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Entretien avec Karim Ghellab, Ministre de l'Equipement et du Transport : «L’intérêt particulier passe par le respect de la règle générale»
Publié dans Finances news le 15 - 02 - 2007

* Après une baisse du nombre de tués sur nos routes durant les six premiers mois de 2006, la deuxième moitié a enregistré une hausse de ce nombre, à cause de la polémique sur les retraits de permis qui a causé un relâchement de la pression du contrôle.
* D'où le devoir pour les pouvoirs publics de mettre sur place une politique pérenne étalée dans le temps avec un dispositif de contrôle et de sensibilisation, comme le décline le Plan Stratégique Intégré d'Urgence.
* L'année 2007 devrait connaître l'entrée en vigueur du nouveau Code de la route qui franchit une nouvelle étape dans la lutte contre l'insécurité routière.
* La réforme sur le plan de la formation en 2004 se poursuit avec le lancement de la formation de 1.000 conducteurs de transport par autocars à l'occasion de la Journée nationale de la sécurité routière. De même qu'il est procédé à une différenciation entre l'enseignement de la conduite pour les usagers particuliers et les usagers professionnels.
* Plus de détails dans cet entretien.
Finances News Hebdo : À la lumière des résultats provisoires de 2006, quelle lecture faites-vous de l'évolution de l'insécurité routière au Maroc ?
Karim Ghellab : Pour analyser les chiffres de 2006, il faut évaluer l'année globalement, mais également les actions menées depuis avril 2004, date de lancement du Plan Stratégique Intégré d'Urgence. Il en ressort que l'action menée a réussi dans sa globalité puisque le chiffre des tués évoluait de 4,5 % depuis 1996 et nous sommes arrivés à inverser cette tendance.
L'année 2006 est donc la troisième année de ce Plan et se traduit par deux périodes distinctes. Une première période où il a été constaté une continuité dans la tendance baissière qui a été amorcée depuis 2004. En effet, en 2004, le nombre de tués a stagné. En 2005, ce nombre a enregistré une baisse de 7,11 %.
Pour revenir donc à 2006, les six premiers mois de l'année, la tendance baissière du nombre de tués a continué jusqu'au mois de juin. Et depuis l'été, voire les six derniers mois de l'année, on a constaté une évolution à la hausse et l'année s'est terminée sur une tendance haussière de 4,17 %.
Il faut rappeler que lors de la Journée nationale de la sécurité routière, nous avions annoncé des résultats à la baisse tout en attirant l'attention sur la nécessité de maintenir les mêmes efforts pour que cette baisse ne soit pas ponctuelle. Une baisse structurelle rend impérative la mobilisation de façon continue et pérenne de l'ensemble du dispositif de sécurité routière de sensibilisation et de contrôle.
Malheureusement, la polémique autour de la mesure de retrait des permis de conduire a conduit à la diminution du dispositif de contrôle.
Cette pression diminuant, les comportements précédents des automobilistes ont repris, d'où cette hausse des accidents. Ce qui nous pousse à plus de vigilance pour l'avenir.
F. N. H. : Une grande première pourtant pour 2006 : c'est l'évolution des pertes économiques ainsi engendrées par l'insécurité routière, qui feraient état de 2 % du PIB et de 11 Milliards de DH. Sur quelles bases ces chiffres ont-ils été calculés ?
K. G. : Ces chiffres sont normatifs. Nous n'avons pas d'études approfondies qui auraient évalué ces chiffres. Ce sont les ratios observés à l'échelle internationale ; la Banque Mondiale parle de ratios de 1,5 à 2,5% du PIB. C'est un chiffre normatif qu'il faut prendre dans toute son acception. Il faut savoir que les accidents de la circulation ont des coûts extrêmement importants que paie la collectivité.
F. N. H. : Au-delà du PSIU, peut-on avoir votre avis personnel sur la situation qui prévaut actuellement en matière d'insécurité routière ?
