En vue que le Maroc puisse faire face à ses engagements dans un contexte de crise sanitaire, Mohamed Benchâaboun a consulté des prêteurs externes, tant bilatéraux que multilatéraux. Les parties doivent déterminer les montants supplémentaires pouvant ainsi être mobilisés. Devant la séance du Parlement qui s'est tenue le 19 mai, le ministre de l'Economie et des Finances Mohamed Benchaâboun a répondu aux questions des parlementaires qui s'articulent autour de l'impact de la crise sanitaire, les mesures et dispositifs mis en place, la résilience de l'économie face à la crise, l'après-covid… De prime abord, le ministre lance un appel à tous les acteurs économiques à reprendre leurs activités juste après la fête de Aid Al fitr à l'exception de celles qui ont été suspendues par des décisions administratives rendues par les autorités compétentes. Il les exhorte à plus de mobilisation et d'engagement afin de mettre en place un plan dans le cadre de la relance de l'économie nationale, sur laquelle l'Exécutif travaille pour définir les principaux axes d'une Loi de Finances rectificative. Impact sur l'économie « Il ne fait aucun doute que des effets négatifs de la pandémie de coronavirus « Covid-19 » se sont ressentis sur l'économie mondiale et sur les secteurs les plus vitaux de l'économie nationale », annonce M. Benchaâboun. A ce titre, le stock des Réserves Internationales Nettes (RIN) devrait considérablement se réduire en raison de la crise que traversent les secteurs produisant des devises fortes, en particulier le tourisme, les IDE, l'export, les transferts des MRE... Pour faire face à cette situation, le ministère de l'Economie, des Finances et de la Réforme administrative a pris les mesures nécessaires pour réduire les effets de cette crise sur les réserves de change de notre pays. Faute de quoi, il semble difficile de maintenir la capacité de notre économie à répondre à ses besoins essentiels (alimentaires et énergétiques) en plus d'honorer ses obligations extérieures et d'assurer le service de la dette extérieure. Aujourd'hui, l'économie est confrontée à plusieurs scénarios et d'où l'utilité de retirer des fonds dont disposait le Maroc. C'est ce qui s'est réellement passé avec la ligne de crédit et de liquidité (LPL) du FMI ( 30 milliards de dirhams) qui peut être considéré comme un dépôt à Bank Al-Maghrib qui ne sera pas soustrait de la dette. Ajoutons également le recours à la ligne préventive contre les risques catastrophiques avec la Banque mondiale, soit 270 millions Dollars. Ce qui reflète la fiabilité des institutions financières internationales dans l'économie marocaine. Dans le même sillage, le Maroc a consulté des prêteurs externes, tant bilatéraux que multilatéraux. Les parties doivent déterminer les montants supplémentaires pouvant être mobilisés. Aussi a-t-il été procédé à la préparation à émettre des obligations internationales sur le marché financier international, car cela se fera le plus tôt possible. 13,7 Mds de DH dépensés Le ministre rappelle que sur instructions du Souverain, un fonds spécial a été créé pour gérer et répondre à la pandémie de coronavirus. Ce fonds, pour lequel 10 milliards de dollars ont été alloués, provient du budget général de l'Etat. Les ressources totales de ce fonds jusqu'au lundi 18 mai ont atteint un total de 32,7 milliards de dirhams, alors que ses dépenses s'élèvent à un total de 13,7 milliards de dirhams, dont 2,2 Mds de DH ont été alloués à l'équipement sanitaire pour faire face à la pandémie. Un total de 11,5 milliards de dirhams a été également déployé pour financer les mesures socio-économiques prises par le Comité de veille économique (CVE) pour soutenir les familles travaillant dans les secteurs formel et informel qui ont temporairement arrêté de travailler à cause de l'Etat d'urgence sanitaire. Pour les travailleurs opérant dans l'informel, le processus d'indemnisation s'est déroulé en deux phases. Dans la première étape, l'aide financière a été accordée à 4 millions de familles sur 4,3 millions de familles éligibles. La proportion de ménages ayant reçu une aide financière dans le monde rural est d'environ 37%. Au total, 4,2 milliards de dirhams du fonds ont été alloués à cette aide. La deuxième phase de soutien direct aux travailleurs du secteur informel jusqu'au jeudi 14 mai 2020 a bénéficié à 1 million de familles. Dans ses réponses, le ministre insiste fortement sur le fait que les aides financières profitent essentiellement aux chefs de ménages qui ont perdu leur travail. Dans la foulée M. Benchaâboun a également passé en revue les mesures prises en faveur des très petites, petites et moyennes entreprises décidées précédemment dans le cadre du CVE. Nous pouvons citer quelques unes dont notamment : * Octroi d'une indemnité forfaitaire mensuelle nette de 2000 dirhams aux salariés concernés affiliés à la CNSS qui sont en arrêt temporaire et suspension de l'exécution des cotisations sociales jusqu'au 30 juin 2020 ; * Report des crédits bancaires relatifs à la location (leasing) jusqu'au 30 juin ; * Activation d'une ligne de crédit supplémentaire par la Caisse Centrale de Garantie au profit des entreprises dont le chiffre d'affaires ne dépasse pas 500 millions de dirhams et dont la situation s'est considérablement détériorée. Cette mesure a connu un engouement important avec un total de 15.589 prêts accordés d'un montant total supérieur à 7,8 milliards de dollars. Environ 85% de ces prêts ont été utilisés par de très petites entreprises dont le chiffre d'affaires n'a pas dépassé 10 millions de dirhams… A ces mesures viennent s'ajouter celles prises par BAM qui se sont traduites non seulement par un assouplissement de la politique monétaire pour permettre aux banques de se refinancer en Dirhams et en devises mais également par une baisse du taux d'intérêt de 2,25% à 2%. Avant de conclure, le ministre des Finances a souhaité clarifier une question importante relative à l'aide financière destinée aux familles qui ont perdu leur revenu suite à la mise en place de l'Etat d'urgence sanitaire. Il s'agit plus précisément des plaintes exprimées par un groupe de citoyens travaillant dans l'informel. « Qu'il s'agisse de détenteurs de cartes RAMED ou autres, il est officiellement annoncé qu'à partir du jeudi 21 Mai, un espace sera dédié au niveau du portail www.tadamoncovid.ma, afin de recevoir ces plaintes. Après vérification, lesdites plaintes seront minutieusement étudiées par les services concernés « , rassure M. Benchaâboun. Lire également : Le projet de Loi de Finances rectificative 2020 bientôt en conseil des ministres