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Délais de paiement : Le Directeur de Pizzorno Maroc tance les communes
Publié dans Finances news le 28 - 02 - 2013

Avec un encours clients de près 400 MDH TTC, le groupe Pizzorno gèle, depuis deux ans, tout développement au Maroc.
La loi sur les délais de paiement s'avère catastrophique pour l'opérateur, puisqu'elle s'applique dans un seul sens, c'est-à-dire vis-à-vis de ses fournisseurs et non pas vis-à-vis des communes.
Gérard Prenant, Directeur Maroc du groupe Pizzorno, société collecte, transporte et valorise les déchets ménagers, met cartes sur table et évoque les raisons qui ont poussé le Groupe à arrêter tout investissement et déploiement au Maroc.
Finances News Hebdo : Tout d'abord, pourriez-vous revenir sur l'implantation du groupe Pizzorno au Maroc et de son évolution ?
Gérard Prenant : Le groupe Pizzorno est un groupe familial coté à la Bourse de Paris et fait partie des trois opérateurs majeurs dans le secteur de traitement de déchets en France.
Au Maroc, le groupe s'est implanté en 1997 avec la signature d'un premier contrat, celui de l'ancienne décharge d'accroche dans la région de Rabat. Depuis, Pizzorno se développe dans différentes villes du Royaume Meknès, Casablanca, Marrakech...
Résultat, aujourd'hui nous sommes le premier opérateur marocain dans le secteur du traitement des déchets dans les décharges contrôlées, avec quatre Centres d'enfouissement technique (CET) et le deuxième opérateur marocain dans la collecte des déchets ménagers avec douze exploitations de collecte.
Le groupe a réalisé en 2012 un chiffre d'affaires de 320 MDH hors taxe.
F. N. H. : Quelle est la contribution de votre activité au Maroc sur le chiffre d'affaires du groupe Pizzorno ?
G. P. : Toutes nos activités au Maroc représentent un peu moins de 15% du chiffre d'affaires du groupe.
F. N. H. : Présent au Maroc depuis treize ans, comment se décline votre politique de développement et de déploiement?
G. P. : Actuellement, la politique de développement du groupe Pizzorno au Maroc est qu'il n'y a pas de développement.
Pourquoi ? Parce que ce secteur connaît un grand problème de recouvrement des créances envers les communes. Nous avons un encours clients de près 400 MDH TTC, soit un peu près d'un an de chiffre d'affaires. Le groupe a pris la décision, il y a deux ans, d'arrêter tout développement tant que la situation ne revient pas à un encours normal. Aujourd'hui, avec l'aide active du ministère de l'Intérieur, nous avons protocolé les anciennes créances avec les communes en fixant le montant et les échéances que nous avons étalées sur une période de deux à quatre ans. Aujourd'hui, avec cette politique, 60% de notre encours sont contenus dans des protocoles. La deuxième raison pour laquelle le groupe a décidé d'arrêter ses investissements au Maroc, c'est le manque de prévisibilité.
Lorsque Pizzorno investit un euro en Europe, d'une part il arrive à avoir une prévisibilité sur le taux de retours sur investissement (TRI), qui est entre 2 et 3%, et d'autre part, il est sûr d'être payé puisque le délai moyen de paiement des communes en France, par exemple, est fixé à 55 jours.
Au Maroc, lorsque le groupe investit un euro, il n'a aucune visibilité sur les TRI pour la simple raison que les communes nous enlèvent de leur chiffre d'affaires en nous appliquant des pénalités, en nous enlevant du tonnage, en augmentant artificiellement la masse salariale...
Tout cela impacte considérablement notre marge.
Troisième raison, le groupe ressent une instabilité juridique, notamment en termes fiscaux au Maroc. Nous avons eu un redressement fiscal très important en 2012 uniquement parce que nous avons exécuté à la lettre des conventions signées par l'Etat marocain, par les communes et par les percepteurs. Des conventions qui définissent clairement, dans les bordereaux des prix, que la masse salariale des communaux est enlevée des factures des prestations avant l'application de la TVA.
Ce qui n'est pas appliqué par le Fisc qui nous oblige à payer la TVA sur la masse salariale communale. Cette décision nous a coûté 35 MDH en 2012.
Pour toutes ces raisons, Pizzorno ne répond plus aux appels d'offres, sauf pour renouveler des contrats où il est déjà présent et où il estime que le contrat est toujours intéressant.
