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Emigration clandestine : Les Subsahariens souffrent le martyre dans l'Oriental
Publié dans Finances news le 08 - 03 - 2007

* Une population de 800 à 1.500 clandestins subsahariens vivent dans les pires conditions dans l'Oriental.
* Raflés, dépouillés puis refoulés aux frontières avec l'Algérie, certains d'entre eux survivent à cette péripétie, d'autres meurent en proie à la fatigue et aux maladies, et certains préfèrent abréger leurs jours.
* À Oujda, des associations leur portent une aide précieuse, mais en toute discrétion, puisque aider les clandestins tombe sous le coup de la loi.
* Sur place, nous avons recueilli quelques témoignages sur un problème qui persiste.
Par où commencer pour décrire le drame humain que vivent les clandestins subsahariens au Maroc? Le mot drame suffit-il à bien illustrer la situation de ces êtres humains qui sont refoulés aux frontières avec l'Algérie ?
Les habitants d'Oujda et régions sont tristement témoins des opérations de refoulement dont font l'objet les candidats à l'Eldorado européen.
Rencontré sur place, un journaliste brosse rapidement le tableau : «Le mot d'ordre est clair ici : aucun contact avec les clandestins. Les autorités veulent couper les ponts entre ces sinistrés et la population pour qui le drame des Subsahariens rappelle celui des Marocains clandestins en Europe. Les autorités veulent mettre fin à cette sensibilité dont bénéficient ces personnes auprès des Marocains», explique ce journaliste ayant requis l'anonymat. Il faut dire que le sujet est tabou.
«On veut camoufler ce problème qui est très visible pour nous. Je pense personnellement que c'est un problème qui demande une solution urgente parce qu'on ne peut pas continuer à bafouer les droits de ces gens de façon si sauvage. Quand on prend un Subsaharien, qu'on lui enlève son portable, son argent, on le malmène et puis on dit à l'Europe qu'on fait du bon travail ; le Maroc est en train de jouer avec une bombe qui lui éclatera au visage», souligne-t-il faisant référence aux Organisations mondiales et Associations des Droits de l'Homme qui ne manqueront pas de soulever ce problème.
«Ici se conjuguent les effets de Médecins sans Frontières et de quelques Associations et bienfaiteurs qui bravent la contrainte juridique pour apporter aux clandestins nourriture, couvertures, habits et soins autant que faire se peut, mais leurs conditions de vie sont vraiment déplorables, terribles et indignes», conclut ce journaliste qui côtoie beaucoup de Subsahariens. Leurs vêtements, c'est la population et les associations qui les leurs procurent. Même quand on les refoule dans des cars, un chauffeur qui transportait des clandestins a affirmé que sa facture n'était pas encore payée. Les clandestins sont devenus une monnaie d'échange.
Un livre dédié au combat
des Subsahariens
Figure emblématique et acteur social de premier ordre, Joseph Lépine, le paroissien d'Oujda, a récemment publié un livre : «Un marché en liberté» où il relate les faits véridiques et le récit de Jean-Paul Dzokou-Newo, un Camerounais qui espérait rejoindre l'Europe. Jean-Paul a traversé le Nigeria, le Niger, l'Algérie, la Libye, puis via l'Algérie, il rejoint le Maroc d'où il essaye d'atteindre l'Europe à partir de Melilla. Mais sur les barrières de cette enclave, il chute, se blesse gravement. Jean-Paul subira une intervention chirurgicale d'urgence de la part de Médecins sans Frontières.
Son cas a nécessité une mobilisation complète pendant trois mois que lui offre le Père Lépine. Père Joseph lui a fait raconter son récit qu'il a livré dans son bouquin.
A la paroisse, Joseph Lépine décrit cette expérience : «C'est l'osmose entre deux êtres. C'est pour cela qu'on m'a dit que les mots de ce livre sont forts. Tellement forts que le lecteur sent la vérité de ce qui s'est passé et donc de la personne qui se livre dans ce livre pour parler de son itinéraire très difficile. C'est un homme qui apparaît aussi hors du commun par rapport à tout ceci. C'est une personne que j'ai accueillie en moi et sa vie est devenue mienne», souligne Joseph Lépine.
Il déplore ce manque d'écoute de l'Afrique à travers le monde. «On ne parle pas d'être humain, mais de clandestin. Qu'est-ce que l'on construit comme humanité ? Deux Subsahariens viennent de trouver la mort, dont un récemment à l'hôpital. Il avait 46 ans et tous les deux sont morts d'insuffisance rénale. Et pour cause, une vie difficile. A un moment donné, la mort vient et certaines fois nous en sommes malheureusement témoins, surtout l'hiver», déplore le Père Joseph.
