Par M. Amine La dernière publication du Haut Commissariat au Plan sur l'évolution de l'emploi ne permet guère d'être optimiste. En effet, bien que les indicateurs soient relativement positifs au niveau de la croissance économique, ceux relatifs à l'emploi traduisent une quasi-stagnation. Un paradoxe qui révèle la dimension structurelle plus que conjoncturelle du chômage. Les chiffres relatifs au 2ème trimestre 2025, par rapport au 2ème trimestre 2024, indiquent un recul net du chômage de 38 000 emplois dont 33 000 en milieu rural et 5 000 en milieu urbain. C'est donc une variation de nature conjoncturelle liée notamment à la pluviométrie qui a été favorable au cours des derniers mois de mars et avril. Ce qui a porté le nombre de chômeurs, au niveau national, à presque 1,6 million. Le taux de chômage, au niveau national, est donc passé de 13,1% à 12,8%, soit une baisse de – 0,3%. Ce taux reste cependant très élevé pour les jeunes âgés de 15 à 24 ans (35,8%), les diplômés (19%) et les femmes (19,9%). Pour la même période, c'est-à-dire le 2ème trimestre 2025, par rapport au 2ème trimestre 2024, le volume des actifs occupés en situation de sous-emploi s'est accru. En effet, le taux de sous-emploi est passé de 9,6% à 10,6%, au niveau national. Le taux d'activité a reculé de 0,8 point, passant de 44,2% à 43,4%. Le taux d'emploi a baissé de 0,5 point, passant de 38,4% à 37,9%, au niveau national. La baisse a concerné surtout les femmes (-1,3 point). Lire aussi | Maroc: le taux de chômage baisse à 12,8% au T2-2025 Par secteur d'activité économique, c'est l'agriculture-forêt-pêche qui a connu une baisse d'emploi de 4%. Alors que les BTP ont connu une hausse de 6%, en rapport surtout avec les chantiers lancés dans le cadre de la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030. Les services ont connu une modeste hausse de 1%, malgré la croissance importante qu'a connu le secteur du tourisme. L'industrie a enregistré une création nette d'emploi de 2 000 postes, ce qui est insignifiant. Ainsi, si la baisse du volume de chômage a enregistré un taux de – 0,3 point, elle a cependant connu une hausse de 2,2 points pour les femmes et de 0,5 point pour les personnes âgées de 25 à 34 ans, tranche d'âge décisive dans la vie professionnelle. C'est surtout le cas des « diplômés en qualification ». Le taux de sous-emploi est passé de 9,6% à 10,6%, au niveau national. Par secteur d'activité, les BTP ont connu une hausse du taux de sous emploi de 3,3 points. L'industrie a enregistré une hausse de 1,7 point, 0,5 point pour l'agriculture-forêt-pêche et 0,4 point pour les services. Lire aussi | Une enveloppe de 14 milliards de dirhams pour booster l'emploi en 2025 Par ailleurs, il y a lieu de noter une concentration régionale aussi bien des actifs que des chômeurs. Ainsi, pour les actifs, 5 régions concentrent 72,3% de la population active, avec 22,2% pour Casablanca-Settat, 13,6%, pour Rabat-Salé-Kenitra, 13% pour Marrakech-Asfi, 11,8% pour Fès-Meknès, et 11,7% pour Tanger-Tétouan-Al Hoceima. Pour les chômeurs, 5 régions concentrent le taux de 72,3%, avec 25,5% pour Casablanca-Settat, 14,8% pour Fès-Meknès, 13,1% pour Rabat-Salé-Kenitra, 10,7% pour l'Oriental et 8,2% pour Tanger-Tétouan-Al Hoceima. Des chiffres révélateurs d'une précarité persistante, voire croissante, aussi bien sur le plan social que territorial.