* Il a progressé face aux monnaies européennes. Mais il a régressé face au Dollar et au Yen. * Les exportateurs, pénalisés par le renchérissement de la monnaie nationale, revendiquent la création dun fonds de garantie contre les risques de change. Le rôle du taux de change est primordial dans la compétitivité de léconomie nationale, tant à lexport quà limport. Lévolution du Dirham au cours de lannée 2008 a été marquée par des hauts et des bas. La monnaie nationale a progressé face à toutes les monnaies européennes, notamment lEuro, la Livre Sterling ou le Rouble. Mais il sest déprécié comparativement aux autres devises, en particulier le Dollar ou le Yen. Mais dans lensemble, le Dirham en sort vainqueur. Face à lEuro, le Dirham a marqué en 2008 une petite progression de 2,28%. Alors que la Livre Sterling a considérablement régressé, perdant 19,23% de sa valeur par rapport à la monnaie nationale. En comparaison avec le Dollar, le Dirham a perdu 11,37%. Il a notoirement régressé face à la monnaie japonaise. Le Yen a gagné 37%. Du point de vue de lendettement public, dans lensemble, le risque de change est maîtrisé. Limpact résultant de la parité Euro-Dollar a été assez limité dans la mesure où la structure de lendettement extérieur du pays a une composition très proche de celle du panier. La dette publique est actuellement libellée à 70% en euros. Quand lun se valorise et lautre se déprécie, la dette en euros se renchérit et inversement. Lencours de la dette ne variera que légèrement sous limpulsion des termes des changes. Le Maroc réalise une bonne partie de ses échanges extérieurs avec la zone Euro. Ses importations ou ses exportations ne connaîtront pratiquement aucun changement majeur au niveau des changes. Avec la Grande-Bretagne, qui est classée dans le Top ten des partenaires commerciaux du Maroc, les choses ont évolué autrement, puisque le Dirham en est sorti largement vainqueur face à la Livre Sterling. Mais ce constat pourrait dissuader le tourisme britannique à destination du Maroc. En effet, les professionnels du secteur tablent sur ce marché pour diversifier les arrivées touristiques. Il connaît une forte croissance ces dernières années. Mais la crise économique, aidée en cela par une dépréciation accentuée de la Livre, est défavorable aux échanges économiques. Au terme de lannée 2008, les échanges commerciaux du Maroc avec létranger ont atteint 475.806 MDH contre 383.688,2 MDH une année auparavant, soit une progression de 24%. LEurope demeure le premier partenaire commercial du Maroc avec 62,7% des échanges, soit 298.462,2 MDH, suivie de lAsie avec 20,5% ou 97.519,1 MDH, de lAmérique (10,4% ou 49.399,7 MDH) et de lAfrique (5,4% ou 25.897,6 MDH). Malgré une conjoncture internationale morose, le Dirham semble bien résister. Les pertes subies face au Yen et au Dollar nont atténué que les gains conquis ces trois dernières années. Le Dollar américain a fini lannée 2008 à moins de 9 DH. Il était à moins de 8 DH en début dannée. Mais il continue toujours dévoluer à moins de 10 DH, son niveau déquilibre avec la monnaie nationale. Un renchérissement de la monnaie américaine a impliqué automatiquement des surcoûts de change sur les importations, notamment les produits pétroliers provenant essentiellement de lArabie Saoudite, de la Russie, de lIran et de lIrak et qui sont libellés en dollars. Les importations des autres produits dAsie ou dAmérique du Nord se font également en monnaie américaine. Une bonne partie de la facture céréalière est payée en dollars également. Au niveau des exportations, les produits miniers comme les phosphates et leurs dérivés ont profité de la hausse du niveau du Dollar. Malgré une baisse de plus de 15% du volume des ventes, la valeur à lexport de ces produits a triplé en 2008. Le taux de change y est très favorable. Les exportations de produits agricoles, en majorité à destination de la zone Euro, ont été peu touchées. Mais la campagne dexportation dagrumes vers la Russie a été impactée par la régression du Rouble. En effet, la monnaie russe a perdu 30% de sa valeur. La Russie représente 50% des exportations doranges marocaines. Les professionnels sont montés au créneau pour demander des fonds de garantie de change. Outre les agrumes, les primeurs sont aussi secoués par cette détérioration des changes. Malgré la croissance en volume des exportations, leur valeur commencent à rétrécir. LAssociation des producteurs et exportateurs de fruits et légumes (Apefel) et lAssociation des producteurs dagrumes (Aspam) ont tiré la sonnette dalarme. Le textile a été aussi impacté par la rigidité du Dirham. Les exportations de cette branche dactivité ont régressé de plus de 8% en 2008. A lAssociation marocaine du textile et de lhabillement (Amith), outre la crise économique qui a réduit la demande des principaux marchés, on déplore également le renchérissement de la monnaie nationale qui rend les produits marocains non compétitifs face aux monnaies asiatiques, notamment le Yuan chinois, souvent dévalué pour doper les exportations.