F. N. H. : L'arsenal juridique marocain s'arme de nouvelles lois, notamment la loi N° 32-10 relative aux délais de paiement et la loi sur le partenariat public-privé (PPP) en cours d'adoption. Quel impact auront ces deux lois sur votre activité au Maroc ?
G. P. : Effectivement, la délégation des services publics est un cas particulier des PPP régi par la Loi n° 54-05 relative à la gestion déléguée des services publics qui réglemente notre activité. Cette loi n'est malheureusement pas appliquée par les communes. Pis encore, certaines communes ignorent totalement son existence.
Il y a un article très important dans cette loi relative à l'équilibre financier du contrat qui stipule que dans une relation entre un partenaire public et privé la convention peut évoluer si le contrat s'avère déficitaire. La loi oblige les deux parties à redéfinir le contrat s'il y a déséquilibré financier pour une raison ou une autre.
Concernant la loi sur les délais de paiement, c'est une catastrophe. Nous considérons qu'elle va aggraver notre situation parce qu'elle est applicable seulement dans un sens, soit vis-à-vis de nos fournisseurs et non pas vis-à-vis de nos clients les communes.
F. N. H. : Ces contraintes impactent-t-elles la qualité de vos prestations ?
G. P. : Cela aurait dû impacter la qualité de nos prestations. Or, nous avons adopté au sein du groupe, une stratégie qui stipule que nous devons pouvoir parler d'égal à égal avec les communes. Et pour ce faire, il faut que la commune reconnaisse que nous respectons le cahier des charges et que nos prestations sntt de qualité.
Depuis 2010, nous oeuvrons à augmenter notre niveau de qualité et à respecter à la lettre toutes les conventions, mais pas plus.
Cette performance a permis à Pizzorno d'être reconnue comme étant la société qui fait la meilleure prestation au Maroc, aussi bien en matière de collecte qu'en matière de traitement des déchets.
F. N. H. : L'aspect environnemental est d'autant plus important dans votre secteur d'activité. Comment se décline votre stratégie de développement durable et de protection de l'environnement ?
G. P. : Nous opérons dans un cadre contractuel défini où la dimension développement durable est malheureusement très peu présente dans les cahiers de charges.
Ce qui nous n'a pas dissuadé de mettre l'environnement au centre de nos préoccupations. Preuve en est, la décharge d'Oum Azza à Rabat, seule au Maroc à faire le tri à son entrée, grâce à une coopérative constituée par d'anciens trieurs informels. Ce qui nous permet de faire de la valorisation et le recyclage de certains produits, notamment le plastique. La décharge dispose également de casier étanche qui empêche le lixiviat (liquide résiduel engendré par la percolation de l'eau et des liquides à travers une zone de stockage de déchets) de s'infiltrer dans la nappe phréatique.
Pour les déchets organiques, nous avons mis en place un processus pour produire du biogaz et du compost. En plus de la mise en place d'un partenariat avec Lafarge pour que nous puissions transformer nos déchets ultimes en combustible de substitution pour les cimenteries.
F. N. H. : Comment s'annonce la concurrence dans votre secteur d'activité ?
G. P. : C'est effectivement un secteur très concurrentiel. Aujourd'hui, en plus des grands opérateurs étrangers notamment européens, on assiste à l'émergence d'opérateurs marocains dans le secteur, en plus d'autres opérateurs non-européens qui arrivent sur le marché marocain.
Cette concurrence ne nous fait pas peur parce que nous avons des bases solides.
F. N. H. : Avec l'arrivée de nouveaux opérateurs sur le marché, ne craignez-vous pas de perdre des parts de marché avec votre décision d'arrêter tout développement ?
G. P. : Oui, bien sûr. Mais nous préférons d'abord récupérer notre argent des communes.
F. N. H. : La Banque mondiale a accordé au Maroc un prêt de 130 millions de dollars pour la gestion des déchets. Comment les opérateurs vont-ils profiter de ce prêt ?
G. P. : Les opérateurs ne profiteront pas directement de ce prêt bonifié accordé à l'Etat marocain, dans le cadre du Programme national des déchets ménagers et assimilés (PNDM) qui, à son tour, va le re-circuler aux communes. L'intérêt pour nous réside dans l'application de l'un des objectifs du PNDM que la BM a négocié avec le gouvernement marocain, relatif au respect des délais de paiement par les communes et l'apurement des dettes avec les opérateurs. Concernant l'application de ces dispositifs, nous sommes prudents mais à la fois optimistes puisque nous ressentons une forte volonté du ministère de l'Intérieur à faire aboutir ces dispositifs.


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