K. G. : Dans l'ensemble, plusieurs facteurs conjugués expliquent la situation actuelle. Mais l'un des facteurs qui se pose avec acuité, c'est le comportement de certains usagers de la route qui ne voient pas l'intérêt de respecter le Code de la route et donc la loi. Ce comportement qui dénote un manque de civisme, de sérieux et d'éducation, est diffus dans toutes les couches de la société, qu'il s'agisse de pauvres, de riches, de ruraux ou d'urbains. Ils ne pensent pas que leur intérêt particulier passe par le respect de la règle générale.
L'autre facteur à souligner est que nous autres, pouvoirs publics en général, nous peinons à mettre en place des politiques qui soient pérennes et qui ne subissent pas les contre-coups de la conjoncture. Et c'est l'essence même du PSIU de mettre en place un dispositif continu dans le temps et qui ne change pas. Parce que l'usager est comme un enfant : s'il a des parents qui sont méchants certains jours et gentils certains autres, il en sortira mal éduqué. Et si cet enfant a des parents rigoureux, voire durs même, qui appliquent toujours les mêmes règles, il saisira et respectera les limites à ne pas dépasser et se comportera dans le sens inculqué. L'intérêt général prévaut sur les avantages ponctuels et conjoncturels de chaque individu.
Donc, les pouvoirs publics, c'est-à-dire le gouvernement, le ministère du Transport et de l'Equipement, le ministère de l'Intérieur, la police, la gendarmerie, le ministère de la Justice, le ministère de la Santé, la Protection civile… tous ces corps-là ont le devoir de mettre en place des politiques rigoureuses, continues et pérennes. C'est pour cela que nous avons mis en avant le PSIU comme action qui s'étale dans le temps. La Journée nationale de la Prévention routière est une excellente occasion pour mobiliser les médias dont le rôle est essentiel dans la politique d'éducation routière.
F. N. H. : En parlant de cette Journée célébrée le 18 février de chaque année et de la campagne de communication qui l'accompagne, que sera pour cette année le message fort à diffuser ?
K. G. : Nous avons deux principaux messages à faire passer. Le premier est que 2006 et 2007 sont les années qui auront connu l'élaboration du nouveau Code de la route et qui connaîtront son entrée en vigueur.
L'innovation, cette année donc, est le nouveau Code de la route qui franchit une nouvelle étape dans la lutte contre l'insécurité routière. Et le deuxième temps fort cette année est, qu'indépendamment du Code de la route, il est important que, d'une part les pouvoirs publics, et d'autre part les citoyens, prennent davantage conscience que, quel que soit le poids que peut mettre le gouvernement dans l'action de la lutte contre l'insécurité routière, ses efforts ne pourront aboutir sans changement des comportements individuels. Les quelques centaines de policiers et de gendarmes à eux seuls ne pourront pas imposer un nouveau comportement à des dizaines de millions d'usagers de la route.
F. N. H. : Quand est-ce que ce nouveau Code entrera en vigueur ?
K. G. : On vise l'été 2007. Le mardi 13 février, nous avons eu une très bonne séance de discussion et de débats généraux sur le projet, ses objectifs et ses principes. Il est important de noter l'adhésion de l'ensemble des députés, toutes tendances confondues, au projet présenté et surtout la conviction générale de la nécessité d'un vote dans les meilleurs délais pour ne pas dire dans l'urgence. Nous avons démarré depuis mercredi matin la discussion des articles et donc le fond de la loi. Je suis sûr que le Parlement contribuera énormément à l'enrichissement du projet et je ne pense pas que nous aurons des divergences notables. Si tout se passe bien, ce nouveau Code de la route devrait voir le jour l'été prochain. Je pense que la volonté des parlementaires rejoint la nôtre dans ce sens. Nous avons, lors des débats généraux, vu l'intérêt qu'ils portent à la question de la sécurité routière. Je n'ai pas de doute sur notre courage politique à tous pour prendre cet engagement de lutte contre l'insécurité routière, puisqu'il y va de la sécurité de tous les citoyens. J'espère que nous allons éviter les fausses polémiques et l'exploitation politicienne pour mobiliser toute la classe politique sur un vrai travail politique autour de ce projet.
