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SMIG : Ces salariés équilibristes !
Publié dans Finances news le 01 - 02 - 2007

* Parmi les 1.600.000 personnes affiliées à la Caisse nationale de sécurité sociale, environ 640.000 salariés touchent le SMIG, soit 40% des déclarés.
* L'ICV annuel moyen a enregistré, au terme de l'année 2006, une progression de 3,3%, dépassant le seuil de 3% pour la première fois depuis 10 ans.
* Alors, peut-on raisonnablement vivre avec le SMIG ?
Institué au Maroc depuis 1936, le salaire minimum légal aura subi plusieurs réaménagements. On retiendra ainsi, outre l'indexation des salaires (dahir du 31 octobre 1959) et la mise en place, en 1962, du SMAG (salaire minimum agricole garanti) pour l'agriculture et du SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti, applicable pour les professions libérales, l'industrie et le commerce), l'uniformisation du salaire minimum au niveau national et l'amendement de la disparité du salaire minimum entre les hommes et les femmes en 1975.
Aujourd'hui, la problématique du pouvoir d'achat des ménages occupe bel et bien les débats. Particulièrement depuis l'envolée des prix du baril de pétrole qui a fortement impacté l'économie nationale d'une manière générale. En effet, même les ressorts de la Caisse de Compensation ont dû céder à la pression à la hausse des prix de l'or noir; ce qui a eu pour conséquences immédiates plusieurs augmentations de prix directement ressenties par les consommateurs. Ainsi, entre l'augmentation des prix à la pompe, la hausse des prix du transport et celle des produits alimentaires, le salaire réel, c'est-à-dire le pouvoir d'achat des ménages marocains, s'est véritablement effrité. Cette érosion est d'ailleurs largement reflétée par les statistiques publiées récemment par le Haut Commissariat au Plan.
Il ressort ainsi de la note d'information du HCP que l'indice du coût de la vie a enregistré, au cours du mois de décembre 2006, une régression de 0,6% par rapport au mois précédent, résultant de la baisse de l'indice des produits alimentaires de 1,3% et d'une légère hausse de 0,1% de l'indice des produits non alimentaires. Néanmoins, comparé à son niveau du même mois de l'année précédente, l'ICV du mois de décembre 2006 a progressé de 3,3%.
Et plus globalement, l'indice annuel moyen a enregistré, au terme de l'année 2006, une progression de 3,3%, dépassant le seuil de 3% pour la première fois depuis 10 ans. Cette augmentation a aussi bien concerné l'indice des produits alimentaires (3,9%) que celui des produits non alimentaires (2,9%).
Selon le HCP, «avec une progression de 8,9%, le groupe "Transports et communications" se détache des autres groupes de produits non alimentaires dont la progression s'inscrit dans une fourchette allant de 0,8% pour les "Soins médicaux" à 2,4% pour le groupe "Autres biens et services"».
Les villes de Fès (3,9%), Marrakech (3,7%), Rabat (3,5%), Tanger (3,4%) et Agadir et Oujda (3,3% chacune) enregistrent les taux d'accroissement annuels les plus élevés. En revanche, les taux de progression les moins élevés sont constatés à Casablanca et Meknès (3,1% chacune), Kénitra (3,0%), Tétouan (2,8%) et Laâyoune (2,2%).
Compte tenu de l'évolution de l'indice du coût de la vie, peut-on, aujourd'hui, vivre avec le SMIG ? Fixé à 2.040 DH (pour 208 heures de travail par mois), le salaire minimum interprofessionnel garanti permet-il de vivre décemment, ou tout au plus de survivre ?
Il faut préciser que, parmi les affiliés à la Caisse nationale de sécurité sociale (1.600.000), environ 40% des déclarés touchent le SMIG, soit pratiquement 640.000 salariés obligés de se contenter… du minimum.
Grogne populaire
A chaque Loi de Finances, les centrales syndicales remettent la question du SMIG sur la table. C'est ainsi qu'à la faveur d'un dialogue social bien nourri, le salaire minimum a été revalorisé plusieurs fois. Mais à l'évidence, il semble évoluer moins vite que le coût de la vie. Raison pour laquelle les syndicats réclament qu'il soit relevé à au moins 2.500 DH, au moment où le gouvernement fait la sourde oreille. Du temps de Hassan Chami, le patronat avait même battu en brèche l'idée d'instaurer un SMIG régional qui serait fonction du coût moyen de la vie au niveau de chaque région. Le projet a avorté.
Aujourd'hui, en attendant que les doléances des centrales syndicales trouvent écho favorable auprès du gouvernement, les «smigards» tambourinent aux portes de la précarité, jonglant entre privations et espoir de lendemains meilleurs. Un quotidien très dur pour la majorité, même si certains ne s'en plaignent pas.
• Ma sœur travaille dans une entreprise de textile souvent 10 heures par jour pour 750 DH par mois, confie Bouchra, ouvrière qualifiée dans une société d'électronique depuis 15 ans. Quand je la vois revenir du travail toute lessivée, je me dis que j'ai de la chance.
