Voici un « étage » potentiellement important de l'économie circulaire mais peu fréquenté. La révolution technologique en cours génère de plus en plus de nouveaux déchets : les déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE) dont la croissance est exponentielle. Une partie infime est recyclée. Pourtant le recyclage de ces déchets pourrait contribuer à pallier la rareté des ressources minières et surtout des terres rares. D'après le rapport mondial sur les DEEE, publié par l'ONU, en 2024, plus de 62 milliards de kg de ce type de déchets ont été produits dans le monde, en 2022. Soit 7,8 kg par habitant de la planète Terre. Pour contenir ces DEEE, il faudrait 1,55 million de camions d'une contenance de 40 tonnes chacun, et mesurant chacun 25 mètres de long. Mis l'un après l'autre, ces camions feront le tour du monde à travers la ligne de l'Equateur qui traverse le globe terrestre. Depuis 2010, la croissance de la production des DEEE dépasse celle de la collecte et du recyclage officiel de près de cinq fois. C'est donc un marché d'avenir avec un énorme potentiel. En Europe, la quantité de DEEE produits, en 2022, a été de 17,6 kg/habitant, avec 7,53 kg/habitant collectés et recyclés officiellement, soit 42,8% des DEEE produits. En Océanie, la quantité de DEEE produits a été de 16,1 kg/habitant, avec 6,66 kg/habitant collectés et recyclés officiellement, soit 41,4% des DEEE produits. Dans les Amériques, les quantités de DEEE produites ont atteint 14,1 kg/habitant, avec seulement 4,2 kg/habitant collectés et recyclés officiellement, soit 30% des DEEE produits. Lire aussi | Autoproduction électrique. Ces industriels qui ont pris une longueur d'avance En Asie, 6,4 kg/habitant de DEEE sont produits dont à peine 0,76 kg/habitant sont collectés et recyclés officiellement. Enfin, en Afrique où 2,5 kg/habitant de DEEE sont produits, à peine 0,018 kg sont collectés et recyclés officiellement, soit 0,7%. Toutefois, pour l'Asie et l'Afrique, ainsi que pour l'Amérique Latine, ces chiffres devraient être relativisées et réajustés, compte tenu de l'importance de l'économie informelle. Au niveau mondial, 81 pays ont adopté une politique, une loi ou un règlement sur les DEEE. De quoi sont-ils composés ? Sur les 62 milliards de kg produits en 2022, 17 milliards de kg sont constitués de matières de plastiques, 31 milliards de kg en métaux et 14 milliards de kg en d'autres matières. A peine 22,3% des DEEE provenant des métaux sont recyclés. Plus en détail, au niveau des DEEE « métaux », c'est surtout les DEEE en fer qui en représentent 77,41% (24 milliards de kg). Beaucoup moins, l'aluminium a représenté 12,90% (4 milliards de kg), suivi du cuivre (2 milliards de kg), et du nickel (0,52 milliard de kg). Dans une moindre mesure, les DEEE de zinc sont présents avec 280 millions de kg, suivis des DEEE : de plomb avec 70 millions de kg, de l'étain avec 44 millions de kg, du cobalt avec 34 millions de kg, et de l'antimoine avec 28 millions de kg. Lire aussi | Accès au crédit : les industriels rassurés au deuxième trimestre 2025 Par ailleurs, bien que faibles, mais de grande valeur, les DEEE provenant des métaux précieux sont aussi présents. C'est le cas des DEEE de l'argent, avec 1,2 million de kg, des DEEE de l'or, avec 270 milles kg (oui, de l'or-déchet, mais certainement pas dans les poubelles), les DEEE de palladium, avec 120 milles kg, et dans une bien moindre mesure, les DEEE de platine, de rhodium et de ruthénium, avec 9 milles kg. L'idéal est de développer le recyclage de ces déchets en recourant à des ressources énergétiques renouvelables. Ce qui devrait permettre une réduction des ressources fossiles mobilisées aussi bien en matière d'extraction que de production et de transport des terres rares, en vue d'atténuer le plus possible les impacts négatifs sur la santé humaine et sur l'environnement.