Une grande exposition pour un grand peintre

* Du 07 février au 04 avril, la Villa des Arts de Rabat accueillera une rétrospective de 40 ans de production de l’artiste Aïssa Ikken.
* «La poésie dans le sillage de la peinture» est le thème retenu pour cette exposition qui va durer près de 60 jours.
Grande figure de la peinture marocaine, Aïssa Ikken, âgé de 60 ans, ne semble s’identifier à aucun mouvement précis standardisé par avance. Comme le constate Abderrahmane Tenkoul, «la peinture de Aïssa Ikken est un véritable foyer de rêves, d’imageries et de représentations qui sont de l’ordre de l’incroyable. Un incroyable si proche pourtant de la réalité et qu’il semble suggérer telle qu’elle peut se manifester dans sa propre différence.
Aïssa Ikken se caractérise en effet par une haute maîtrise du geste pictural. Ses premières œuvres renaissent de motifs inscrits dans la mémoire visuelle de l’enfance : graphèmes et pictogrammes issus de la culture berbère disséminés dans l’espace du tableau par un principe de turbulence cosmique ou végétal. Marc Goutard, critique d’art, pense que la démarche de Aïssa Ikken s’est approfondie, entraînant une modification dans la technique de production des formes. «Avec le passage du petit au grand format, constate-t-il, et de l’encre à l’acrylique, les signes identifiables liés à la culture locale se sont dissouts pour renaître sous forme de symboles abscurcis par leur remontée à travers l’inconscient». «On pourrait déchiffrer, conclut-il, dans l’affrontement de signes, une sorte de désarroi du sens».
Le monde de Aïssa Ikken est fait d’interfaces, de va-et-vient entre le fantastique sublimé, mais combien maîtrisé, et l’interpellation de la mémoire.
Pour l’artiste «les signes berbères ont été nos premières empreintes, ils m’ont donné l’amour du dessin. Tout territoire porte un héritage qui ne meurt pas, mais évolue pour donner d’autres héritages. Tout se tient, tout est en un. C’est peut-être le sens de mon œuvre».