Dans un secteur sous tension apparente entre VTC et acteurs du taxi, le ministre de l'Intérieur annonce les couleurs de sa réforme en téléchargement... On vous explique. Casablanca, à l'image des métropoles, subit elle aussi le poids de la densité urbaine. En chiffres, par exemple, la région de Casablanca-Settat compte près de 6,5 millions de personnes. Et dans le domaine du transport, ce nombre se fait ressentir. Aux heures de pointe, les longues files d'attente de citadins attendant les taxis pour se rendre soit au travail, soit chez eux, ne passent pas inaperçues. Les matins, par exemple, sur les grandes artères de Casablanca, les citadins sont dans une véritable course chaque jour, au grand dam des taxis et VTC qui, eux, se frottent les mains. Dans ce secteur, depuis quelque temps, avec la venue de ces nouveaux entrants — notamment les VTC — une concurrence farouche est née. Lire aussi | Rail Industry Summit: le futur de la mobilité ferroviaire en question Devant une demande de plus en plus en mouvement, les conducteurs de taxi et de VTC n'arrivent toujours pas à trouver un terrain d'entente. Dans la ville de Casa, cette dualité entre acteurs attire l'attention des élites. Rappelons d'ailleurs que le ministre de l'Intérieur, Abdelouafi Laftit, avait en mai 2024 dévoilé une série de mesures pour réorganiser le secteur des petits taxis. Il avait annoncé que les autorités régionales étaient désormais chargées de prendre des décisions réglementaires spécifiques aux conditions d'exploitation des taxis, avec une attention particulière portée au respect des normes de qualité et de comportement professionnel des chauffeurs. À l'aune de la Coupe d'Afrique et du Mondial, la dynamique de la réforme semble être à une autre dimension. Dans une réponse à une question écrite adressée par la députée du Groupe Haraki, Aziza Boujrida, le ministre de l'Intérieur a expliqué qu'ils ont déployé plusieurs mesures et dispositifs dans le cadre d'un plan d'action intégré. Ce plan repose sur des axes fondamentaux destinés à améliorer l'organisation et la régulation du secteur, à promouvoir le professionnalisme des chauffeurs et à rehausser la qualité des services de taxi, tout en intégrant des technologies avancées et des méthodes de gestion modernes. L'heure de la réforme ? Selon Laftit, « quiconque tente de fournir des services de transport par le biais de véhicules privés sans les autorisations nécessaires s'expose à des sanctions sévères ». Ces sanctions sont stipulées dans des textes législatifs tels que le dahir royal n° 1.63.260 relatif aux transports par véhicules automobiles sur route et la loi n° 52.05 relative au Code de la route. Rappelons qu'entre janvier 2023 et fin février 2024, à titre d'exemple, 317 licences de confiance ont été retirées à Marrakech pour des durées allant d'un à six mois, tandis que 15 licences ont été temporairement suspendues en attente de décisions judiciaires. Lire aussi | Laftit tient à Rabat une réunion de travail avec son homologue français Le ministre avait également évoqué un effort national pour unifier les réglementations du secteur du transport par taxi, en généralisant les règles et procédures à toutes les préfectures et provinces. Ainsi, dans le cadre de la modernisation du secteur, un programme de soutien avait été lancé, incluant le renouvellement de la flotte de taxis, ce qui a significativement amélioré les services offerts aux clients, assure le ministre. Des partenariats ont été mis en place pour renforcer la qualité des programmes de formation destinés aux chauffeurs professionnels. Des initiatives visant à moderniser les services de taxis, notamment via l'usage de technologies modernes pour la réservation, ont été soutenues par le ministère. Le ministre avait aussi exprimé son engagement à accompagner ces initiatives pour améliorer et réguler les services de taxis. Pour l'expert en tourisme Zoubir Bouhoute : « On doit exiger des chauffeurs au minimum un diplôme deux ans après le bac et un certificat attestant que le chauffeur maîtrise au moins le français, sinon l'anglais aussi, ou l'espagnol, et ceci va permettre de préparer le Maroc pour la Coupe du monde 2030. » Et d'ajouter : « Il ne faut pas seulement moderniser le parc automobile des taxis, il faut aussi moderniser les chauffeurs en permettant aux jeunes d'accéder à ce métier en valorisant cette profession. » Aujourd'hui, nous sommes en droit de nous demander : est-ce que la réorganisation de ce secteur tumultueux portera ses fruits ? Les citoyens et les touristes pourront-ils enfin se déplacer sans tracas, ou cette guerre des taxis continuera-t-elle de hanter les rues marocaines ? Seul le temps nous le dira.