Sur 5.000 entreprises exportatrices au Maroc, on dénombre à peine 100 entités qui peuvent se targuer d'être des professionnelles des ventes à l'étranger, car exportant régulièrement. Ce qui témoigne de la complexité de l'ouverture à l'export. Pour autant, cela ne devrait plus dissuader les femmes chefs d'entreprises pour étendre leurs activités sous d'autres cieux. Le sursaut national contre le fléchissement des exportations et le déséquilibre des comptes extérieurs est un fait aujourd'hui au Maroc. Il suffit de prêter une oreille attentive aux différents discours officiels et de passer en revue la palette de politiques publiques dédiées à la promotion des exportations (contrat de croissance à l'exportation, soutien de Maroc Export, etc.). Dans cet élan que d'aucuns qualifient de patriotique, car il y va de l'intérêt de toute la nation de reconstituer le matelas des réserves de devises du pays, il faudra aussi compter sur les femmes qui constituent un peu plus de la moitié de la population marocaine. Tel est le message qu'a voulu faire passer Laïla Miyara, présidente de l'Association des femmes chefs d'entreprises du Maroc (AFEM), lors de l'atelier organisé récemment à Casablanca par l'entité qu'elle préside, portant sur les clefs pour réussir l'ouverture à l'export. Elle reste fortement convaincue que, vu le niveau de déficit de la balance commerciale (196 Mds de DH en 2013), le pays n'a d'autre issue si ce n'est que d'exporter davantage. Toutefois, force est de reconnaître que les femmes ont une aversion plus prononcée envers les risques, l'échec et surtout le saut vers l'inconnu. A ce titre, l'exportation qui brille par son ambivalence car pouvant être une aventure parsemée d'embûches ou un relais de croissance pour les activités des PME, reste jusque-là un levier moins utilisé par les entreprises féminines qui cantonnent leurs activités au marché local. Accompagnement des entreprises féminines vers l'export Le séminaire portant sur les clés pour réussir l'export était une véritable occasion de sensibiliser les dirigeantes d'entreprises féminines sur les outils que Maroc Export et la Société marocaine d'assurance à l'exportation (Smaex) mettent à la disposition des PME pour booster leurs ventes à l'étranger. Ce qui est d'autant plus important si l'on sait que certaines femmes chefs d'entreprises manquent d'informations par rapport à l'aide que peuvent leur apporter ces deux entités pour les accompagner sur d'autres marchés. A ce titre, Nadia Drafate, responsable marketing de Maroc Export, a rappelé certains dispositifs phares de l'Etat pour accompagner les PME à l'international. Il s'agit entre autres, de l'audit à l'export visant à identifier les forces et les faiblesses de l'entreprise pour mieux l'épauler à exporter. A cela s'ajoute l'appui financier de l'Etat plafonné à 1,5 MDH pour permettre aux PME de se regrouper en consortium afin d'accroître leur force de frappe et amplifier leur offre sur les marchés internationaux. Nadia Drafate a aussi vivement invité les femmes chefs d'entreprises à rejoindre les caravanes de Maroc Export et à participer aux foires multisectorielles organisées dans différents pays. L'intérêt étant que ces caravanes organisées en Afrique ou ailleurs bénéficient souvent de l'implication personnelle du ministre de tutelle. Ce qui permet de faciliter les contacts et les rencontres dans les différents pays d'accueil. L'autre élément et non des moindres, est l'organisation de salons spécialisés à l'étranger. Les PME ne payent que 10% de la facture concernant les évènements extérieurs. Maroc Export subventionne 90% du reliquat. Toutes les contraintes logistiques (matériels, affichage de publicité, billets d'avion etc.) et l'organisation des rencontres (B to B) avec des acheteurs potentiels sont prises en charge par l'entité chargée de la promotion du «Made in Morocco». Cela dit, la Smaex tient aussi à contribuer à l'effort national de promotion des exportations en assurant le risque de non-paiement des ventes à l'étranger. Dans l'optique d'accompagner le pays dans sa stratégie d'exporter davantage vers l'Afrique, la compagnie d'assurance à l'export a contribué à la baisse des taux d'assurance de risque pays qui sont passés de 12 et 18 pour 1.000 à 2 et 3 pour 1.000 de la valeur exportée. Elle accompagne aussi les PME pour le recouvrement des créances, dans les foires à l'étranger ainsi que pour la prospection de marchés et ce, à travers une offre adaptée. Au final, Il subsiste un réel accompagnement pour les femmes chefs d'entreprises qui ont pour ambition de se positionner sur d'autres marchés. Toutefois, le succès à l'international dépendra aussi de la qualité de leur offre exportable et d'une bonne prospection des marchés ciblés car l'accompagnement à lui seul demeure insuffisant.