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Décharge de Médiouna : Les élus opteront-ils pour la solution de facilité ?
Publié dans EcoActu le 23 - 07 - 2018

La gestion des déchets constituent un sérieux problème auquel les collectivités territoriales devront faire face les prochaines années. Et pour cause, le développement économique et démographique du pays engendre une augmentation alarmante des déchets, non sans conséquences pour l'environnement et pour le développement socio-économique du pays.
Quelle est la posture des élus face à la problématique gestion des déchets ? Sur quelles critères se basent-ils pour opérer le bon choix en matière de traitement de déchets ? La question se pose déjà dans la capitale économique du Royaume, où le sujet crée une vive polémique. Et pour cause, la Commune urbaine a lancé le processus du choix d'un nouveau prestataire pour gérer la décharge de Médiouna. Un appel International à manifestation d'intérêt, N°01/cc/2018 pour la Gestion Déléguée du Centre de Traitement, de Valorisation et d'Enfouissement des déchets ménagers et assimilés de la ville de Casablanca, a été lancé le 25 juin 2018 avec le 25 juillet 2018 pour date limite de remise des plis.
L'enjeu est de taille vu les conséquences environnementales et les risques sanitaires qu'engendrent les tonnes de déchets produites par les Casablancais. Aujourd'hui, les environnementalistes s'inquiètent sur l'éventuel choix de la solution qui sera retenue par le Conseil de la ville. Et pour cause, il semble que les élus pencheraient plus pour l'incinération. Il s'agit d'un procédé de traitement thermique des déchets avec excès d'air qui consiste à brûler les ordures ménagères et les déchets industriels banals dans des fours adaptés à leurs caractéristiques ce qui génère de l'énergie. Sauf que cette technique, d'après Abderrahim Ksiri, Président de de l'Association des enseignants des sciences de la vie et de la terre (AESVT-Maroc) et Coordonnateur de l'Alliance marocaine pour le climat et le développement durable (AMCDD), se traduit par un certain nombre de problèmes.
Le premier est d'ordre financer. «L'incinération est un procédé très coûteux aussi bien dans sa phase de mise en place des installations que de fonctionnement. Certes, l'Europe compte un grand nombre d'incinérateurs. Toutefois, certains experts, ayant participé à la deuxième conférence internationale du cycle de conférence organisé dans le cadre du plan de mobilisation nationale pour un nouveau modèle de gestion des déchets au Maroc, avaient relévé le fait que les pays européens s'orientent davantage vers d'autres solutions notamment de valorisation et de tri», précise le président de l'AESVT. Plus particulièrement la fabrication de briques à partir des déchets (plus connus sous le nom MBT) qui servent de combustibles dans les industries énergétivores.
Le deuxième concerne la durée et le coût des contrats de gestion de ce type de projet. En effet, les investissements nécessaires pour un projet d'incinération sont colossaux. Ce qui implique des contrats de 20, 30 voire même de 40 ans pour donner aux investisseurs de la visibilité et les encourager à investir dans ce secteur. En d'autres termes, nos enfants et arrières enfants paieront un choix fait il y a un quart de siècle.
Le troisième problème, et c'est le plus grave selon Abderrahim Ksiri, concerne la rentabilité de ces investissements. En d'autres termes, pour rentabiliser un tel projet et alimenter continuellement le four il faut des quantités importantes des déchets. «Donc au lieu de régler un problème de déchets nous serons confrontés à un autre problème, celui d'assurer les quantités nécessaires pour garantir le rendement du four. Ce qui s'est traduit dans certains pays européens par l'importation de déchets d'autres pays comme c'est le cas aujourd'hui au Danemark. Pis encore, au cas où ils n'arriveraient pas importer les déchets, et c'est le contribuable qui sera amené à payer la différence du prix », tient à mettre en garde Abderrahim Ksiri.
