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Entretien : Consensus modérément haussier sur les matières premières
Publié dans Finances news le 22 - 11 - 2014

Eric Galiegue, analyste financier indépendant, membre de la Société française des analystes financiers, président du Cercle des analystes indépendants et président de Valquant, nous propose un bref tour d'horizon sur les interactions entre économie mondiale et cours des matières premières. Pour lui, anticiper la volatilité des matières premières n'est pas plus difficile qu'avant la crise de 2008, mais requiert plus d'attention.
Finances News Hebdo : Comment s'annonce cette fin d'année 2014 ?
Eric Galieugue : A mon sens, dans la sphère réelle, l'évènement majeur est la confirmation du ralentissement économique structurel de l'économie chinoise qui a été le moteur de la hausse du cours des matières premières depuis l'année 2000. La montée en puissance de la production du pétrole et gaz de schiste aux USA est un deuxième fait majeur de 2014. Enfin, les décisions de réduction de production de certains métaux industriels sont le troisième fait marquant de 2014 (réduction de capacité dans le secteur de l'aluminium et de l'acier, réduction des investissements d'Anglo American de 5-6 milliards de dollars à l'horizon 2016-2017, réduction de capacité dans l'Uranium, dont les prix sont au plus bas depuis 10 ans, ...). Dans la sphère financière, l'évènement qui retient l'attention est la hausse du Dollar qui est inversement corrélée aux cours des matières premières...
F.N.H. : Cela aura-t-il des conséquences à moyen terme, notamment en 2015 ?
E. G. : Le ralentissement économique chinois va très probablement se poursuivre en 2015. La production du gaz et pétrole de schiste pourrait connaître un ralentissement de sa montée en puissance si les prix du pétrole devaient continuer à chuter.
Les réductions de capacité des grands groupes miniers vont dépendre de l'évolution des cours des minerais concernés.
La hausse du Dollar devrait se poursuivre et peut-être s'amplifier, en raison du lancement conjoint des Quantitatives Easing japonais et européens...
F.N.H. : Pourtant, en moyenne, l'économie mondiale semble se redresser timidement. Si tel est le cas, quels peuvent être les impacts sur les matières premières ?
E. G. : Je considère que l'impact sur les prix devrait être globalement très modérément haussier. L'accélération de la croissance mondiale sera limitée à 0,5 %, concentrée sur les USA et l'Europe. D'après les prévisions du FMI, la croissance chinoise devrait à nouveau ralentir en 2015 (7,1% vs 7,4% en 2013) : l'effet positif de la hausse prévisible de la demande de matières premières par les USA et l'Europe sera en partie compensé par la confirmation du ralentissement chinois...
F.N.H. : Le soutien artificiel aux économies développées semble se poursuivre. Cela fausse-t-il les prix ou la lecture des prix des matières premières ?
E. G. : De nombreuses études ont été faites sur ce sujet, aux résultats souvent contradictoires. Notamment, la CFTC américaine (le régulateur des marchés financiers outre-Atlantique) a lancé une étude importante il y a quelques années sur ce sujet, avec la conclusion d'un impact très limité des politiques monétaires sur les prix des matières premières. Pour notre part, il faut différencier le soutien économique monétaire américain, du soutien d'origine japonaise ou européenne...
F.N.H. : Doit-on comprendre que l'arrêt du soutien monétaire américain n'aura que peu d'impact ?
E. G. : L'arrêt du QE américain en octobre 2014 envoie un double signal. Négatif dans la sphère financière, en ce sens que la «réduction de liquidité» correspondante devrait, toutes choses égales par ailleurs, avoir un effet négatif sur la demande financière de matières premières. Positif, en ce sens qu'il signifie que la sphère réelle peut désormais se passer de la béquille monétaire; ce qui signifie que la demande réelle de matières premières doit augmenter, en raison tout simplement d'une croissance économique qui s'affirme. Nous pensons que les deux arguments doivent se compenser...
