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Entretien : «Il ne faut pas s'attendre à des miracles sous la perspective de la nouvelle loi bancaire»
Publié dans Finances news le 29 - 03 - 2013

Sharia Board, conformité des produits, formation des cadres et tant d'autres points ambigus.
Le point avec Mohamed Talal Lahlou, professeur universitaire, chercheur et consultant associé à MFI Consulting, cabinet de conseil et de formation en finance islamique.
Finances News Hebdo : La Malaisie est à la pointe de la finance islamique au niveau mondial. Qu'est-ce qui fait la force de ce modèle malaisien ?
Mohamed Talal Lahlou : La Malaisie s'est effectivement lancée dans la finance islamique (FI) dans les années 70 avec quatre produits de base. Il y a eu une forte volonté de la part du gouvernement de promouvoir la FI. Déjà, il faut savoir qu'il y a une grande différence entre les pays où la FI se développe d'une manière passive au niveau gouvernemental et les pays où elle se développe de façon active. En Malaisie, il y a eu ce qui manquait dans la majorité des pays, à savoir des incitations fiscales. Dans le cas du Maroc, nous demandons au moins la neutralité fiscale, que les produits de la FI ne soient pas fiscalement désavantagés par rapport aux produits classiques. Même dans les pays européens, il y a eu des aménagements fiscaux pour l'Ijara et la Mourabaha afin d'éviter la double taxation. Pour ce qui est de la Malaisie, les produits de la FI sont moins chers. Par ailleurs, l'Etat prend en charge et subventionne les chercheurs étrangers qui s'installent en Malaisie. Donc, ils ont eu l'intelligence d'instaurer deux types d'incitations, aux niveaux de la fiscalité et de l'enseignement, le gouvernement étant activement engagé dans ce domaine.
Aujourd'hui, la Malaisie se caractérise par un système dual au sein duquel coexistent les deux secteurs financiers conventionnel et islamique. En particulier, les clients des banques islamiques ne sont pas uniquement des ressortissants musulmans. Bien entendu, la réussite de ce modèle de transition vers un système islamique peut être prise comme exemple pour les pays qui, à l'image du Maroc, se lancent dans l'expérience de la FI.
Le seul bémol que je peux évoquer dans le cas de la Malaisie concerne certains aspects jurisprudentiels, où des produits controversés et parfois même jugés illicites sont commercialisés, par exemple : bai al'inah (buy-back) ou autres « dérivés » islamiques.
Au niveau du marché mondial de la FI, la Malaisie fait partie du trio de tête en volume d'actifs. Normalement, l'Iran pourrait se placer premier, mais vu la conjoncture politique internationale, ce pays est souvent marginalisé dans les statistiques. Et les experts reprochent à ce pays la main mise des politiciens sur le circuit. Sinon, c'est l'Arabie saoudite qui occupe la première place en termes de volume d'actifs. Mais en termes de dynamisme, la Malaisie occupe de loin la première position.
F. N. H. : Quelle place occupe le «Sharia Board» dans l'infrastructure de la FI, et faudrait-il le centraliser ou en instaurer un pour chaque institution financière ?
M. T. L. : En Malaisie, par exemple, le Sharia Board est national contrairement à ce qui se passe dans les pays du Golfe. Mais le Sharia board national a des avantages et des inconvénients. L'avantage, c'est qu'il permet d'uniformiser et de standardiser les normes juridiques et réglementaires afin d'éviter que les différents établissements bancaires n'émettent des jugements contradictoires. L'inconvénient, c'est qu'il faut garantir son indépendance par rapport aux politiques, ce qui n'est pas toujours facile.
Aucune banque ne peut être qualifiée d'islamique si elle ne possède pas de Sharia board. De même pour ce qui est de l'ensemble du système financier. Ce point est indispensable. Les organismes qui existent actuellement sur la place ne se réclament pas de la FI, d'abord parce qu'ils ne peuvent pas le faire à cause des failles au niveau de leurs contrats, mais aussi parce qu'ils n'ont simplement pas de Sharia board.
