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Projet d’union pour la Méditerranée : Reste à en inventer «le Charbon et l’Acier»
Publié dans Finances news le 06 - 03 - 2008

Depuis son discours prononcé à Tanger le 23 octobre dernier appelant à la création de l'Union méditerranéenne , le Président Nicolas Sarkozy poursuit au pas de charge la promotion et la mobilisation en faveur de son projet: voyage éclair en Algérie en novembre ; réception en visite officielle à Paris en décembre du Président Kadhafi ; «Appel de Rome pour l’Union méditerranéenne» lancé conjointement avec les premiers ministres Prodi et Zapatero à la veille de Noël ; rencontres avec ses homologues égyptiens et jordaniens à la veille et au lendemain du Nouvel An.
La réalisation de l'Union pour la Méditerranée ( UM ) apparaît bien comme un des grands objectifs de politique étrangère du quinquennat. «Un rêve de paix et de justice et non pas de conquête...un grand rêve de civilisation...un grand rêve capable de soulever le monde», affirmait le Président dans son discours de Tanger .
Un rêve dont bien des écueils restent pourtant à franchir pour se transformer en réalité. C’est ce qui ressort des débats tenus à Marseille à l’occasion de la conférence internationale organisée par l’Institut Aspen qui réunissait une cinquantaine des dirigeants et d’acteurs du monde économique, politique, universitaire et culturel des deux rives de la Méditerranée. Si la quasi-totalité d’entre eux s’accorde sur la réalité d’un ensemble méditerranéen appelé à être plus et mieux intégré, et a donc approuvé le concept d’une Union pour la Méditerranée – «l’avenir de l’Europe se joue au Sud, sur ce plan Sarkozy a raison», affirmait un responsable politique espagnol - plusieurs voix se sont élevées pour mettre en garde contre un processus institutionnel dépourvu d’adhésion populaire. Un diplomate marocain, acteur historique et convaincu du rapprochement entre les deux rives de la Méditerranée, mettait en garde le représentant du Président Sarkozy pour l’Union méditerranéenne en affirmant qu’au lieu de nommer des sherpas pour mettre en œuvre le projet d’UM, il serait plus judicieux de susciter le soutien et la participation des Parlements nationaux, d’encourager la création d’un Forum conjoint des chefs d’entreprises ou la mise en place d’un Erasmus méditerranéen… Sans quoi l’Union méditerranéenne risque bien de ne recueillir qu’un soutien poli des dirigeants et populations de sa rive Sud, et de connaître l’enlisement du processus de Barcelone lancé en 1995, faute de vision capable d’entraîner l’adhésion et la mobilisation des peuples. Toutefois, il faut prendre garde à ne pas opposer les deux mais considérer l'UM comme complémentaire du processus de Barcelone, «l'enfant qui va lui redonner de la vitalité».
L’autre assise fondamentale d’un tel processus réside dans une croissance économique supérieure : « il faut passer de 4 à 7% », faute de quoi le rééquilibrage attendu ne se fera pas. Le rôle des entreprises est de prendre l’initiative : ce sont elles qui créeront les 20 millions d’emplois nécessaires d’ici 2020.
A ce titre également, le modèle est certainement à rechercher dans l’expérience des pionniers de la construction européenne et de retrouver l’esprit visionnaire du traité CECA et des premières étapes du Traité de Rome. « Qu’est-ce qui sera le charbon et l’acier de l’Union méditerranéenne ?» s’interroge un haut dirigeant d’une des Institutions européennes, insistant sur la nécessité de concentrer les efforts sur quatre à cinq projets concrets qui résonneront pour les opinions publiques. Et de proposer le développement d’un secteur bancaire et financier intégré, l’environnement et les investissements sociaux, notamment le logement, la santé et l’enseignement primaire. D’autres avancent la coopération urbaine, les infrastructures indispensables à l’intégration et qui permettront d’échanger les hommes, les marchandises et les services. Et la Méditerranée de retrouver cette fonction de «carrefour» telle que l’avait définie Braudel. Tâche indispensable lorsqu’on sait qu’à peine 0,4% des routes au sud de la Méditerranée sont des autoroutes, déplore un chef d’entreprise italien. D’autres encore considèrent que l’économie de la connaissance, les questions de sécurité, la protection et la valorisation de la mer seront le socle sur lequel construire cette Union pour la Méditerranée. En un mot, il faut «changer la géographie».
Sans oublier la dimension éminemment politique du projet et les obstacles interculturels : au cours des dernières années, la Méditerranée s’est plus caractérisée par la montée des ressentiments, de murs psychologiques que par l’émergence d’un système ouvert. «L’Europe doit avant tout valoriser l’attrait et les bénéfices de son soft power, en contraste avec le radicalisme des va-t-en guerre», recommande une universitaire marocaine. Or, la Méditerranée offre la plus grande pluralité culturelle qui soit au monde : comment ne pas la reconnaître dans les mêmes termes au Nord et au Sud, comment ne pas la transformer en potentiel de création dans tous les domaines politique, culturel, en matière d’organisation sociale, comme en matière d’organisation des entreprises.
Mais il faut alors travailler sur les différences, «trouver une manière commune d’en parler», sans quoi nous risquons «un désastre de communication». Il faut sortir de «l’inquiétude au Nord et de la désespérance au Sud».
Sinon, la Méditerranée deviendra centrifuge, les regards se tourneront vers des horizons plus lointains et plus nouveaux. Comment expliquer autrement qu’il y ait 20.000 Chinois à Alger et que dans ce pays, ils y réalisent 14 des 16 barrages en cours de construction ?
A l’évidence, les options sont nombreuses et variées. D’où la nécessité exprimée avec force autour de la table d’Aspen d’identifier clairement les priorités qui entraîneront l’adhésion et le soutien des populations. Ici encore la transposition avec les origines du processus communautaire pourrait s’avérer utile : à l’instar du Comité d’Action pour les Etats-Unis d’Europe créé par Jean Monnet en janvier 1956, réunissant responsables politiques, syndicalistes, intellectuels des six pays d’origine, véritable laboratoire dans lequel ont été pensés et conçus de façon collective les axes fondateurs de la Communauté Economique Européenne, les promoteurs de l’Union pour la Méditerranée seraient bien inspirés s’ils mettaient en place un processus ouvert et inclusif, reflétant la diversité des points de vue et dégageant un consensus pour l’action.
L’autre préalable au succès du projet d’Union pour la Méditerranée est la nécessité de favoriser l’émergence d’un leadership éclairé, de combler la fracture grandissante entre les élites et les sans voix. Des leaders formés aux bienfaits de la citoyenneté, de l’ouverture internationale, ayant mené une réflexion sur les valeurs. Des dirigeants qui aient le courage et qui sachent prendre le risque de mener, entraîner leurs concitoyens, de favoriser le partage des responsabilités, de faire confiance et investir dans la jeunesse, les femmes. De permettre à tous, au-delà de leur communauté, au-delà des frontières de leur pays, de s’exprimer, de se reconnaître, et de créer une identité partagée.
Assurément, le projet d’Union pour la Méditerranée voit juste et loin. C’est un concept dont chacun peut comprendre la nécessité. Le véritable enjeu, désormais, est de parvenir autour de grands thèmes mobilisateurs à créer ce bouillonnement, cette mobilisation des acteurs économiques, culturels, associatifs qui se reconnaîtront et voudront aller ensemble vers une véritable Union.


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