Le problème se pose déjà dans certaines villes marocaines. Le cas d'une Commune qui a conclu un contrat d'enterrement et d'enfouissement des déchets avec une entreprise pour une quantité journalière de 160 tonnes. Sauf que la Commune en question, malgré les efforts déployés, arrive à produire et à collecter des communes avoisinantes à peine 90 tonnes/jour. Ce qui pose un énorme problème à la société chargée de cette activité qui n'arrive pas à rentabiliser son investissement.
La quatrième contrainte est que le choix de cette technique pose un problème encore plus grave aux environnementalistes, comme le précise Abderrahim Ksiri. Et pour cause, ce choix bloquerait toutes les autres solutions qui sont véritablement durables et qui permettent de réduire considérablement les déchets et valoriser davantage par le recyclage et le compostage grâce au tri à l'amont.
D'ailleurs c'est la politique que notre pays a adopté à travers la Stratégie nationale de développement durable (SNDD). Une stratégie qui, rappelons-le, est la seule inscrite dans une loi, à savoir la loi 99.12 portant la Charte nationale de l'environnement et du développement durable.
Une stratégie qui nécessite la mobilisation de la société civile environnementale dont le rôle est d'accompagner la population avec des approches adaptées au contexte marocain et aux types de quartiers, comme l'a fait l'AESVT-MAROC depuis 4 ans. L'association mène un projet qui a démontré qu'il y a une réelle prise de conscience des habitants dans certains quartiers populaires. «Cette expérience peut et doit se développer dans les prochaines années à condition que les élus communaux aillent dans ce sens. Ils doivent mobiliser tous les moyens règlementaires et financiers et travailler en partenariat avec la société civile pour opérer une conduite du changement de comportement de la population. Il ne faut surtout pas que les élus se transforment en technocrates en s'intéressant uniquement aux solutions par les cahiers des charges et par le recours aux sociétés privés qui coûtent très cher aux communes », précise A. Ksiri.
Ce dernier a appelé l'Etat et les collectivités à revoir à la hausse de 15 à 20% le budget alloué à la communication et la valorisation des déchets. Car force est de constater qu'aujourd'hui seul 1,9 % des 40 Mds de DH est consacré à la communication. Pis encore, depuis 2008, ce budget n'a toujours pas été utilisé.
Il appelle également les pouvoirs publics à revoir leur vision relative à la gestion des déchets qui ne sont pas de simples ordures, mais une ressource à fort potentiel. Et en amont, il faut associer davantage le citoyen dans ce processus de tri car c'est un maillon important de la chaîne.
Tant de retard à rattraper
Malheureusement, le Maroc figure parmi les pays les plus mauvais en matière de valorisation des déchets avec un taux d'à peine 7% contre plus de 50% dans les pays européens par exemple. Et encore, les conditions de cette valorisation sont lamentables étant donné que le tri au niveau des décharges se fait par des enfants (25%), par des femmes (10%) et par des personnes vulnérables. « Nous considérons que ceci n'est pas un tri mais une atteinte à la dignité de ces personnes qui travaillent dans les décharge. C'est pourquoi nous appelons nos élus et toutes les forces vives de notre pays à mener des stratégies intégrées pour changer ce constat», martèle Abderrahim Ksiri.
Et pourtant, du point de vue social, économique et environnemental, les projets de tri et de valorisation sont rentables, générateurs d'emplois et de richesse à moyen et long terme, pourvu qu'ils respectent les conditions de dignité humaine.
Compte tenu de ces éléments, les élus doivent prendre en considération toutes ces contraintes avant d'opter pour une technique ou une autre car il en va de notre avenir et de celui des générations futures. Pour cela, il va falloir associer tous les acteurs (société civile, citoyens, experts en la matière...) et ouvrir un débat. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui à en croire notre interlocuteur qui pointe du doigt l'absence d'une approche participative dans cette prise de décision.
Cela dit, il faudra attendre la décision du Conseil de la ville pour savoir quelle technique a été adoptée, la durée du contrat, le processus de concertation et surtout sur quels critères nos élus se sont-ils basés pour faire ce choix. Affaire à suivre !


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