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Entretien : «Le Maroc peut assumer un déficit «soutenable» allant jusqu’à 4/5% du PIB»
Publié dans Finances news le 23 - 09 - 2010

* La réhabilitation d’un plan pour redéfinir la stratégie nationale du pays s’avère nécessaire pour éviter les déperditions budgétaires.
* Face à cette crise, les pouvoirs publics sont exhortés à poursuivre un certain nombre de réformes essentielles et à proposer des mesures innovantes, afin de sortir de la logique comptable limitée et dépassée.
* H. El Malki, président du Centre Marocain de Conjoncture, décortique les enjeux des Assises sur la croissance.
- Finances News Hebdo : Le CMC propose la tenue d’Assises sur la croissance. Jugez-vous le moment opportun pour la tenue d’un tel événement, et quelle sera sa principale valeur ajoutée pour notre économie ?
- Habib El Malki : L’idée d’organiser des Assises nationales sur la croissance n’est pas nouvelle, ni fortuite. Le CMC a toujours proposé d’organiser une réflexion et un débat autour de la problématique de la croissance. Mais le contexte économique a changé ces dernières années avec la crise mondiale ; ce qui implique une réflexion approfondie sur la stratégie économique que doit mener le Maroc et la politique budgétaire qui en découlerait.
On constate, ces dernières années, que les « marges de pensée » se sont fortement réduites. La question des finalités est reléguée au second plan. Les politiques économiques s’inscrivent plus dans la logique du pilotage à vue que dans celles des réformes. Jusqu’à présent, le monde a évolué dans le confort du prêt-à-penser, sans nouvelles perspectives.
Paradoxalement, la situation liée à la crise n’a pas provoqué les ruptures attendues entraînant des changements dans la démarche, la pensée, et le modus operandi. Au contraire, nous constatons qu’il y a réhabilitation, au nord comme au sud, des vieilles recettes telles que le recours systématique à l’austérité. L’objectif de rationalisation de la dépense publique, louable en soi, à travers l’austérité budgétaire, ne doit pas être une fin en soi, dictée par les circonstances, mais plutôt un moyen de mettre en place les jalons d’une bonne gouvernance publique. Elle-même devant constituer l’un des volets d’une réforme de l’Etat que tout le monde appelle de ses vœux.
Aussi, la tenue d’«Assises nationales sur la croissance» aurait le mérite de définir un cadre de réflexion stratégique sur le choix de politique budgétaire et, de manière plus globale, sur les perspectives de croissance de l’économie nationale, sur une base globale et sectorielle. La réhabilitation du Plan, qui n’existe plus depuis plusieurs années, est fortement souhaitable. Son rôle serait de définir le cadre global de la stratégie économique du pays dans lequel se fondraient, de manière cohérente et convergente, les différents plans sectoriels mis en place depuis quelques années. Et cela afin d’éviter les effets de déperdition. Le Maroc a réussi à accumuler une riche expérience, faisant émerger un modèle de croissance fondé sur les grands travaux d’infrastructure. Il est donc opportun d’en parler pour faire converger les positions en vue d’une plus grande mobilisation nationale.
- F. N. H. : Comparativement aux autres organismes (DEPF, BAM, HCP…), le CMC table sur un taux de croissance inférieur de l’ordre de 2,8% pour l’année 2010. Peut-on savoir à quoi est due cette divergence de taux entre les différentes institutions ?
- H. E. M. : Tout d’abord, il est important de signaler que ce taux de 2,8% a été revu à la baisse par rapport à ce que prévoyait le CMC il y a quelques mois encore (3,2%). La raison est le changement opéré au niveau de certains facteurs déterminants du profil de croissance.
Le premier facteur est le fléchissement de la demande étrangère, spécialement celle en provenance des principaux pays partenaires du Maroc, à savoir la France et l’Espagne. La raison est la cure d’austérité que vont s’imposer la plupart des pays de la zone Euro à partir de cette année, après la mise en place des couteux plans de relance de 2008/2009. En conséquence, le taux de croissance moyen des économies européennes ne devrait pas dépasser 0,8% ; ce qui aura immanquablement des conséquences sur les exportations marocaines. Le second facteur est le repli du secteur agricole après la production record de l’année 2009. Aujourd’hui, les prévisions relatives à la récolte céréalière sont quasiment arrêtées et les chiffres officiels du ministère de l’Agriculture avancent une production de l’ordre de 75-80 millions de quintaux. Chiffre se situant en nette baisse par rapport à la production de 2009.
