Le ministère du Transport et de la Logistique, sous l'impulsion de son ministre Abdessamad Kayouh, a officiellement lancé le 4 juin 2025 un double appel à candidatures pour pourvoir deux fonctions clés : celle de secrétaire général du ministère et celle de directeur de la Marine marchande. Cette initiative, validée après consultation du Chef du gouvernement, marque une nouvelle étape dans la restructuration du secteur, dans un contexte où le Maroc cherche à reconquérir sa souveraineté maritime. Le poste de secrétaire général du ministère est réservé à des profils hautement qualifiés, dotés d'un niveau d'instruction élevé, d'un parcours de plus de vingt ans dans le secteur public ou privé et d'une solide expérience dans la gestion de projets structurants. Le candidat devra également avoir exercé pendant au moins cinq ans des responsabilités managériales de haut niveau, dans une administration centrale, un établissement public ou une entité équivalente du secteur privé. La maîtrise des politiques publiques et des stratégies pilotées par le ministère constitue un critère fondamental. Les missions afférentes à ce poste sont détaillées dans une fiche de poste annexée à la décision ministérielle. Les candidatures doivent être déposées au plus tard le 24 juin 2025 au siège du ministère à Rabat, accompagnées d'un dossier complet incluant le programme d'action, curriculum vitae, diplômes et justificatifs. Dans le même élan, le ministère a ouvert pour la deuxième fois le processus de sélection pour le poste de directeur de la Marine marchande. Le premier appel lancé le 25 janvier 2025 s'est révélé infructueux. Ce poste requiert un profil pointu ayant une expérience professionnelle d'au moins dix ans, avec un passage significatif par des postes de responsabilité dans le secteur maritime ou connexe. Le candidat doit posséder une parfaite connaissance du décret régissant l'organisation du ministère, notamment dans ses dispositions relatives à la Marine marchande, et être capable de présenter une vision claire pour moderniser cette direction stratégique. Les pièces à fournir comprennent, entre autres, une lettre de motivation, un projet institutionnel de développement de la direction, ainsi que les pièces justificatives usuelles. Les dossiers seront réceptionnés jusqu'au 23 juin 2025. Lire aussi | Les artisans marocains bénéficient de programmes d'appui à la compétitivité Une vision nationale : relancer une flotte de marine marchande marocaine Au-delà des nominations, l'initiative portée par Abdessamad Kayouh : relancer une compagnie maritime nationale, conformément à l'appel lancé le 6 novembre 2023 par le Roi Mohammed VI en faveur d'une flotte marocaine forte et compétitive. Depuis son arrivée à la tête du ministère il y a moins de huit mois, Kayouh multiplie les efforts pour faire aboutir ce chantier structurant qui vise la participation inclusive du Maroc maritime aux mouvements du monde, notamment à ceux des ports et des corridors de l'Afrique. Le constat est sans appel : contrairement au secteur aérien, le Maroc dépend presque exclusivement de compagnies étrangères pour son transport maritime, une situation héritée de l'Open sea qui expose le pays à des hausses tarifaires imprévisibles et aux aléas logistiques. La reconquête de l'autonomie maritime devient donc un impératif stratégique. Lire aussi | Le plan de Royal Air Maroc pour faire face à la concurrence des low cost [Vidéo] Un modèle économique fondé sur l'autofinancement des navires L'expert maritime Najib Cherfaoui avait plaidé dans une interview avec Challenge en décembre 2023 pour une solution pragmatique où l'Etat n'intervient pas comme investisseur direct, mais comme garant dans un montage de crédit-bail maritime. Ce schéma repose sur trois entités : le navire, son propriétaire (souvent une société de leasing) et son exploitant. L'Etat garantit simplement les transactions pour sécuriser le système et éviter l'effet domino des risques financiers. Selon lui, une flotte composée de vingt vraquiers, d'une capacité unitaire de 35 000 tonnes, permettrait d'assurer le transport des vracs liquides et solides tels que les céréales, minerais, phosphates ou charbon. Le tout serait financé par les recettes générées par les navires eux-mêmes, sur un marché national estimé à 70 millions de tonnes. L'investissement nécessaire est évalué à un milliard de dollars, entièrement couvert par l'exploitation des navires : « Le navire finance son propre achat. Personne n'a rien à payer : c'est le travail du navire qui paye », résume-t-il.