Débattre des enjeux de l'offre publique de vente (OPV) et de la structuration de l'Offre de Maroc Telecom a été l'objet d'une rencontre ce mercredi 19 juin avec le top management de IAM, de la Direction des entreprises publiques et de la privatisation (DEPP) et des banques d'affaires et de conseil, en l'occurrence Upline Corporate Finance, Attijari Intermédiation et Attijari Corporate Finance. L'OPV porte sur 17.581.900 actions pour un prix de vente qui varie entre 117,7 DH pour les salariés et 125,3 pour les autres souscripteurs. En guise de préambule, Abderrahmane Semmar, Directeur de la DEPP a tenu à rappeler que la cession des 8% s'inscrit dans le cadre de la relance du programme de la privatisation telle qu'elle a été annoncée par le gouvernement. Elle s'inscrit par ailleurs dans le cadre de la privatisation de Maroc Telecom qui a débuté en 2001 et son introduction en Bourse en 2004. « Cette OPV vient suite à la réalisation avec succès de la première tranche de 6% via un placement privé auprès des institutionnels marocains », annonce A. Semmar. Et d'enchaîner : « Les 2% réservés à l'OPV (2 Mds de DH) sont supérieurs à ceux de Marsa Maroc (1,8 Md de DH). Ce qui dénote l'importance de l'opération ». Elle est d'ailleurs la plus importante opération de privatisation depuis l'introduction de Maroc Telecom à la Bourse de Casablanca en 2004. Il s'agit d'une opération qui rentre dans le cadre de la Loi de Finances 2019. La relance du programme de la privatisation a débuté par deux mesures législatives à savoir la révision des recettes de la privatisation et l'amendement de la liste des privatisables avec l'opération de IAM. A travers cette opération, l'Etat cherche plusieurs objectifs spécifiques : * Contribuer à la pérennisation de l'entreprise et consolider sa situation financière et économique ; * Développer l'actionnariat populaire et renforcer la participation des salariés de l'entreprise à son développement ; * Optimiser en mieux la participation de l'Etat qui passera de 30 à 22% et ce dans le cadre d'une stratégie bien définie qui n'impactera aucunement la stratégie de la société. Dans le cadre des dispositions de la loi 38-89, la mission de placement afférente à cette opération a été confiée aux banques d'affaires Attijari Finance Corp et Upline Corporate Finance suite à de larges consultations menées à cet effet combien même la loi accorde au ministre des Finances en charge de la privatisation des prérogatives dérogatoires. « Ce qui atteste de l'objectif de garantir une transparence optimale et un professionnalisme exemplaire des opérations de la privatisation », précise le Directeur de la DEPP. Pour Karim Hajji, Directeur général de la Bourse de Casablanca, cette OPV va permettre de dynamiser la place Casablanca qui souffre depuis quelques années d'un manque de liquidités. Elle va lui redonner le rôle qui lui sied dans le marché des capitaux africains. A rappeler que la place casablancaise occupe le 2ème rang en Afrique en matière de capitalisation boursière mais elle demeure loin en termes de liquidités. Les lignes directrices de l'opération L'analyse du cours boursier de titre IAM au cours des trois dernières années montre qu'il y a un minimum à 119 DH et un maximum à près de 158 DH en janvier 2017. « Hormis ces deux pics, il est à remarquer une stabilité du cours sur l'ensemble de la période qui atteste de la résilience et la solidité de Maroc Telecom au reste du marché », explique Driss Berrada Directeur Général de Attijari Finance Corp. En ce qui concerne les méthodes de revalorisation, il annonce qu'une seule a été retenue à savoir la moyenne des cours bousiers. En cause : la cession porte sur une société qui est déjà cotée, offre une certaine liquidité, représente une grosse capitalisation de la Bourse de Casablanca et qui est fortement valorisée par les investisseurs. La banque d'affaires a décidé de considérer le Cours moyen pondéré (CMP) sur six mois comme étant la base de comparaison parce qu'au-dessous de cette période, d'autres éléments non normatifs entrent en considération notamment la publication des comptes. « Nous avons souhaité avoir une période un peu plus longue pour lisser les éléments exceptionnels par rapport au cours de Maroc Telecom », précise le DG de la banque d'affaires. Les CMP étant assez flat sur la période aux alentours de 146 DH, de 143 DH... En revanche, le CMP prend en considération un dividende assez récurrent, un dividende qui a été détaché en 2019 pour le compte de l'exercice 2018 de 6,83 DH et remet le CMP au coupon détaché aux alentours de 138,5 DH. Sur la base de 138 DH a été fixé le prix de cession de Maroc Telecom qui est de 125,3 soit une décote comprise entre 9 et 10% pour les tranches 2, 3 et 4.