration et le suivi des lois de finances».