F. N. H. : Peut-on avoir une idée sur le budget alloué aux actions prévues en parallèle de la Journée nationale de la sécurité routière ?
K. G. : Il n'y a pas de budget spécifique dédié à cette Journée parce qu'elle est animée dans tout le Royaume et pendant une semaine. Mais pour vous donner un ordre de grandeur sur les budgets dépensés sur la sécurité routière, je donne à titre d'exemple le budget de sensibilisation de 50 millions de DH et l'investissement pour les 150 radars fixes qui est d'un peu moins de 70 millions de DH, comprenant l'acquisition, l'installation, les logiciels, la formation... Nous avons également mené des travaux importants sur les infrastructures, des actions de formation, de renouvellement du parc…
F. N. H. : La formation est un des principaux axes du plan stratégique de lutte contre l'insécurité routière. Quoi de neuf sur ce volet-là ?
K. G. : Il y a déjà eu en 2004 l'entrée en vigueur de la réforme du passage de l'examen théorique du permis de conduire, avec la mise en œuvre d'un test automatisé conforme aux standards internationaux pour plus de transparence. Le deuxième élément d'innovation sera apporté par le nouveau Code de la route qui apporte une réforme des auto-écoles. Dans ce sens, il est porteur de plus de professionnalisme au niveau de la formation des futurs usagers de la route. Toujours sur le plan formation, nous lançons à l'occasion de la Journée nationale de la sécurité routière la formation de 1.000 conducteurs de transport par autocars. De même qu'il est procédé à une différenciation entre l'enseignement de la conduite pour les usagers particuliers et les usagers professionnels qui suivent une formation plus approfondie avec des contrôles de connaissances périodiques, des contrôles de santés physique et mentale. Comme on va également le constater lors de la Journée nationale, les examens du Code de la route ne seront plus organisés en sessions communes. Dès juillet prochain, les candidats seront installés dans des box individuels et auront des épreuves individualisées pour éviter les fraudes.
F. N. H. : Pour conclure, que répondez-vous aux personnes qui soutiennent que la sanction ne fait qu'encourager la corruption ?
K. G. : Je ne suis pas d'accord avec cette thèse. L'augmentation des sanctions a pour rôle de rappeler aux usagers de la route que l'infraction est tout à fait évitable. Le paiement de l'amende doit être un événement exceptionnel qu'on évite de vivre, et c'est pour cela que dans le monde entier on fixe des amendes dissuasives dont le citoyen, quel qu'il soit, ressent très fort le poids. C'est malheureux d'avoir à rappeler, tout de même, que la règle pour les comportements des usagers de la route reste le respect de la loi et non l'acte d'entente avec un agent de contrôle sur «un montant raisonnable».
La lutte contre la corruption est un phénomène transversal contre lequel il faut se battre. Je renvoie la question à ces personnes qui ne lient l'augmentation de la sanction avec la corruption que dans le cas du Code de la route. Pourquoi ils n'en parlent pas pour tous les autres secteurs où l'Etat a mis des sanctions avec des amendes importantes comme les impôts par exemple ?
Ce qu'il faut savoir, c'est qu'à chaque fois qu'on vote une quelconque loi qui prévoit des sanctions, il y a un risque de son contournement par la corruption qu'il faut combattre.
Et aujourd'hui, au sein même du Code de la circulation, il existe un dispositif très important consacré à la lutte contre la corruption. Le meilleur exemple est donné par les radars fixes qui sont prêts à fonctionner sur le plan technique et qui éliminent complètement la relation entre l'agent de circulation et l'usager de la route. Ces radars devront entrer en service dès l’été, parallèlement à l'entrée en vigueur du nouveau Code de la route.


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