F.N.H. : Il devient semble-t-il difficile de dissocier l'évolution des cours des matières premières de l'économie chinoise. Devient-elle plus prépondérante que celles de l'Ouest ?
E. G. : Il faut rappeler que jamais dans l'histoire de l'humanité, un pays (la Chine) n'a connu une croissance aussi soutenue pendant une période aussi longue. Des centaines de millions de Chinois ont quitté la pauvreté absolue et ont accédé à un nouveau de vie décent, selon les normes occidentales. L'ouverture de la Chine, débutée en 1978, s'est considérablement accélérée en 2000 avec son adhésion à l'OMC.
L'effet sur le marché des matières premières depuis 2000 a été longuement décrit et est bien connu : la Chine consomme entre 40 et 50 % de la production mondiale de métaux industriels et elle devient le premier consommateur de pétrole et importateur net massif de l'or noir depuis plusieurs années....
F.N.H. : Depuis 2009, les corrélations disparaissent petit à petit entre matières premières et marché action. Est-ce une nouvelle tendance lourde ou les choses vont-elles revenir tôt ou tard à la normale ?
E. G. : C'est une tendance lourde liée à l'évolution séculaire vers plus de financiarisation de l'économie. Les motivations financières et monétaires semblent désormais l'emporter sur les motivations réelles, ce qui a inversé les corrélations historiques «habituelles» observées avant la crise de 2008.
F.N.H. : Concernant les matières premières agricoles et fossiles, que faut-il prévoir au regard de la géopolitique actuelle ? Surtout en Europe de l'Est...
E. G. : L'Europe de l'Est est un très grand producteur de céréales (l'Ukraine a été qualifiée de «grenier à grain» de l'Europe, avec ses gigantesques territoires de terres noires très fertiles). Les troubles en cours perturbent naturellement la production, et la fin de la «trêve» observée depuis les accords de Minsk (septembre) est de mauvais augure pour la suite.
La production est naturellement très perturbée, dans un pays qui, par ailleurs, est en quasi défaut de paiement. Les tensions de plus en plus graves et persistantes avec la Russie perturbent aussi le marché des matières premières agricoles, et bien sûr la géopolitique des matières premières énergétiques. La Russie a négocié un accord de fourniture à long terme de gaz à la Chine.
F.N.H. : Nous posons la question à l'ensemble de nos intervenants. Pour un opérateur soucieux de se protéger des variations des matières premières, surtout agricoles pour une économie comme celle du Maroc, quels sont les indicateurs macroéconomiques, géopolitiques, monétaires et autres qu'il doit surveiller pour se faire des idées sur les tendances futures ?
E. G. : Les marchés de matières premières sont globalement connectés avec la conjoncture mondiale qui est un bon indicateur de la demande. Mais il faut naturellement suivre aussi les indicateurs du côté de l'offre.
Chaque marché de matière premières est spécifique et évolue selon ses propres sensibilités : les conditions d'offre (réductions de capacités, baisse des emblavements, conditions météo, stress géopolitique..) sont autant de paramètres qu'il faut apprécier matière première par matière première... L'analyse technique des mouvements de prix est aussi adaptée aux matières premières...
Evidemment, en ce qui concerne le Maroc, le suivi des matières première agricoles est essentiel, et bien sûr le suivi du phosphate.Par ailleurs, la crise de 2008 confirme que le monde est entré dans une économie de bulles et de krach. C'est la financiarisation et la globalisation de l'économie qui expliquent cette tendance lourde. Ainsi, désormais, ce sont les crises financières qui causent les crises économiques, alors qu'auparavant, c'était l'inverse. La sphère financière est-elle plus volatile et moins prévisible que la sphère réelle ? La réponse n'est pas forcément évidente. C'est bien le monde qui est plus risqué aujourd'hui....
Pour notre part, nous ne considérons pas que l'anticipation soit plus difficile aujourd'hui qu'il y a une quinzaine d'années. Elle requiert simplement encore plus de temps et d'expérience.


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