D'après le Haut Commissariat au Plan, il existe au Maroc environ 174.000 enfants travailleurs. L'exploitation de ces enfants continue malgré l'arsenal juridique mis en place pour freiner ce phénomène. 10% des employeurs ignorent l'illégalité de l'emploi des enfants mineurs. Selon le Haut Commissariat au Plan, il y aurait de moins en moins d'enfants à travailler au Maroc. Pourtant, il n'est pas bien difficile d'en trouver dans les rues, dans les usines, dans les ateliers, et dans les maisons. Au Maroc, ce phénomène persiste malgré les efforts déployés par la société civile pour le réduire, tout au moins. Des enfants issus de familles pauvres, contraints de rapporter un salaire au sein de leur foyer. C'est dans cette catégorie de travailleurs qu'on trouve parfois des formes de travail proches de l'exploitation. À l'intérieur ou à l'extérieur de la famille, les conditions de vie de ces enfants travailleurs sont parfois intolérables : horaires à rallonge avec une rémunération insignifiante, travail nuisible pour la santé, efforts physiques éprouvants, intimidations, violences qui affectent la santé et le psychisme de l'enfant… Ces enfants ont donc plongé malgré eux dans le monde des grands. Que ce soit dans les villes ou dans les campagnes, on en trouve partout, et par milliers. Les enfants travailleurs qu'on croise partout, qui nous dérangent et qu'on feint de ne pas remarquer, sont là et nous proposent toute sorte de services... ! Aussi, si la notion du travail est souvent accompagnée d'une autre notion de rémunération, pour ces enfants ce n'est pas toujours le cas. L'exploitation est de mise, au su et au vu de tout le monde. Selon Saïda Saghir, responsable pédagogique de l'Association Bayti pour les enfants en situation de risque, «cette permissivité à laquelle nous assistons est, pour le moins qu'on puisse dire, aberrante». Une permissivité qui se rattacherait au grand manque de sensibilisation en la matière. Bien que le travail de l'enfant au Maroc soit réglementé, plusieurs enquêtes ont montré que les enfants à un âge très jeune sont souvent mis au travail et que peu d'employeurs respectent les conditions d'emploi prévues dans les textes. Pis, il ressort d'une étude qui date de 2008 que 10% des employeurs ignorent l'illégalité du travail des enfants de moins de 15 ans. À ces messieurs, aussi minoritaires soient-ils, il est impératif d'exposer brièvement mais clairement la législation marocaine en la matière. Sur le plan législatif, le Maroc a franchi d'importants pas en matière de lutte contre le travail des enfants. Notre pays s'est engagé dans plusieurs actions par souci de promotion de la justice sociale, mais également pour être en harmonie avec les normes internationales. Le Maroc a ratifié la Convention de la protection de l'enfant en 1993, une autre concernant l'âge minimum de travail en 2000, et une troisième en 2001 sur les pires formes de travail. De ce fait, il se doit d'adapter ses lois et d'engager une politique sérieuse pour la protection de ses enfants. Ainsi, le code du travail interdit strictement et clairement l'emploi des mineurs de moins de 15 ans. Il considère comme délit le travail de ces enfants. L'emploi de la petite fille ou du petit garçon expose à une peine de trois mois d'emprisonnement. En cas de récidive, la pénalité se traduit par une amende pouvant aller jusqu'à 60.000 DH. Une autre loi oblige la scolarisation des enfants jusqu'au même âge (15 ans). Le Maroc a même mis en place un Plan d'action national pour l'enfance (2006-2015). Toutefois, cet arsenal juridique n'a pas réussi à freiner le phénomène, ni à le faire remarquablement reculer. D'après Saïda Saghir, la volonté de faire face à ce phénomène est palpable, mais il faut dire que le problème des lois au Maroc réside dans le fait qu'elles ne sont pas toujours appliquées. Réduire progressivement la contrainte du travail des enfants, avant de l'éliminer complètement, nécessite de mettre en oeuvre des moyens de politique économique et sociale, institutionnels et juridiques de nature à atténuer (ou à faire disparaître) les facteurs qui en sont à l'origine. Dans ce sens, des initiatives ont été prises pour sensibiliser à la protection de l'enfance, notamment la question des petites bonnes à travers des ONG actives dans ce domaine. D'après un responsable de l'Association Bayti, les raisons du travail des petites bonnes sont liées à la pauvreté dans le monde rural, aux défaillances du système scolaire dans la mesure où l'éducation n'est pas suffisamment estimée ni par les parents ni par les filles elles-mêmes, la permissivité sociale et surtout la non application des lois relatives à la protection des enfants. Autant de facteurs qui mettent à mal la volonté d'éradiquer le travail des mineurs au Maroc. Le travail des enfants, on en parle, on y consacre une journée (le 12 juin), mais beaucoup reste à faire. Surexploités et mal payés, ces enfants représentent une main-d'oeuvre bon marché, qui reste à la merci totale de l'employeur.