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Entretien : «Des mesures radicales s’imposent !»
Publié dans Finances news le 05 - 03 - 2009

* Les mesures sont venues tardivement car elles sont correctives.
* Le Maroc peut se targuer d’être en croissance en 2009, toutefois, il faut se méfier des généralisations.
* Les opérateurs ne peuvent pas condamner le plan anticrise sans l’avoir exploré. Et leurs suggestions sont les bienvenues pourvu qu’elles soient concrètes.
* Dans les moments de crise que nous vivons, il faut accélérer la cadence, se retrousser les manches et peut-être même sauter certaines étapes.
* Le Maroc peut s’en sortir de manière magistrale ou reculer aussi de manière magistrale, s’il ne se décide pas pour des options radicales.
* Le pays doit se doter d’une diplomatie économique, sinon il sera largement dépassé.
* L’analyse de Moulay Hafid Elalamy, président de la CGEM.
- Finances News Hebdo : On entend parler de plan anticrise, de plan de sauvetage, voire de plan de soutien. Finalement, où peut se positionner le plan d’urgence ?
- My Hafid Elalamy : Aujourd’hui, nous sommes dans une situation inédite au niveau mondial. Nous allons nous répéter en disant que la crise est profonde, sérieuse, inattendue, rapide…
Elle a frappé en quelques semaines des économies qui ont sombré. Le Maroc est un pays qui, par choix, a décidé d’être ouvert et ancré à l’économie mondiale et, à ce titre, il en bénéficie lorsqu'elle est en croissance; et il est tout à fait normal qu’il soit touché lorsque l’économie mondiale est en crise.
Il faut reconnaître que cela a pris du temps pour que tout le monde puisse se regarder dans un miroir et constater qu’il y a une baisse dans certaines activités. Une fois ce constat réalisé, nous nous sommes rapprochés du gouvernement afin de voir ce que nous pouvions mettre en œuvre pour faire face à cette situation. D’où l’adoption de ce plan. On peut l’appeler sauvetage, encouragement, soutien… Tous les termes sont bons. L’essentiel est que ça puisse guérir un mal qui nous est transmis par nos partenaires.
- F. N. H. : Mais est-ce qu’on n’a pas attendu un peu trop longtemps avant de se décider, enfin, à se regarder dans le miroir ?
- M. H. E. : La réponse est probablement oui; nous avons été tous surpris par la force de la crise mondiale dans le secteur financier et le fait que le Maroc ait été complètement épargné. Or, cette crise a contaminé le secteur industriel; et c’est là que les choses ont changé. Certains voyaient la crise arriver et étaient catalogués de pessimistes. D’autres étaient optimistes de façon structurelle et, parmi eux, certains étaient tactiquement optimistes en avançant qu’il ne faut pas saper le moral des opérateurs. Ces mesures sont donc venues tardivement car elles sont correctives. Elles sont destinées à résoudre une partie des problèmes constatés. Raison pour laquelle il faut rester vigilant et anticiper, car la crise mondiale n'a pas fini de sévir.
- F. N. H. : En dépit de l’évolution du contexte, certains hauts responsables déclarent que le Maroc développe une capacité de résistance. Ils avancent comme arguments des indicateurs macroéconomiques sains (budget équilibré, recettes fiscales en progression, baisse de la dette publique..). Qu’en pensez-vous ?
- M. H. E. : Tout cela est vrai d’un point de vue macroéconomique. On ne peut pas nier que le prix du pétrole a baissé. Comparé au reste du monde, le Maroc va économiquement bien et a une chance inouïe. Le Royaume peut, en effet, se targuer d’être en croissance en 2009. Toutefois, il faut se méfier des généralisations. Il faut démonter cette croissance pièce par pièce pour voir qu’elle est importante dans certains secteurs et négative dans d’autres. Aujourd’hui, le gouvernement a ajusté sa vision.
- F. N. H. : Pensez-vous que le taux de croissance annoncé pour 2009 est réalisable ?
