L'entité chargée de la promotion des exportations nationales a récemment brillé par son initiative inédite au Maroc. Il s'agit en l'occurrence de l'organisation des rencontres B to B par visioconférences sur l'innovation. Ce qui a permis à 60 entreprises nationales d'établir des contacts avec les plus grands donneurs d'ordre internationaux. La promotion des exportations constitue aujourd'hui le théâtre le plus visible de l'abnégation de l'Etat pour imprimer une nouvelle dynamique à la trajectoire qu'emprunte l'économie nationale. Du fait que les ventes à l'étranger continuent de contribuer négativement à la croissance du PIB. A ce titre, il convient de rappeler que près d'1 milliard de DH de subventions publiques ont été mis à la disposition des entreprises exportatrices et celles dont le potentiel exportable est réel (contrat de croissance à l'export). Dans la nouvelle stratégie de doubler les exportations d'ici dix ans, Maroc Export, la cheville ouvrière de l'Etat pour la promotion du «Made in Morocco» joue une grande partition. Cette lourde mission l'a sans doute astreint à innover cette année en créant «Innovdays Maroc» jumelé à «Techinnov France». Il s'agissait alors en partenariat avec Proximumgroup (premier organisateur de rencontres B to B en Europe) d'organiser pour la première fois au Maroc des rencontres B to B sur l'innovation en visioconférences. Cet événement inédit a permis de réduire les coûts car la visioconférence exonère le déplacement (gain de temps) et toutes les dépenses prohibitives qu'il engendre pour certaines PME. Cette nouvelle formule testée par Maroc Export a permis à 60 entreprises marocaines de prendre part indirectement au plus grand événement dédié à l'innovation avec la participation de 40 pays. Ainsi, près de 350 visioconférences B to B ont été organisées au Maroc. Cela a permis aux opérateurs nationaux de mettre en évidence leur savoir-faire, tout en valorisant évidemment leurs compétences auprès des donneurs d'ordre internationaux. Toutefois, concomitamment à ces visioconférences, il était aussi question autour d'une table ronde de pousser la réflexion sur l'impact de l'innovation dans la dynamique des exportations nationales. Ce qui a permis d'aborder les problématiques liées aux financements et à la création des écosystèmes (cluster, pôle de compétitivité) de l'innovation. La faible coopération entre les entreprises et les lieux de production de connaissance (université, écoles d'ingénieurs) au Maroc a aussi largement occupé les échanges. L'innovation, principal facteur de différenciation Lors de la table ronde par vidéoconférence à laquelle prenaient part les opérateurs marocains (universitaires, entreprises et représentant de l'Etat) et leurs homologues français œuvrant dans la sphère de l'innovation, la directrice de Maroc Export n'a pas manqué de souligner que la compétitivité des entreprises nationales à l'avenir dépendra en grande partie de leurs capacités à innover et à accroître la valeur ajoutée de leurs produits. «L'innovation constitue aujourd'hui le principal facteur de différenciation au sein de la rude compétition des entreprises à l'échelle mondiale», clame-t-elle. Cela dit, l'Etat marocain promeut l'innovation à travers la création d'un fonds de soutien à l'innovation doté de 300 millions de DH, ce qui a permis de soutenir près de 60 entreprises dites innovantes. Pour autant, les opérateurs nationaux continuent de pointer du doigt le parcours du combattant pour avoir des financements dans l'optique d'innover. A côté de cette entrave, l'éclosion d'un écosystème favorable pour booster l'innovation dans le pays est à ses balbutiements. On ne dénombre que 7 clusters à l'échelle nationale, d'après Soumaya Iraqui Houssaini, représentante du ministère de l'Industrie et du Commerce. Ce qui reste relativement limité eu égard à l'ambition du pays, celle de devenir un hub régional producteur d'innovation. Par le biais de cette visioconférence, les opérateurs français ont livré à la partie marocaine certaines pratiques vertueuses pour stimuler l'innovation. Ainsi dans l'Hexagone, les services d'appui aux entreprises restent conséquents pour les inciter à s'adapter constamment à l'évolution des marchés internationaux. Les chambres de commerce françaises existantes dans différents pays restent un pilier de taille dans cette approche. L'étroite collaboration entre entreprises, universités et écoles d'ingénieurs prend forme au sein des pôles de compétitivité qui s'emploient à attirer les talents du monde entier. Une attention particulière est aussi accordée à la valorisation de la recherche scientifique en France par le biais du programme d'investissement d'avenir qui lui consacre 22 Mds d'Euros. A cela s'ajoutent la création imminente d'un fonds pour soutenir les étudiants les plus ingénieux et l'existence d'une banque publique d'investissement (opérationnelle) pour appuyer l'innovation française. Au final, la prise de conscience du caractère moteur de l'innovation pour impulser les exportations marocaines est réelle. Mais encore faut-il se donner les moyens suffisants pour la promouvoir, en créant plus de terreaux favorables à son accélération.