Casablanca reste confrontée à l'un des défis majeurs de son développement : la gouvernance. Elle est multidimensionnelle ; elle vient rappeler aux responsables, quel que soit leur statut, la nécessité d'une convergence en termes de méthodes et de vision. Or, la composition même de son Conseil reste soumise aux aléas de la politique, parfois de la politique politicienne. Un président du Conseil affilié à l'Union constitutionnelle (UC) et une quasi-majorité de membres appartenant au PJD et à l'USFP. Depuis la réforme communale de 1976, ce sont 4 maires de l'UC qui se sont succédé à la tête de la ville, une seule et exceptionnelle; expérience aura été confiée à Belyout Benchentouf, cofondateur et membre en 1976 du bureau politique du RNI. Depuis quatre ans maintenant, la ville vit sous le système d'un fragile consensus entre les formations politiques qui consiste à leur confier des communes, manière de les «calmer» et de réunir une majorité cohérente. L'objectif était de réunir une coalition pour barrer le chemin au PJD, et le PAM s'y est associé, attribuant par consensus la présidence de la ville à un candidat UC, en l'occurrence Mohamed Sajid, et la présidence des autres communes qui composent le Grand Casablanca aux autres partis. D'où l'absence décriée de quorums et d'entente sur des problèmes graves. C'est un consensus par défaut qui s'est instauré, menaçant la cohésion des élus, étrillant la gouvernance elle-même. Le discours royal du 10 octobre est venu confirmer le constat et, bon gré mal gré, le Conseil de la Ville ainsi que ceux qui en font partie se sont en principe mobilisés pour s'atteler à la refondation d'une politique de la ville, en vain ! Les mêmes y sévissent toujours et aux yeux des citoyens, les mêmes problèmes persistent, hormis cette visibilité trompeuse de ramassage d'ordures. La circulation est la même, les problèmes de sécurité restent omniprésents, l'incivisme érigé en système...La gouvernance a donc besoin d'être revue et corrigée. Et l'appel de SM Mohammed VI n'est pas un vain mot. La gouvernance est un ensemble complexe de systèmes qui se croisent, se complètent et parfois se heurtent. Elle est d'abord une volonté exprimée par les acteurs et les forces, avant d'être une méthode de gouvernement et de gestion qui prône la transparence, la performance, le partenariat et la promotion de la démocratie locale. De par certaines de ses caractéristiques intrinsèques, Casablanca a promu son propre système de gouvernance : accès aux services publics, même s'il prête à caution ou semble faible c'est, nous dit-on, l'ouverture et la responsabilisation, la gestion efficace des ressources, une culture professionnelle, un soutien aux générations de jeunes responsables, la protection de l'environnement et le développement durable. A vrai dire, décliné de cette façon, c'est un beau programme. La gouvernance à Casablanca, c'est donc l'expression de la volonté de ses dirigeants de doter la ville d'un projet global. Il s'agit de promouvoir : - La politique de dédensification, destinée à aérer l'espace ; - La restructuration urbaine ; - La requalification urbaine ; - L'Habitat, et notamment l'habitat social avec un standard de qualité ; - Le développement économique grâce à l'activité du port, l'industrie, le commerce ; - Les infrastructures ; - La protection de l'environnement ; - La culture et le tourisme. Toutes ces exigences figurent au préambule de chaque entreprise de réforme. Il s'agit pour les responsables de Casablanca de prévoir : le rythme de sa croissance, la mise en place des mécanismes d'un développement qui, en plus de parer au plus pressé, s'inscrit dans le long terme. Casablanca illustre l'esprit de réforme à tous les niveaux : urbain, architectural, infrastructurel, économique, social, culturel et sportif. Le développement multidimensionnel de la ville, éclatée et étalée de plus en plus, implique une méthode et une unité de vision des élus, des opérateurs, de l'Etat et de la société civile. Tout se multiplie. La population de Casablanca, qui était de 3,6 millions d'habitants en 2004, est passée à 5,1 enmoins de dix ans, les ménages à la même période de 760.000 à 1.400.000 et les emplois de 1.000.000 à 2.000.000. La double exigence de la gouvernance Casablanca pourrait-elle relever les multiples défis de l'avenir ? A savoir se positionner comme une ville du futur, comme Barcelone et Bordeaux – rêve du nouveau Wali, dotée des infrastructures nécessaires pour répondre aux besoins de développement en interne et être compétitive sur le plan international. Les responsables de la ville ont à cœur cette double exigence. Il s'agit d'offrir aux populations du Grand Casablanca une qualité de vie, les moyens de s'épanouir et un cadre propice à une meilleure vie sociale, des infrastructures idoines, comme le transport le plus moderne, les technologies, les infrastructures sanitaires, scolaires, universitaires et les loisirs. Par vocation, Casablanca constitue une place internationale parce qu'elle regarde la mer, mais ne tourne pas le dos à l'intérieur. Sur le plan économique, elle draine capitaux et initiatives, génère aussi une richesse considérable grâce aux performances économiques, aux services, à la technologie de pointe, au commerce qui s'accroît, au tourisme qui voit ses infrastructures se renforcer, notamment hôtelier, et à la vision de développement durable imprimée par les responsables. Les défis de Casablanca sont multiples et divers. Ils nécessitent une cohésion et de la cohérence. Et certainement une vision commune entre les élus, les autorités publiques, les opérateurs économiques, les institutions financières et les représentants de la société civile. Ils sont tous parties prenantes, impliqués dans le processus de décision et la construction des projets de réforme. La gouvernance à Casablanca renvoie à la mise en place de nouveaux modes de pilotage ou de régulation plus souples et fondés sur un partenariat ouvert et éclairé entre différents acteurs et parties prenantes. Elle met en œuvre, également, une politique de déconcentration et de décentralisation. C'est un modèle pour les autres villes.