Le pays, qui tend à devenir un hub régional, peut accéder à un marché de 1,2 milliard de consommateurs dans 55 pays grâce à ses ALE. Un atout donc pour séduire les investisseurs asiatiques désireux d'atteindre l'Europe, l'Afrique, le Maghreb et les USA. Néanmoins, il faut prévoir un cadre juridique nécessaire au développement des relations d'investissement et de partenariat avec la signature d'accords de promotion et de protection des investissements et de conventions de non double imposition. Les représentants de 22 pays, dont une majorité asiatique, ont pris part au premier Forum d'Affaires Asiatique au Maroc, qui s'est tenu à Rabat les 15 et 16 mars. Il s'agit de la première rencontre du genre organisée par la Fondation diplomatique qui vise à élaborer un partenariat d'un nouveau genre avec l'Asie. Ce continent continue de développer sa croissance pour devenir à terme la première puissance économique mondiale, loin devant l'Europe et les Etats-Unis. L'occasion donc pour le Maroc de lorgner ces économies émergentes et initier un partenariat Sud-Sud dans les perspectives financières, économiques et sociétales ouvertes vers l'Afrique. Le ministre de l'Economie et des Finances, Nizar Baraka, n'y est pas allé par quatre chemins pour planter le décor : «Le Maroc accorde une importance primordiale au développement et à la promotion de ses relations bilatérales avec l'Asie qui constitue notre 2ème partenaire économique. Toutefois, au regard des données sur les flux d'échanges commerciaux et d'investissements, des efforts sont à déployer par toutes les parties prenantes pour donner une impulsion nouvelle à nos échanges, surtout que nos pays regorgent de potentialités économiques et d'opportunités d'investissements». Sachant que les échanges avec l'UE sont passé des 3/4 à 64 % en faveur des pays de l'Asie, de l'Afrique et des Amériques. Et l'un des atouts majeurs du Maroc à avoir été mis le plus en relief est sa position géostratégique qui en fait un projet de hub international important vers l'Afrique, mais également vers l'Europe et l'Amérique. En effet, avec les ALE signés par le Maroc avec 55 pays différents, les potentiels partenaires asiatiques peuvent cibler un marché estimé à 1,2 milliard de consommateurs à travers le Maroc. De plus le pays est déjà bien implanté en Afrique de l'Ouest où il exerce une expertise certaine et bénéficie d'un véritable capital sympathie. et également l'Amérique latine et le Maghreb. Mais pour mieux attirer des capitaux en provenance de l'Asie, il serait pertinent de mettre en place le cadre juridique nécessaire au développement des relations d'investissement et de partenariat à travers la signature d'accords de promotion et de protection des investissements et de conventions de non double imposition. Et pour baliser le terrain vers une meilleure coopération, il est nécessaire d'encourager les secteurs public et privé marocains et asiatiques de prévoir des projets d'investissements communs notamment dans les secteurs des énergies renouvelables, les phosphates, l'agriculture, les technologies de l'information… À noter que dans ce dernier secteur, le Maroc compte plusieurs opérateurs déjà installés à savoir ZTE et Huawei. D'après Nizar Baraka, des initiatives devraient être entreprises, sur le plan commercial, en vue de multiplier les contacts entre les hommes d'affaires et encourager la participation des opérateurs économiques aux foires et expositions pour mieux connaître les opportunités d'échange qui se présentent de part et d'autre. «Il est également nécessaire de développer des projets dans le cadre de la coopération tripartite avec les pays africains, qui constitue un moyen d'établir des partenariats durables, donnant lieu à des courants d'affaires», conclut Baraka. Une feuille de route … Les débats et ateliers qui se sont tenus durant deux jours ont permis de dresser une feuille de route pour optimiser les échanges entre le Maroc et les pays asiatiques. Le Maroc est désormais, selon les responsables et les délégations asiatiques, une plaque tournante, l'axe majeur de la coopération Sud-Maroc-Sud. La clôture des travaux du Forum s'est soldée par un certain nombre de propositions que les 12 représentants gouvernementaux asiatiques ont fusionné sous forme d'une déclaration baptisée Déclaration de «Rabat, route vers l'Asie». Cette déclaration contient des propositions afférentes aux domaines économique, politique et culturel. D'abord, sur le plan économique, il serait important de faire preuve de beaucoup plus d'audace pour exploiter les nombreuses opportunités d'affaires grâce à la formidable infrastructure dont le Maroc dispose. Entre autres proposition qui vont dans le sens du renforcement des échanges entres les différentes délégations commerciales celle de créer un site Internet qui répertorie toutes les opportunités d'affaires existantes. Cela vise également un échange direct sans passer par des relais commerciaux comme l'Europe, en matérialisant réellement en niveau économique, cette coopération Sud-Sud. Les participants ont également appelé à la création d'organismes conjoints, notamment une Chambre de commerce Maroc-Asie pour encourager les échanges et faciliter la prise de contacts de part et d'autre. Ainsi que des Conseils de partenariat, continentaux au sein desquels les organismes bancaires pourraient jouer le rôle d'arbitres et de certificateurs. Un travail structurel au niveau des banques, en anticipant les besoins qui s'impose également. Sur le plan de l'infrastructure et des liaisons, la Déclaration propose d'ouvrir des lignes aériennes en interconnectant les réseaux continentaux. Par exemple, créer une ligne directe Casablanca-Pékin, desservie par la RAM ou une autre compagnie. Ainsi que l'ouverture de liaisons maritimes, en profitant des possibilités d'éclatement offertes par le Port Tanger-Med. Sur le plan politique, il est suggéré de supprimer les visas entre le Maroc et les pays asiatiques, en contrepartie de mesures plus strictes de reconduite aux frontières et de rapatriement des contrevenants, des inciviques et illégaux. De même qu'il est préconisé de faciliter l'obtention de titres de séjour aux investisseurs des deux côtés, lorsqu'un investissement substantiel en infrastructures ou en création d'emplois le justifie. On a également appelé à développer le tourisme entre le Maroc et l'Asie, histoire de s'imprégner des cultures respectives de chaque partie. Toujours dans le domaine de la culture, des efforts sont à fournir pour dépasser les barrières psychologiques de la langue et de l'espace, dans un monde interconnecté et mondialisé. Enfin, il est important de signaler la présence massive et continue des hommes d'affaires asiatiques qui étaient très assidus et qui manifestaient un réel intérêt pour le Maroc. Et il relève de la responsabilité de ce dernier de transformer l'essai et de concrétiser cet intérêt en faisant en sorte que les recommandations de ce forum ne restent pas lettre morte. Dossier réalisé par S. E. & I. B.