- M. H. E. : Tout à fait. Notre pays a ses avantages et ses inconvénients. Il arrive que ses avantages deviennent ses inconvénients et vice versa. Aujourd’hui, nous avons été épargnés par la crise financière parce que nous sommes dans une configuration de contrôle des changes qui, dans l’état actuel des choses, nous a été profitable. Par ailleurs, la pluviométrie nous a été salutaire. Nous avons souvent espéré une déconnexion de l'agriculture, mais aujourd'hui ce secteur constituera l'essentiel de la croissance.
- F. N. H. : Beaucoup estiment que les mesures contenues dans le plan anticrise sont intéressantes, mais que le processus de leur mise en place peut poser problème. Notamment le temps qu’il faudra pour le comité d’étudier les dossiers et, surtout, le déblocage du financement en aval. Est-ce justifié ou bien y a-t-il des entrepreneurs qui cherchent à surfer sur la vague de la crise ?
- M. H. E. : Il y a de tout ! Au Maroc comme ailleurs, je n’ai pas encore vu, dans le monde, un pays où chaque fois qu’il y a des mesures, les entrepreneurs n’essayent pas d’en profiter.
Maintenant, à nous de mettre en place des process rapides. S’ils ne le sont pas assez, il faut les modifier, mais il ne faut pas condamner le système avant de l’avoir exploré. Le plan anticrise est une option concrète aujourd’hui.
- F. N. H. : Dans ce contexte d’urgence, pensez-vous que le comité d’étude de dossiers aura la réactivité nécessaire pour apporter une solution rapide aux attentes des entreprises ?
- M. H. E. : La réponse est oui ! Parce qu’il ne suffit pas d’y croire, mais d’y travailler et d'agir quand il y aura le moindre retard. Le cas échéant, nous amenderons le mécanisme qui fera défaut.
Il faut être actif. Chacun doit faire un travail d’analyse de ce qui peut ne pas marcher, mais surtout suggérer et faire des propositions pour régler les problèmes. Il faut adopter une démarche cartésienne, argumenter et, surtout, proposer des solutions. C’est ainsi que nous procédons au sein de la CGEM.
- F. N. H. : En parlant de propositions, que pensez-vous de celle d’ Adil Douiri qui suggère une aide financière directe aux entreprises ?
- M. H. E. : Toutes les propositions sont bonnes à prendre ! L’idée d’une aide directe mérite d’être étudiée, nous y avons travaillé avec le ministère des Finances bien avant. Cette proposition et bien d’autres sont à l’étude. Je ne suis pas d’accord sur tous les points et j’ai donné mon point de vue.
Mais, il est intéressant que des personnes ou des associations prennent la peine de travailler sérieusement et de proposer des solutions ou des sujet de réflexion. Il faut en avoir encore plus.
- F. N. H. : Le Centre Marocain de Conjoncture a également avancé le concept de Pacte national pour la croissance, l’idée sous-jacente étant de regrouper tous les programmes sectoriels avec des objectifs communs, histoire d’accorder les violons. Partagez-vous cette idée de créer un fil conducteur entre tous les programmes lancés ?
- M. H. E. : La CGEM l’avait proposé il y a un an et demi. Nous avions même travaillé avec un cabinet international sur une démarche d’intégration des contrats-programmes réalisés. Il y a certainement un travail complémentaire à faire. J’ajouterai un commentaire : nous constatons, depuis peu, une meilleure articulation de ces contrats-programmes, et plus de travail d’équipe entre les différents départements ministériels. On dirait que les uns et les autres trouvent leurs marques et travaillent mieux ensemble.
Pour répondre à votre question : oui, il faut une vision stratégique qui englobe le tout.
- F. N. H. : Mais certains secteurs ne disposent ni de vision, ni de contrats-programmes…?