Le troisième et dernier facteur d’importance est l’impact des intempéries qui ont frappé le pays durant l’hiver dernier sur l’évolution du PIB. D’après une étude du CMC visant à évaluer les coûts de ces inondations sur l’homme, la nature et l’activité économique, celles-ci devraient occasionner une perte estimée à 0,7% du PIB. La simulation a pris en considération la détérioration d’importantes infrastructures de production, et la perte de production et de valeur ajoutée dans les secteurs affectés.
De manière plus générale, la tenue d’Assises de la croissance évoquées précédemment serait l’occasion, pour l’ensemble des institutions spécialisées dans l’analyse de la conjoncture nationale, de débattre sur les modèles de prévision de la croissance.
- F. N. H. : Les mesures d’urgence adoptées par plusieurs économies, y compris le Maroc, au lendemain de l’éclatement de la crise financière internationale, ont permis de les sauver du pire. Mais ces mesures se sont traduites par une détérioration des déficits budgétaires et une pression sur la dette. Quelle est la politique budgétaire qui sera plus adaptée à l’année 2011, tout en tenant compte de la soutenabilité du déficit budgétaire ?
- H. E. M. : Face à la crise mondiale qui sévit depuis 2 ans, les économies occidentales ont adopté dans un premier temps, courant 2009, des politiques de relance d’inspiration keynésienne afin de doper la consommation en berne. Devant l’ampleur des déficits engendrés par cette politique, ces même pays ont, dans un second temps, à partir du début de 2010, adopté des politiques d’austérité afin de circonscrire les déficits publics. La juxtaposition, dans un laps de temps très court, de deux politiques budgétaires aux logiques et aux effets contraires, démontre l’absence de vision à long terme des dirigeants, et surtout le retour en force du marché et des agences de notation pour lequel déficit et risque souverain vont de pair. La crise grecque le montre bien. Le Maroc, de son côté, a maintenu le cap fixé par la Loi de Finances 2010, c'est-à-dire un certain volontarisme budgétaire destiné à soutenir la croissance. L’économie marocaine, économie émergente, présente d’importants gisements de croissance ; c’est la raison pour laquelle le projet de budget pour 2011 devra tenir compte de ces opportunités qui s’offrent au Maroc, mais également des contraintes qui s’imposent. Dans ces conditions, nous pensons que le projet de budget pour cette année doit être dans la continuité de celui de l’année précédente. Le Maroc peut assumer un déficit «soutenable» allant jusqu’à 4/5% du PIB à la condition que le niveau d’investissement public soit maintenu, et que des réformes profondes au plan de la fiscalité et de la compensation soient entreprises. Nous y reviendrons.
- F. N. H. : Au cas où les pouvoirs publics adopteraient une politique d’austérité pour atténuer ce déficit, quel pourrait être l’impact sur l’année 2011 ?
- H. E. M. : Comme nous l’avons évoqué, que signifie un déficit d’une moyenne de 4% pour une économie telle que le Maroc où la pauvreté a tendance à augmenter ces dernières années, et où les besoins dans des domaines sociaux cruciaux (éducation, santé, etc.) ne cessent d’augmenter ? De ce fait, le maintien du volontarisme budgétaire est le choix le plus pertinent, d’autant plus que le Maroc est devenu éligible sur les marchés financiers internationaux. Un emprunt international destiné à financer la poursuite des grands projets d’infrastructure avec un contrôle sévère, contribuerait à faire de 2011 un budget de croissance. Mais dans le même temps, l’Etat devra trouver des pistes afin d’améliorer le contrôle sur l’utilisation des deniers publics, et trouver des pistes afin d’augmenter les recettes publiques à travers un certain nombre de réformes. Mais en tout état de cause, un budget d’austérité ne pourra avoir qu’un impact défavorable sur l’économie marocaine et la croissance dans un contexte de sortie de crise déjà difficile.
