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Santé : Dans les couloirs des urgences…
Publié dans Finances news le 04 - 03 - 2010

* Les services d’urgence de certaines cliniques privées sont désertés.
* Les médecins des cliniques n’y résident pas en permanence, mais arrivent de leur cabinet, si c’est le jour, d’où le long temps d’attente.
* Paradoxalement, ceux des hôpitaux publics sont littéralement assaillis.
* Les hôpitaux connaissent une présence permanente des médecins de jour comme de nuit, en plus des internes.
* A Rabat, malgré le foisonnement des structures sanitaires hautement qualifiées, la prise de rendez-vous relève du parcours du combattant.
* L’hôpital Cheikh Zaid est organisé comme une multinationale d’où son efficacité. Il faut néanmoins avoir les moyens pour y être admis.
* Tu vis, tu paies ; tu meurs, tu paies quand même.
S’il y a une expérience à ne pas vivre au Maroc c’est bien celle des urgences car elle peut s’avérer périlleuse, voire fatale. Pour être à la lumière de ce qui se passe dans quelques urgences, à la fois d’hôpitaux publics et de cliniques privées, on s’est improvisé malade le temps de deux soirs successifs à Rabat et à Casablanca, les deux poumons économique et administratif du Maroc. Mais également, les deux villes qui sont dotées de structures sanitaires de différentes spécialités. Les deux villes sont bien loties comparativement à d’autres qui manquent parfois des structures les plus rudimentaires.
Honneur à Casablanca, la capitale économique grouille d’hôpitaux et de cliniques mais est-ce assez pour une ville qui connaît la plus grande concentration démographique au Maroc ?
La visite démarre par une clinique en plein centre-ville. La jeune fille au comptoir de ces urgences, bien qu’elle porte une blouse, n’est pas une infirmière, elle a du mal à comprendre ce que nous faisons ici ni la nature du problème. Elle va chercher une infirmière qui nous pose un tas de questions et nous demande de prendre place. Il faut dire que la salle est archivide, on ne se bouscule visiblement pas au portillon de cette clinique.
Et nous en découvrirons la cause rapidement car la première chose qu’on nous demande est si nous disposions d’une mutuelle et d’un chèque de garantie au cas où il y aurait besoin d’une intervention ou d’une analyse.
L’infirmière revient une demi-heure plus tard, avec un médecin de la clinique. Ce dernier nous fait entrer dans la salle de consultation. Elle est assez austère et ne dispose pas de matériel médical. Le médecin ne dispose que de son stéthoscope, d’un stylo et d’un carnet d’ordonnances.
Expérimenté, il pose un tas de questions sur ce terrible vertige et des nausées dont souffre l’une de nous. Le médecin se met d’abord à ausculter les yeux, les oreilles, la bouche, palpe le ventre, prend le pouls… Tous les indicateurs semblent normaux (eh oui, nous avons feint la maladie).
Mais, il décide d’avoir le cœur net et pose à la malade des questions sur son habitude alimentaire puisqu’il soupçonne une intoxication alimentaire.
Le médecin préfère procéder à une série d’analyse et de tests, mais il est arrêté net dans sa course puisque la malade se sentait subitement mieux et se rappelait bizarrement avoir ingurgité un gratin de crevettes. Après s’être fait sermonner par le médecin, celui-ci décide finalement d’administrer un médicament à la malade pour calmer les nausées et lui prescrit d’autres médicaments. Il nous met quasiment dehors, sans nous fixer un rendez-vous de contrôle. On s’en tire à 300 DH pour frais de consultation.
La visite se poursuit mais cette fois-ci dans une autre clinique au cœur du Maârif. Même mise en scène, mine effarée, prétextant douleur au ventre, vertige et nausées, nous nous introduisons dans les urgences qui se trouvent au sous-sol de la clinique.
Il n’y a pratiquement aucun patient en cette journée pluvieuse. Mais un médecin est vite averti de notre présence. Après avoir ausculté la malade « imaginaire », il propose de faire une batterie de tests arguant que le vertige peut avoir plusieurs causes dont le diabète, la tension artérielle, l’anémie …
Écartée la piste du diabète après un dépistage sur place, il hésite entre le cholestérol et l’hypertension…
Il suggère une hospitalisation pour garder la malade sous surveillance si son état est critique mais également pour que l’ORL puisse l’ausculter. Ce dernier étant actuellement dans sa clinique, ne se déplace que pour les urgences et les interventions chirurgicales. Les analyses demandées pouvant être effectuées dans un laboratoire externe, nous informons le médecin urgentiste que nous préférons les confier à un laboratoire de notre choix.