- M. H. E. : Aujourd’hui, les verrous sont identifiés. Tout d’abord, notre pays souffre d’une lenteur de l’Administration : le cerveau fonctionne bien, le flux nerveux est bel et bien transmis, mais parfois on constate que le corps ne réagit pas. Nous avons encore des choses à améliorer pour que notre croissance s’accélère. Si l’Administration bloque, il faut agir, la corriger, la réformer, voire la casser pour la consolider dans le bon sens. Ceci dit, il faut le reconnaître, nous avons des administrations qui ont énormément évolué. C’est le cas notamment de la Douane. Mais tous les départements ne sont pas au même niveau et il y a encore du chemin à parcourir. Ce qu’il faut bien retenir, c’est que ni le privé ni le public ne peuvent s’offrir le luxe de gaspiller la denrée la plus précieuse : «Le Temps» ! Dans les moments de crise que nous vivons, il faut accélérer la cadence, se retrousser les manches et peut-être même sauter certaines étapes.
- F. N. H. : Comment sortir alors indemne de cette crise ?
- M. H. E. : Nous pouvons en sortir de manière magistrale parce que nous disposons réellement de potentialités étonnantes et parce que nous sommes capables du meilleur. Pour cela, il faut régler nos problèmes en les affrontant et prendre son courage à deux mains, sereinement et fermement…
En adoptant cette attitude, nous bénéficierons de cette crise internationale et nous serons un des réceptacles de la croissance mondiale.
A contrario, si cette crise nous tétanise davantage et que nous, public et privé, nous passions au mode passif, les impacts pourraient être à notre désavantage.
- F. N. H. : Mais les opérateurs se plaignent de l’absence d’une diplomatie économique pouvant les accompagner à l’international…
- M. H. E. : Certains ont choisi de se doter d’une diplomatie économique; cela demande beaucoup de moyens. J’espère que nous y arriverons un jour. Nous avons évoqué avec les banques marocaines la possibilité de former nos conseillers économiques à l’économie marocaine. Elles sont prêtes à le faire. Un conseiller économique en poste doit «tout» savoir sur son économie et tout apprendre de l’économie du pays d’accueil.
Voyez un peu autour de nous les conseillers économiques d’autres pays installés au Maroc, ils savent beaucoup de choses sur notre économie. C’est parfois étonnant, ils décortiquent l’économie du pays d’accueil et en tirent la quintessence pour leurs pays. Nous n’avons pas encore cela. Il ne faut pas baisser les bras !
- F. N. H. : D’ailleurs, le Maroc ne dispose pas de chambres de commerce à l’étranger…
- M. H. E. : Nous n’en avons pas les moyens encore. Notre diplomatie devra disposer à terme d’une structure économique solide, et les opérateurs doivent, eux aussi, être plus solides à l’international.
Le développement économique est un corps en mouvement qui doit être synchronisé. La diplomatie économique est essentielle, et la capacité des opérateurs nationaux à se développer à l’international est son pendant. En tant que CGEM, nous sommes disposés à accompagner toute initiative, mettre à disposition des correspondants dédiés au sein de la CGEM et à partager nos bases de données.
Je comprends que cela demande des moyens importants, mais il faut allouer des budgets à ce volet que nous avons jusqu’à présent négligé. Nous devons rattraper ce retard.
- F. N. H. : Pour rester dans l’international, quelle est, selon vous, la portée du Statut avancé pour notre économie, sachant que les pays partenaires sont en récession ?
- M. H. E. : Il ne faut jamais analyser les projets structurels de manière conjoncturelle. La récession n’est pas là pour 50 ans; le Statut avancé l’est ! Un travail remarquable a été fait dans le cadre de ce statut; c’est un véritable avantage pour notre pays. Alors, il ne faut pas s’autoflageller, mais bien reconnaître les choses quand elles sont faites correctement. Ce statut est donc un excellent point pour nous. Sur le volet export, vers l’UE, il faut analyser très précisément la situation de nos partenaires, leur état de santé, leurs besoins et leurs besoins futurs. Si, par le passé, nous avions pris des décennies pour cerner les besoins de ces pays de manière intuitive au fil du temps, aujourd’hui, nous savons que ces pays vont changer leur consommation, leur type de partenariat …
Pour s’en sortir intelligemment (et nous allons nous en sortir, de toute façon), il faudra se doter des moyens pour étudier ces pays et anticiper sur leurs besoins. La crise est une réelle opportunité pour ceux qui travaillent ! Je suis convaincu que notre pays dispose d’une panoplie d’atouts non encore exploités.


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