Maintenant, la communauté va se mobiliser, ceux qui sont dans les bois et ceux qui font des études en toute légalité, pour honorer ces deux morts en leur donnant une sépulture et en prenant contacts avec leurs parents.
D'autres acteurs de la ville déplorent les refoulements qui ont repris depuis fin décembre 2006. Ils se souviennent encore de ces clandestins raflés dans la ville de Rabat. «On ne comprend pas comment on peut prendre des gens vivant à Rabat, qui ont une certaine sécurité de vie là-bas. On vient à 4 heures du matin, on les prend, hommes femmes et enfants, ont les refoule vers les frontières algéro-marocaines. Où est l'humanité dans tout cela ? Même les policiers, il ne faut pas faire d'amalgame, reçoivent des ordres et les exécutent. En même temps, on découvre que le policier ne comprend pas ce qu'il fait», nous explique-t-on.
«Il y en a qui se suicident, y en a qui meurent par manque de résistance, on a vu des filles qui ont été violées mais qui résistent encore pour vivre», et d'ajouter : «il y a trois semaines, on a vu entre 500 et 800 clandestins dans la région, mais c'est comme une horloge, ça va et ça vient. Des fois leur nombre peut atteindre 1.500 personnes».
Sur place, les membres de Médecins sans Frontières ont une forte présence et font un travail en urgence.
La communauté africaine d'Oujda
impuissante
La ville accueille une forte communauté d'étudiants venus de différents pays d'Afrique qui assiste impuissante à cette situation. «D'abord, j'aimerais souligner que la situation est très paradoxale dans le sens où c'est une réalité très complexe. Au niveau des attitudes des étudiants et du CETASSO ici à Oujda, cette situation nous interpelle dans le sens où demain certains d'entre nous serons appelés à occuper des postes de responsabilité dans leurs pays respectifs», explique Mongobe St Cyr, le secrétaire général du Cercle des Etudiants Africains du Sud du Sahara, à Oujda.
«En tant que futurs responsables, qu'est-ce qu'on pourrait faire pour essayer d'apporter certaines solutions à cette situation que nous vivons et que nous voyons? La seconde interrogation est que la problématique migratoire nous interpelle, surtout les conditions de vie de ces clandestins», poursuit-il. «Nos rapports avec eux se font avec des salutations, des sourires parce que c'est tout ce que nous possédons. Souvent, certains sont tellement gênés qu'ils ne peuvent pas regarder un migrant dans les yeux», conclut-il.
Des personnes bouleversées
On ne pouvait quitter Oujda sans partir à la rencontre des clandestins. «Mais il faut y aller avec beaucoup de discrétion, il ne faut pas qu'ils soient bousculés. Ils sont tellement secoués. On ne les écoute pas et en même temps ils n'ont pas l'occasion de parler parce qu'ils ne savent pas à quoi ça va servir», nous prévient-on.
En effet, beaucoup d'articles ont paru dénonçant les conditions inhumaines dans lesquelles se débattent les Subsahariens, mais rien n'a réellement changé pour eux, malgré le grand tapage médiatique qui a eu lieu en septembre/octobre 2005.
Trop discrets, les clandestins ne courent pas les rues, mais on les retrouvent dans les bois avoisinant le campus universitaire. Ils se méfient de notre présence, mais daignent échanger quelques phrases. «Je suis à Oujda depuis plus d'un an et au Maroc depuis deux ans, je vis grâce aux dons en riz et en couvertures que me donnent certaines associations. Il m'arrive aussi de mendier pour subvenir à mes besoins. Maintenant, je ne cherche plus qu'à rentrer au Nigeria, mon pays d'origine», explique un jeune homme de 30 ans pourtant amaigri par les conditions terribles de son existence. « Il y a ici des femmes qui allaitent, de jeunes enfants et des personnes malades. Non seulement on a été refoulé, mais de temps à autre, on reçoit la visite des autorités… », explique-t-il. Il a survécu au refoulement, aux bousculades à la frontière de Melilla, à la maladie, mais il ne supporte plus cette vie indigne qu'il mène. «Certaines associations nous ont expliqué qu'il y a une organisation internationale à Rabat qui aide les clandestins à regagner leurs pays d'origine. Mais nous n'avons pas le droit de prendre les transports en commun, ni aucun moyen pour atteindre Rabat au risque de nous voir refouler à la frontière». Ce jeune homme ne voit d'autre issue que de rester là et attendre dans la terreur. Une attente qui peut durer, car dans cette situation-là, on ne voit pas encore le bout du tunnel !


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