Hôpitaux publics : le capharnaüm
L’aventure se poursuit mais cette fois-ci dans l’un de plus grands quartiers de Casablanca. Quartier plus peuplé ne rime pas avec hôpital public plus équipé. Bien au contraire, l’entrée aux urgences est envahie de malades et de leurs accompagnateurs. Difficile de se repérer dans un cafouillis pareil. Un contraste surprenant avec la salle d’attente dans les urgences des cliniques privées. Une vraie scène d’horreur !
Les malades et blessés se comptent par dizaines. Les infirmiers sont assaillis de questions et doivent aider et diriger les malades vers les spécialités, les laboratoires et salles de radio.
Une longue fille est postée devant le guichet parce qu’il faut bien payer pour être ausculté… sauf, comme le souligne un médecin interne, pour les cas extrêmement critiques. «Et des cas pareils défilent par centaines chaque jour. Et souvent les malades attendent la dernière minute pour consulter, ce qui aggrave leur cas. De même que la plupart arrive la nuit», confie-t-il.
«Mais les pires patients sont ceux qui viennent des zones périphériques. Pour eux, une visite médicale passe inéluctablement par une injection et une radio des poumons, ce qu’ils appellent «tswira dial sder». Ils sont également difficiles à convaincre quand il s’agit de leur mettre des points de suture», lance-t-il un sourire aux lèvres. Mais, son visage devient aussitôt sérieux à l’arrivée d’une femme enceinte perdant ses eaux. On la dépose sur un brancard et elle est vite conduite en salle d’accouchement.
Questionné, un infirmier nous assure qu’il arrive souvent que des femmes du milieu rural arrivent ici dans état critique, souvent parce que les sages-femmes n’ont pas pu les délivrer rapidement. « C’est la pire punition pour un médecin de garde car souvent ces femmes n’ont jamais consulté un gynécologue et le médecin dispose de peu de temps pour réagir. Malheureusement, dans certains cas on perd la mère ou l’enfant et ce n’est pas facile de l’apprendre à la famille qui souvent nous pointe du doigt», soupire-t-il. Les malades continuent d’affluer et beaucoup d’accidentés de la route arrivent tout en sang. Infirmiers et médecins sont vite débordés. Certains malades perdent patience et ne leur ménagent pas leurs invectives.
Une vieille femme se voit dans l’obligation d’aller à la pharmacie acheter un tas de médicaments et des pansements pour son fils blessé dans un accident de la circulation. Le parent d’un autre blessé voit sa facture monter en flèche puisque son enfant sera opéré, ayant subi de multiples fractures à la jambe. Les deux mains jointes, il semble remercier Dieu que son fils soit resté en vie. L’homme semble modeste, mais se dirige pratiquement en courant vers la sortie. «Déjà, il fallait le transporter dans un état lamentable pour aller faire un scanner puisque celui de l’hôpital ne fonctionnait pas et maintenant, on m’accable de tant de demandes comme si je roulais sur l’argent», rouspétait-il.
Le spectacle est apocalyptique : des femmes qui pleurent, des vieux ayant du mal à contenir des gémissements de douleur, des blessés comme s’ils revenaient de guerre et une odeur infecte qui emplit cet endroit.
Le cœur très lourd, nous nous dirigeons vers la sortie. Les sirènes d’une ambulance retentissent au loin. Et en un rien de temps, elle entre en vitesse dans l’enceinte juste devant les urgences. Les ambulanciers dégagent de là une jeune fille inanimée sur un brancard. Ils l’introduisent rapidement dans la salle d’intervention. L’ambulancier explique au médecin que son pouls et faible et qu’elle ne respire plus.
Les portes se ferment. Et pendant plusieurs minutes, il règne un silence terrible dans la salle d’attente. Même les bébés ne pleuraient plus.
Les minutes s’écoulent lentement. Des gendarmes se dirigent vers la salle d’intervention. Un gardien nous explique rapidement ce qui se déroulait sous nos yeux. La fille, 23 à 24 ans, est originaire d’un patelin sur la route d’Azemmour. Elle regardait la télévision chez elle, elle s’est levée pour aller à la salle de bains quand elle s’est affaissée devant sa famille. Elle était sans connaissance quand les ambulanciers sont arrivés et ils ont préféré avertir la gendarmerie.
Le médecin de garde sort à la rencontre de la famille. Leur fille est morte. Il leur a expliqué qu’il a pratiqué un massage cardiaque mais son cœur s’était déjà arrêté de battre dans l’ambulance. Comme c’est terrible de voir la douleur des parents. Les gendarmes posent des questions au médecin pour établir la cause du décès. Mais il faudra attendre le verdict de la morgue.
