* Un régime de change adéquat a permis un bon comportement des comptes extérieurs durant ces trois dernières années. * Des réformes s'avèrent pourtant importantes pour préserver les acquis et faire face aux éléments imprévisibles. Au cours des trois dernières années, les monnaies européenne et américaine ont enregistré des évolutions respectives de hausse et de baisse. L'évolution de ces deux monnaies, principales devises du panier de référence du Dirham, ont eu des répercussions aussi bien sur la formation du cours de change bilatéral de la monnaie marocaine que sur la dynamique d'évolution de l'ensemble des comptes extérieurs. En ce qui concerne l'Euro, on a assisté à une appréciation cumulée de 2,1113% survenue pour l'essentiel en 2004 (1,9246%), suivie d'une stabilité en 2005 et d'une légère reprise de la hausse de 0,2030% en 2006. Par rapport au Dollar, force est de constater que le cours de change n'a cessé de baisser à l'avantage du Dirham. En 2006, il ne faut plus que 8,7920 DH pour un Dollar. Ainsi et en l'espace de 48 mois, le Dirham s'est apprécié dans des proportions sensibles, l'appréciation cumulée ayant atteint 8,2157%. A fin décembre 2006, le cours moyen n'est plus que de 8,4372 DH pour un Dollar contre 10,0507 DH en janvier 2003, soit une appréciation dans l'intervalle du Dirham vis-à-vis du Dollar de 16,05%. Quel impact sur les comptes extérieurs ? L'évolution de la monnaie nationale par rapport à l'Euro et au Dollar explique le comportement des comptes extérieurs durant ces dernières années. Par exemple, pour ce qui est du comportement du commerce extérieur, on révèle que celui-ci a affiché de bonnes performances au terme des 11 premiers mois de l'exercice 2006. Cette performance s'est traduite par une croissance plus soutenue des exportations en valeur (13%) comparativement à celle concernant les importations (10%). La bonne tenue des échanges commerciaux s'explique par ailleurs par un repli en volume plus accentué pour les importations que pour les exportations. La baisse touchant les importations est de 2,3% contre seulement 0,6% pour les exportations. D'après les conjoncturistes, une lecture entre les lignes fait ressortir des remarques intéressantes. Il est important de constater qu'un fort contraste existe entre la hausse des exportations en valeur et la stagnation voire la baisse touchant 74% du tonnage exporté. Des produits agricoles ou agro-industriels (conserves de légumes, agrumes, légumes frais), des articles de bonneterie, de fils de câbles pour l'électricité et «autres produits» représentent 48% du tonnage exporté et ont accusé des baisses variant entre 3% et 28% contre une stagnation pour les vêtements confectionnés et l'acide phosphorique qui représentent 26% du tonnage total. Et dans la mesure où le marché européen absorbe environ 75% des exportations nationales, le renchérissement de la monnaie européenne vis-à-vis du Dirham a stimulé les exportations marocaines. Au niveau des importations, les principaux tonnages qui ont accusé une baisse concernent pour l'essentiel les hydrocarbures et le blé. La baisse s'est accompagnée d'une augmentation en valeur de 4%. Cette dernière s'explique par le renchérissement du cours du pétrole d'environ 20,4%. Prise d'une manière globale, c'est la baisse de la demande des produits pétroliers qui a freiné la progression des importations. Or, de telles importations sont plutôt libellées en Dollar américain. Autrement dit, la dépréciation du Dollar au regard du Dirham conjuguée à la baisse des quantités importées, principalement des produits pétroliers et accessoirement du blé, a sensiblement limité la progression des importations en 2006. Hormis la balance commerciale, les transferts MRE et les recettes de voyages sont soumis à la même logique. Au terme de l'année 2006, les recettes voyages devaient atteindre environ 51milliards DH en hausse de 22% par rapport à 2005. A noter à ce titre que la presque totalité des touristes proviennent de l'Europe. L'appréciation de l'Euro vis-à-vis du Dirham a contribué à l'attractivité de la destination Maroc. Idem pour les transferts des MRE. La dépréciation de la monnaie nationale à l'égard de la monnaie commune a largement contribué à la progression des transferts des MRE. Cette bonne tenue des comptes extérieurs résulte d'une bonne conjoncture de change. D'où la nécessité, en ce moment, de mettre en place des réformes et de s'armer face à des éléments imprévisibles.