F. N. H. : Le Maroc doit-il capitaliser sur l'expérience des autres pays pionniers ?
M. T. L. : Au Maroc, la loi bancaire prévoit que le Conseil national des oulémas mette en place «lajnat al charia lil malia» (commission de la Sharia de la finance). Elle sera constituée de personnalités issues du Conseil des oulémas présidée par le Roi et chargée de statuer sur la FI. Mais il faut relever que le secrétariat général reviendra à la Banque centrale, ce qui est très important. En pratique, c'est la Banque centrale qui est en train d'instaurer son Sharia board également.
Malheureusement, la loi n'évoque pas les compétences requises pour ses experts. Fiqh al mou'amalat est l'une des branches les plus complexes du Fiqh. Dans sa version contemporaine, il est encore plus complexe, donc il faut que la loi se prononce sur les compétences minimales à avoir pour ces gens qui vont se prononcer à travers des fatawa sur les produits.
Maintenant le hic, c'est que le Maroc a deux choix pour instaurer la FI. Soit nous commençons tout à zéro avec nos propres fatawa, soit nous profitons de 40 ans d'expérience de la FI mondiale pour capitaliser sur les acquis et aller de l'avant. Si le Maroc veut devenir un hub régional et un pionnier en la matière, il ne doit surtout pas faire l'erreur d'ignorer les acquis des acteurs régionaux qui l'ont précédés et qui ont déjà à leur actif plusieurs décennies d'expérience dans le domaine.
De mon point de vue personnel, je pense qu'il faut capitaliser et décoller à partir des acquis de l'expérience malaisienne et de celle des pays du Golfe.
F. N. H. : Avez vous des réserves sur la future loi bancaire en ce qui concerne la FI ?
M. T. L. : Le gouvernement a diffusé la loi sur le site du Secrétariat Général et a ouvert la possibilité d'émettre des remarques. L'ensemble des experts, que je connais personnellement, considèrent que la loi reste trop «timide». C'est vrai que c'est un début, et mieux vaut tard que jamais mais pour résumer, c'est la montagne qui accouche d'une souris !
Nous sommes en face d'une loi passive qui ne fait que donner le droit d'exister à la FI, et encore. On est loin de l'expérience malaisienne, par exemple, où le gouvernement engage de manière fiscale et financière l'incitation pour ce secteur. Donc, il ne faut pas s'attendre à des miracles sous la perspective de la nouvelle loi bancaire. J'espère que les décrets de loi peuvent rattraper le retard de la loi.
En ce qui concerne nos recommandations, par exemple sur la partie assurance, le Secrétariat Général du gouvernement a répondu que c'est la direction des assurances et de prévoyance sociale (DAPS) qui va s'en occuper. Concernant la partie Sukuk, c'est le CDVM qui va la règlementer. La loi n'évoque pas ces détails, ce qui peut éventuellement conduire à un blocage.
F. N. H. : On sait que la formation est aujourd'hui l'un des enjeux clés du développement de la FI. En tant que formateur en FI, quel est votre avis à ce propos ?
M. T. L. : Au Maroc, nous assistons à la naissance de formations dans les écoles et les universités. L'Université Internationale de Casablanca vient d'introduire un module obligatoire de FI. Nous rencontrons beaucoup d'interrogations de la part des étudiants. Ils ne comprennent pas pourquoi ils calculent des cash-flows et des intérêts, pour qu'on leur dise finalement en troisième année qu'il faut faire autrement. Bien entendu, une bonne connaissance du système financier et économique conventionnel demeure un acquis de valeur, parce qu'on ne peut pas être seulement formé en Fiqh et prétendre être un expert en FI dans le contexte actuel.
Là où je suis satisfait et optimiste, c'est en voyant que le Maroc s'est relativement distingué du schéma classique de développement de la FI, où la mise en place du système a précédé la formation. Dans les pays du Golfe, il y a un problème de ressources humaines, puisqu'ils ont recruté des banquiers qui ne maîtrisent que la finance usuraire. Or, la finance islamique résulte d'une conviction. Quelqu'un qui n'en possède pas ne peut défendre efficacement un produit islamique et convaincre le client.
Au Maroc c'est la formation qui précède l'établissement de la FI. Si les organismes font appel aux gens issus des formations nous avons de grandes chances d'avoir des cadres engagés dans l'industrie et non pas des professionnels non convaincus.
C'est la particularité du Maroc et c'est là où peut se construire un véritable avantage
compétitif.


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