Un témoin, certainement un habitué des lieux, nous explique que dans certaines urgences marocaines les services de réanimation font défaut. Les médecins ne peuvent intuber et ne peuvent in fine que prier pour les patients qui arrivent dans un état grave faute de moyens et de matériel.
Une sensation de malaise s’empara de nous, il était vraiment temps d’aller prendre une bouffée d’air frais.
Rabat mieux lotie
Rabat semble être mieux lotie que la capitale économique. Les R’batis ne tarissent pas d’éloges sur l’hôpital Souissi, l’hôpital militaire, l’hôpital Cheikh Zaid, la clinique des Nations Unies… Bref, il existe bel et bien des porte-étendards dans la capitale.
Mais, un tour sur place montre que tout n’est pas rose. Loin de là ! Comme l’explique une patiente rencontrée au CHU de Rabat, si à Casablanca il faut faire sonner les pièces de monnaie, ici, on est sensible au coup de piston. Ainsi, il faut avoir une influente connaissance pour voir toutes les portes s’ouvrir.
« Ce sont surtout les infirmiers qui présentent le premier obstacle. Soit ils te facilitent la tâche, soit il te pourrissent la vie », poursuit-elle.
En effet, « le cirage » en arabe ou le pot de vin en français, semble être une pratique courante, selon les dires de cette patiente.
Mais, elle se félicite de la qualité des professeurs et des spécialistes qui travaillent au CHU. « L’avantage des CHU est qu’on a droit à la crème de la crème des médecins et chirurgiens », conclut-elle avant de suivre une infirmière venue la chercher pour un scanner. En effet, ici « travaillent » ceux qui forment les médecins marocains. Beaucoup de professeurs ont obtenu des distinctions internationales.
Un autre patient n’est pas de son avis. Il estime que les délais d’attente aux CHU sont intenables surtout quand on souffre d’une Affection Longue Durée. « Et puis, il faut être bien pistonné pour avoir un rendez-vous », nous jure-t-il.
La ville reçoit des malades de toutes les régions avoisinantes et même de Casablanca. Le manque de moyens est moins flagrant dans les CHU. Mais une visite dans un petit hôpital de quartier, montre que la ville dispose de ses «points noirs» sanitaires, aussi. Cet hôpital ne dispose pratiquement d’aucun matériel d’intervention en cas de blessure grave ou d’intoxication grave. Selon un jeune du quartier, le petit hôpital ne dispose même pas d’une bonbonne d’oxygène. Les médecins, généralistes pour la plupart, établissent seulement les diagnostics des maladies courantes comme la grippe, les angines, les toux … et dès qu’ils ont un cas critique, ils l’orientent vers une structure spécialisée.
Sur la route de Hay Riad, quelques mètres plus loin que l’IRCAM et Madinat Al Ifrane, est érigé l’hôpital Universitaire International Cheikh Zaid. Il regroupe toutes les spécialités. Son service des urgences est plutôt petit vu la taille de l’hôpital et surtout vu l’affluence importante qu’il enregistre. Mais, comme le souligne un infirmier, la taille ne compte pas puisque le passage par le service des urgences doit être court. En effet, le médecin de garde procède rapidement, ausculte le malade et est souvent assisté par un médecin en imagerie.
Les analyses se font sur place ainsi que les scanners, radios… tout. En cas d’un besoin urgent d’opérer, le chirurgien est vite dépêché sur place. Le malade étant au préalable préparé par l’équipe formée du médecin, d’infirmiers et d’assistantes. Ici, on gagne beaucoup de temps, ce qui peut réellement sauver des vies.
Mais pour cela, il faut passer à la caisse. Les frais médicaux doivent être réglés sur place ainsi que les analyses, soit en espèces soit par chèque. Les services administratif et financier de l’hôpital sont aussi grands que le siège d’une banque avec plusieurs guichets. Ici, on ne badine pas avec l’organisation.
On est vraiment loin du guichet «unique» de l’hôpital public où le caissier vous demande d’aller chercher la monnaie avant de vous donner un ticket pour accéder aux soins même si vous êtes plié en deux. Mais tout le monde n’a pas les moyens d’accéder aux services des grandes structures privées.
Moralité de l’histoire, il n’existe pas un standard de soin au Maroc puisque la qualité des services diffère d’une structure à une autre. Parfois les structures privées sont plus performantes que les structures publiques. Mais parfois aussi, certaines cliniques surtaxent les patients pour des soins médiocres qui peuvent même leur coûter la vie. Alors, avant de vous rendre aux urgences, chose qu’on ne vous souhaite pas, il faut vraiment bien réfléchir où se rendre. Réfléchissez-y avant d’être contraint d’y être. Votre vie en dépend.


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