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Tribune. Les signaux faibles de la pandémie
Publié dans Finances news le 19 - 05 - 2020

Président de la Bourse de Casablanca et Directeur Général de CDG Capital

« Ah ! l'Homme, ce prodige réfractaire à ses chances et fasciné par l'échafaud de ses vanités, sans cesse écartelé entre ce qu'il croit être et ce qu'il voudrait être, oubliant que la plus saine façon d'exister est de demeurer soi-même, tout simplement. » Yasmina Khadra
Il a suffi qu'un micron-nain, un sino-quark, Mister «unknown-unknown», ne pouvant pas être isolé, décide, tout seul, de prendre le large, d'errer, de vaguer, pour mettre en exergue nos maux, nos fragilités, nos vulnérabilités, nos peurs, nos valeurs, et nos illusions. Le déconfinement du virus entraina, automatiquement, le confinement du Monde et provoqua l'arrêt du mouvement, la halte des agitations, le retrait de la marée. En somme, le début du cauchemar de Ponzi.
La Pandémie a remis sur la table le sujet de la mort. D'aucuns ont conclu hâtivement que le remède, la solution, est la santé absolue, voire la santé comme valeur suprême d'une société, justifiant ainsi la nécessaire médicalisation de la société. Mais, de grâce, rappelons-nous que la santé n'est qu'un bien et non pas une valeur. On omet souvent qu'il n'y a pas de vie sans la mort. Il ne faut pas avoir la phobie de la mort. Il faut au contraire l'accepter, nonchalamment, pour mieux vivre sa vie.
Lorsqu'on parle de mort, la peur surgit et réclame le prime time. Bien sûr que la Pandémie a déterré nos peurs. Mais la peur est naturelle. On le sait bien, chassez le naturel, il revient au galop. La peur a un rôle déterminant pour protéger notre organisme. Elle est là pour nous sauver. La peur de la mort n'est autre qu'un viatique de la vie. Il ne faut ni la vénérer, ni s'y enfermer. Il ne faut surtout pas essayer de l'éviter. Il faut aussi arrêter de penser qu'il faut être courageux pour ne pas avoir peur. La peur est un chemin précieux pour trouver du courage. Il n'y a pas de courage sans peur. Le courage nous permet tout simplement de prendre la décision de dépasser notre peur.
«Vivre, c'est s'obstiner à achever un souvenir» René Char
L'inattendu. L'événement. La Pandémie a ébranlé notre économie. Lorsque la dynamique de la chaîne se brise, la musique s'arrête, la flamme se pantèle et la vérité s'illumine, s'impose et s'expose. Quand la mer se retire, on voit ceux qui nagent nus disait avec sagesse Warren Buffett. Le monde est un grand bal où chacun est masqué. Avec l'avènement de la crise, Aléthea entre en scène et crie Bas les masques ! Le spectacle est fascinant : Ici, des pleutres, qu'on reconnaît à leur couardise, crient aux abois : courage fuyons ! ; là, la kakistocratie, hier tenace en se déguisant en norme, aujourd'hui éperdue, tétanisée, nilpotente; ailleurs, des cités, jadis puissantes, deviennent inertes, impotentes à leur insu ; usque-quaque des dettes longtemps saines mais virales, dansent avec les loups qui commencent à sentir l'odeur du douteux.
Au milieu de ce brouhaha, nous avons, bien sûr, besoin d'un peu de sérénité pour conter ce monde tumultueux.
Dès les premiers jours, on a, tout de suite, constaté l'insuffisance du marché face aux problèmes d'action collective et l'importance de la capacité des Etats à répondre aux crises et à protéger les populations. L'avènement de la Pandémie a, très vite, confirmé les besoins d'une assurance maladie universelle, de protections plus solides du marché du travail et d'une sécurisation des chaînes d'approvisionnement nationales pour les équipements médicaux essentiels. La crise sanitaire a conduit aussi les pays à privilégier, à l'avenir, la résilience et la fiabilité de la production, aux économies de coûts et à l'efficacité obtenues, jadis, grâce à l'externalisation et la délocalisation.
Poursuivons notre récit. On voit venir, avec le temps, une augmentation des coûts économiques des confinements car le choc massif de l'offre, provoqué par la perturbation de la production nationale et des chaînes de fabrications mondiales, entraîne également une baisse de la demande globale.
A ce stade, Il est évident que l'économie mondiale sera façonnée dans les années à venir par trois tendances : un premier rééquilibrage de la relation Marchés-Etat, en faveur de ce dernier ; un second rééquilibrage entre hyper-mondialisation et autonomie nationale, également en faveur de cette dernière ; Et enfin, le besoin de se débarrasser de nos sempiternelles obsessions, à savoir accepter la baisse de nos ambitions démesurées de croissance économique.
Mais si cette crise sanitaire renforce et confirme les trois tendances précitées, elle n'est pas la principale force qui les fait émerger. Ces tendances sont antérieures à la pandémie. Si elles sont considérées par certains comme des menaces pour la croissance mondiale, il est également possible qu'elles soient les signes avant-coureurs d'une économie mondiale plus durable et plus inclusive.
