L'évolution récente des flux énergétiques russes traduit une recomposition profonde des destinations privilégiées de Moscou, les Etats-Unis ayant accentué leur pression coercitive. Selon les données du Centre des indices de prix (CIPI), relayées par la presse économique russe, plusieurs pays africains – dont le Maroc – occupent désormais un rôle croissant dans l'absorption du diesel russe tandis que la Turquie réduit nettement ses acquisitions. Le CIPI observe que, pour la première fois en octobre, les Etats africains ont surpassé la Turquie dans leurs importations de diesel russe. L'institut indique que «les livraisons vers l'Afrique ont progressé de 21 % sur un mois et de 85 % sur un an pour atteindre 938 000 tonnes». Dans le même mouvement, «les chargements en direction des ports turcs ont reculé de 19 % d'un mois sur l'autre et de 40 % par rapport à l'an passé, pour un total de 762 000 tonnes». Le CIPI précise encore que, sur la même période, la Turquie – historiquement troisième acheteur de pétrole brut de la Russie après la Chine et l'Inde – a réduit ses acquisitions à un niveau inédit. Selon les mêmes données, «les expéditions de pétrole vers la Turquie ont été nulles au cours de la semaine du 3 au 9 novembre, une première depuis le début de l'année». La semaine précédente, «le flux moyen s'établissait à 26 000 tonnes par jour», tandis que pour l'ensemble du mois d'octobre, «les volumes ont légèrement progressé, passant de 62 000 tonnes quotidiennes en septembre à 67 000 tonnes». Le CIPI avance que ce retrait turc pourrait être lié aux pressions exercées par le président des Etats-Unis, Donald Trump, lequel, lors d'une visite en septembre à Ankara, «a déclaré qu'il insistait pour que la Turquie cesse d'acheter du pétrole russe». Affaissement général des expéditions russes de brut Cette évolution turque incarne un mouvement plus large de contraction des exportations maritimes russes. Le CIPI relève que «le volume total des expéditions a diminué de 17 % sur une semaine, pour atteindre 333 000 tonnes par jour». Les livraisons destinées à l'Inde se sont réduites à «33 000 tonnes quotidiennes, soit une baisse de 37 %», tandis que les flux vers la Chine ont chuté à «89 000 tonnes par jour, soit une diminution de 35 %». Dans ce même rapport, l'institut observe un élargissement notable de l'écart entre le prix du pétrole russe Urals et celui de la référence Brent. Selon ses estimations, «le différentiel s'est accru de 12,55 dollars le baril le 20 octobre à 19,4 dollars le 12 novembre à Primorsk». Pour le port de Novorossiïsk, «l'écart s'établissait dans une fourchette allant de 19,4 à 21,15 dollars».