Fataliste, Bouchra ? Peut-être pas. Parce que, nous confie un syndicaliste, «plusieurs employés, victimes de patrons trafiquants sociaux, vivent avec beaucoup moins qu'un SMIG mensuel bien qu'ils travaillent pourtant davantage que les salariés soumis à la durée légale de travail». Alors, la précarité de l'emploi oblige actuellement Bouchra à se satisfaire de sa situation. Elle n'a pas le choix. D'ailleurs, l'idée qu'elle avait de faire carrière quand elle venait d'intégrer la boîte lui est définitivement sortie de la tête.
•Toutes les ouvrières sont rémunérées de la même manière. La progression des salaires est collective et non individuelle, quelles que soient la motivation et les compétences personnelles.
Pourtant, il y a dix ans, elle était au-dessus du SMIG. Les revalorisations successives du salaire minimum l'ont fait rentrer dans la tranche des «smigards», puisque son salaire n'a que très peu évolué.
•Notre seul espoir est de voir le SMIG franchement revalorisé, confie-t-elle.
Actuellement, ce SMIG qu'elle touche lui garantit un minimum de pouvoir d'achat, quand bien même ce dernier a été sérieusement rogné par les hausses des prix du transport, de l'électricité, des denrées de première nécessité, et surtout du loyer, lequel absorbe un peu plus du tiers de son salaire.
Epargner ?, elle n'y pense même pas. A peine arrive-t-elle, malgré des dépenses calculées au dirham près, à joindre les deux bouts. Mais elle se réjouit au moins d'une chose : elle a un emploi stable.
Ce qui n'est pas le cas de Omar, électricien de formation et serveur à mi-temps dans un café. Entre son soi-disant salaire, les pourboires et les petites interventions qu'il fait dans son quartier, il arrive à gagner 1.500 DH les meilleurs mois.
Quant à Hassan, 39 ans et père d'un enfant, après plusieurs années passées à cumuler les petits boulots, il déroule pour la première fois de sa vie une fiche de paie. Le fait d'avoir trouvé un emploi stable le réconforte à plus d'un titre. Employé actuellement comme coursier dans une banque de la place, il espère qu'avec son SMIG et celui de sa femme, il pourra au moins accéder à un crédit-logement.
• Avec deux revenus fixes, nous avons plus de visibilité et pensons que nous pouvons épargner pour éventuellement demander un crédit afin d'acheter un logement. C'est notre seule priorité, lâche-t-il.
A côté de Hassan, Mustapha paraît bien mal loti. Maçon aguerri, il loue, avec une poignée d'amis, la force de ses bras aux promoteurs immobiliers. Payé généralement 7 DH l'heure, il est souvent obligé de travailler plus de 10 heures par jour pour avoir au moins l'équivalent du SMIG.
Hasna, elle, n'est pas aussi tenace. Elle a dû jeter l'éponge après trois ans dans une chaîne de restauration rapide.
• Non seulement j'ai des horaires parfois impossibles, mais ma santé se détériore et je me rends compte que ma condition sociale n'est guère mieux. Je travaille pour payer mes multiples petites dettes contractées à gauche et à droite pour boucler les fins de mois difficiles.
Quant à Youssef, il n'a pas eu trop le choix : licencié depuis six mois à cause de ses nombreux retards, son couple traverse une période difficile.
• J'étais agent de sécurité dans une société à Casablanca, mais j'habite Sidi Bernoussi car le loyer y est beaucoup moins cher. J'avais deux bus à prendre pour aller au boulot et il m'arrivait souvent, compte tenu des embouteillages, d'arriver en retard. J'ai été viré après plusieurs avertissements. Nous étions obligés, ma femme et moi, de retourner temporairement chez mes parents parce que j'avais contracté des crédits à la consommation et je n'arrivais plus à payer les mensualités et le loyer. J'ai dû revendre quelques meubles et appareils électroménagers pour acquitter mes impayés. Actuellement, avec son SMIG, c'est ma femme qui prend tout en charge en attendant que je trouve un travail plus proche de chez moi, dit-il visiblement dépité.
Frustration !
Il faut dire qu'outre la précarité de l'emploi, la diminution du pouvoir d'achat, particulièrement ressentie en 2006 par les personnes à revenu modeste, a accentué le sentiment de frustration. Au point que les premières grognes populaires sont apparues vers la fin de l'année dernière, quand les consommateurs, pris en tenaille par la pression des prix, sont descendus dans la rue pour réclamer la baisse des prix de l'eau et de l'électricité.
Ce ras-le-bol, expression d'un ressentiment général, ne semble pas émouvoir le gouvernement, plusieurs fois interpellé pour revaloriser le SMIG. Un vrai dilemme, d'autant plus qu'il lui faut ménager la chèvre et le chou. Autrement dit, composer avec un patronat toujours enclin à revoir ses charges à la baisse et des syndicats surtout préoccupés à assurer un revenu convenable aux salariés. Une préoccupation des syndicats tout à fait légitime d'ailleurs. «Les bas salaires sont plus sensibles aux aléas de la vie comme les maladies, le décès ou encore le licenciement. Pour peu de choses, ils basculent facilement dans la précarité», nous confie ce responsable syndical.
D'où la nécessité d'un réajustement pour calquer la valeur du salaire réel sur la tendance haussière du coût de la vie.
En attendant, bien loin des déclarations politiques de circonstance et de la ferveur syndicale, les «smigards» continuent à jouer aux équilibristes. Histoire de ne pas basculer définitivement dans le gouffre béat de la pauvreté.


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