Souvenons-nous que la crise 2008 avait mis en évidence le fait qu'il n'existe pas un marché libre et transparent, ni un marché qui s'auto-régule dans un sens positif grâce à ses propres mécanismes. Le marché n'est pas un agent efficace en lui-même, il est plutôt un instrument dans les mains d'acteurs libres qui, selon les cas, donnent la priorité à des intérêts particuliers face à un éventuel bien commun.
Par ailleurs, l'économie a toujours été considérée comme une sphère autonome, très peu en relation avec les autres sphères sociétales, ce qui est en fait une profonde erreur. Les seuls acteurs réels, qui permettent que le marché fonctionne selon un modèle économique déterminé, sont les Hommes. Si l'on choisit une économie de marché libre, on accepte tout le fondement anthropologique, épistémologique et éthique qui l'accompagne.
L'économie n'est pas une science indépendante de l'être sociétal de l'homme, elle est par conséquent en relation avec les manières-d 'être sociales de n'importe quel être humain, à savoir, le familial, le juridique, le politique, l'éthique, les valeurs. Ces dimensions peuvent être considérées en elles-mêmes, mais si on les met en relation avec l'homme en tant qu'être social, elles ne sont pas indépendantes ou juxtaposées, mais conservent entre elles une relation profonde dans leurs fondements et conditionnements.
L'économie a toujours visé la croissance de la richesse, ce qui est un objectif bon en soi. Cependant, quand on exerce cette activité, d'autres éléments entrent en jeu : quels moyens choisi-t-on pour obtenir la richesse ? La richesse constitue-t-elle un moyen ou vise-t-elle une fin plus noble et élevée comme pourrait l'être une vie bonne et vertueuse ? La richesse peut-elle être un vecteur de salut face à la transcendance ultime ? La croissance infinie de la richesse et la finitude de la planète : quelle cohérence, quel sens ?
En outre, la dé-mondialisation et le découplage apparaissent comme des tendances triviales. Cependant, le retrait de l'hyper-mondialisation pourrait conduire le monde sur la voie d'une escalade des guerres commerciales et d'une montée de l'ethno-nationalisme, ce qui nuirait aux perspectives économiques de chacun. Ce n'est malheureusement pas le seul résultat imaginable. Certes, le pire n'est jamais certain mais celui-là nous épie depuis longtemps, il est à notre porte…
Par ailleurs, on ne saurait ignorer que les pays en voie de développement ont connu, en un bon quart de siècle, des réductions notables de la pauvreté et des améliorations de l'éducation, de la santé et d'autres indicateurs de développement. Tout d'abord, la pandémie a commencé par balloter leur secteur de santé publique, qui était déjà très fragile. Ensuite, les voilà, désormais, confrontés à des chocs externes importants: un arrêt soudain des flux de capitaux étrangers et une forte baisse des transferts de fonds de la diaspora, du tourisme et des recettes d'exportations. La perspective, la plus dommageable, à moyen terme, est peut-être une réduction significative de la croissance économique.
Mais encore une fois, la pandémie ne fait qu'accentuer un problème de croissance préexistant. Les pays en voie de développement devront désormais s'appuyer sur de nouveaux modèles de développement et de croissance. La pandémie est peut-être le wake-up call nécessaire pour revisiter les perspectives de croissance et élargir le champ des réflexions dont ils ont absolument besoin.
« L'Espérance est un risque à courir » George Bernanos
Soyons optimistes, des optimistes de combat ! Il est encore possible d'envisager un modèle de mondialisation économique plus sensé et moins intrusif qui se concentre sur les domaines où la coopération internationale est (devra) vraiment (être) payante, l'environnement (rappelez-vous le W.A.F.E.L du gaucher boiteux, le L de Life ie santé publique ; Hasard ou Clairvoyance ?), et d'autres domaines tel qu'une aide au développement pertinente, structurante, sans biais ni masque. Il va falloir, définitivement, entamer un vrai travail de coopération internationale pour grimper, grandir ensemble et définir de nouvelles normes sociales, environnementales et démocratiques. Un tel ordre mondial ne serait pas contraire à l'expansion du commerce et des investissements mondiaux.
Enfin, rappelons-nous, qu'avant la Pandémie, l'économie mondiale était déjà sur une voie fragile et non durable. Nous le soupçonnions. Inconsciemment ou consciemment, nous voulions croire en l'erreur de l'évidence. L'évidence vous aveugle, quand elle ne crève pas les yeux, disait Flaubert. La Pandémie n'a fait que clarifier les défis auxquels nous sommes confrontés et les décisions stratégiques que nous devons prendre. Par conséquent, le sort de l'économie mondiale ne dépend pas de ce qu'induit le virus, mais de la façon dont nous choisissons de réagir.
Acceptons l'incertitude ; Accueillons le risque ; Installons-nous sur la brèche du présent et faisons éclore l'émergence ; Ayons le courage de réussir l'avènement de notre chrysalide. La meilleure façon de combattre le mal est un progrès résolu dans le bien disait Lao Tseu. Le monde a une occasion en or de faire histoire et de faire commencement.
« Autrement dit, le but n'est pas là pour être atteint mais pour donner l'occasion d'agir, il n'est que le moyen de l'action même » Marcel Conche


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