Pour les PME à fort potentiel, le capital investissement apporte de nombreux avantages en termes de financement, mais aussi d'accompagnement managérial. C'est aussi un véhicule complémentaire de la Bourse et qui peut faire office d'incubateur pour préparer une IPO. Souvent considérés à tort comme deux véhicules de financement concurrents, la Bourse et le capital investissement sont en réalité complémentaires, notamment pour aider les entreprises et les PME à fort potentiel à s'agrandir et à disposer de moyens financiers nécessaires à leur développement. C'est en substance le message qu'ont tenu à faire passer la Bourse des valeurs de Casablanca (BVC) et l'Association marocaine des investisseurs en capital (AMIC) devant un parterre de chefs d'entreprises et de dirigeants de PME lors d'un workshop qu'ils ont co-organisé. Le capital investissement (ou private equity) se définit comme une activité financière consistant à effectuer une prise de participation (sous forme de capital le plus souvent), pour une durée déterminée dans des entreprises prometteuses non cotées ayant besoin de fonds propres ou de quasi-fonds propres. C'est un mode de financement relativement récent au Maroc (une quinzaine d'années), qui connaît un certain dynamisme. Ainsi, selon les chiffres de l'AMIC, à fin 2013, le Royaume comptait 37 fonds sous gestion pour un cumul de fonds levés de 10,7 milliards de dirhams. Le cumul des investissements en 2013 enregistre 4,2 milliards de dirhams. Le taux de pénétration du capital investissement atteint 0,08%, faisant mieux que la moyenne de la région MENA qui affiche un taux de seulement 0,01%. Malgré ce dynamisme, le capital investissement reste encore relativement peu exploité par les entreprises, et recèle un potentiel de croissance important. Comment cela fonctionne concrètement ? «Des investisseurs qu'on appelle communément des «limited partners», disposant de liquidités importantes, mettent en commun des capitaux dans un fonds de capital investissement dont ils confient la gestion à une société de gestion appelée «general partners». Celle-ci gère ce fonds pour le compte des investisseurs en injectant des capitaux dans différentes entreprises qui présentent un profil de croissance prometteur», explique Jean-Guillaume Habay, directeur exécutif Swicorp. L'entreprise ciblée sera transformée dans le but d'accroître sa valeur et de revendre les participations du fonds plus chères au moment de la sortie ou des désinvestissements (généralement au bout de 5 à 7 ans). Le profil des entreprises ciblées répond à des critères bien déterminés. Ainsi, pour un capital investisseur, la société idéale possède un projet de développement, de bonnes perspectives de rentabilité à moyen long terme, une gestion transparente, un management de qualité, des flux financiers récurrents, des actionnaires sérieux avec une stratégie claire et, surtout, de bonnes perspectives de sortie. Sortie en Bourse : la voie royale Au Maroc, la complémentarité entre BVC et AMIC se matérialise par le fait que depuis 2006, près d'un tiers des opérations de private equity se solde à la sortie par une introduction en Bourse. A ce titre, le Maroc fait mieux que le benchmark international où seulement 15% des opérations d'Exit se font via la Bourse. Ce fut le cas notamment pour Jet Alu et la Société maghrébine de monétique (S2M) qui ont toutes deux bénéficié de l'accompagnement de plusieurs fonds d'investissement (Cap mezzanine et Capital North Africa Venture Fund pour Jet Alu et Maghreb Private Equity Fund et AfricInvest pour S2M), avant leur introduction réussie en Bourse en 2011. Pour ces entreprises à fort potentiel de développement, l'introduction boursière constitue «la voie royale». Compte tenu des obligations liées à une introduction en Bourse, notamment en termes de process de gouvernance et de gestion, les fonds de private equity sont un moyen utile pour permettre aux PME de préparer leur IPO et de franchir le pas. C'est ce qu'explique Soumaya Tazi, Directeur général de CFG Capital : «les fonds de private equity aident les PME à préparer la transition pour entrer en Bourse et font office d'incubateur de la BVC», dans la mesure où le capital investissement constitue à la fois une source de financement et un outil d'accompagnement managérial. En effet, le private equity permet, d'une part à une entreprise confrontée aux contraintes et limites des sources traditionnelles de financement, notamment le financement bancaire dans un contexte de sous liquidité, de bénéficier d'un apport en fonds propres ou quasi fonds propres. D'autre part, il fait office de gage de bonne gestion et de modernisation dans la mesure où il améliore considérablement la gestion opérationnelle de l'entreprise et où il l'accompagne dans l'adoption de nouveaux standards, managériaux entre autres. On parle dans ce cas d'apport en «capital intelligent». D'ailleurs, S. Tazi fait remarquer que «les investisseurs apprécient particulièrement les entreprises qui ont eu recours au capital investissement». L'introduction en Bourse à la sortie des investisseurs en capital permet d'institutionnaliser l'entreprise et lui donne accès à de nouvelles sources de financement tout en lui assurant une meilleure liquidité du patrimoine. Pour peu, rappelle S. Tazi, que le businessplan soit réaliste, et que la valorisation de l'entreprise soit raisonnable (fair value).