- F. N. H. : A l’occasion de l’élaboration de chaque Loi de Finances, on entend toujours parler des mêmes requêtes, à savoir la baisse des impôts phares (IS, TVA, IGR). Ne pensez-vous pas qu’il est temps de réfléchir à d’autres mesures plus innovantes ?
- H. E. M. : Cette année, le contexte économique national étant marqué par la crise, l’impact de celle-ci sur le budget de l’Etat s’en ressentira de manière certaine. Nous assistons en effet à une détérioration des déficits budgétaires, depuis quelque mois déjà. S’agissant des causes, vous avez mentionné l’impact des plans de soutien à certains secteurs, mais il faut également mentionner la baisse des recettes fiscales, et cela malgré l’élargissement de l’assiette fiscale, et surtout le poids insoutenable de la Caisse de compensation sur le budget de l’Etat. Dans ces conditions, l’Etat ne dispose que de peu de portes de sorties «comptables» dans la mesure où le nombre d’entreprises à privatiser est restreint et où une hausse de l’imposition semble exclue. Alors que faire dans ces conditions ?
Nous pensons, au CMC, que les pouvoirs publics, devant cette « crise » du budget, ont une opportunité afin d’entamer ou de poursuivre un certain nombre de réformes essentielles et proposer des mesures innovantes afin de sortir de la logique comptable, limitée et dépassée.
- F. N. H. : Quels types de réformes, d’après-vous ?
- H. E. M. : La première direction est la poursuite de la réforme fiscale. Celle-ci devra être globale, juste et équitable. Les objectifs fondamentaux doivent être l’amélioration du pouvoir d’achat de la classe moyenne, la baisse de la pression fiscale sur les PME/PMI et les TPE, principaux vecteurs de croissance de l’économie, et le soutien à de nouveaux gisements de croissance. Pour ce faire, l’équité fiscale par la contribution de tous les acteurs économiques à l’effort collectif, devra se traduire dans la réalité par un certain nombre de mesures-phares. A titre d’exemple, la disparition de certaines niches dans certains secteurs –dont le seul objectif était clientéliste- pourrait être envisagée. Ensuite, l’ajout d’une tranche d’imposition supplémentaire pour les hauts revenus couplée avec une baisse conséquente de l’imposition pour les revenus intermédiaires, est souhaitable. Au plan de l’IS, la progressivité en fonction du chiffre d’affaires des entreprises devrait être prise en considération. Aussi, un réaménagement et une harmonisation de la TVA sont souhaitables. Enfin, il faudrait penser à créer des incitations à la réorientation de l’investissement afin de promouvoir une croissance verte, notamment.
La seconde direction est la réforme de la Caisse de compensation en attente depuis 3 ans. Il y a clairement un manque de volonté et de vision politique nécessaire afin de mener à bien un chantier aussi sensible. Mais si réforme il y a, celle-ci devra veiller à créer des filets sociaux afin de protéger les plus vulnérables de l’inévitable augmentation des prix. A ce titre, il serait intéressant de méditer les exemples émanant de certains pays sud-américains, brésilien notamment, où des systèmes d’aides directes conditionnées à l’intention des segments de population les plus vulnérables, ont été mises en place avec succès.
Enfin, il est essentiel de préserver le niveau d’investissement public en direction, notamment, de l’éducation et la recherche.
En conclusion, le prochain budget de l’Etat ne doit pas être un budget d’austérité ou de crise, mais au contraire un budget de croissance qui prenne en considération la situation sociale du pays, plus que sensible.
- F. N. H. : Vu la situation contraignante qui sévit sur le plan international, est-ce que l’on peut qualifier 2011 d’année de sortie de crise ?
- H. E. M. : En dépit des facteurs d’incertitude qui continuent de peser sur l’environnement économique à l’échelon international, les perspectives de croissance de l’économie nationale en 2011 s’annoncent relativement favorables. Le taux de croissance projeté pour l’exercice à venir devrait se situer autour de 4,5%, enregistrant ainsi un gain de
1,7 point par rapport à 2010. Cette configuration prévisionnelle table sur une reprise des activités de l’industrie, du bâtiment et travaux publics ainsi que des activités de services à la faveur d’un raffermissement sensible de la demande, tant sur le plan interne qu’externe. Elle table également sur un redressement appréciable des activités agricoles avec une hausse de la valeur ajoutée globale du secteur atteignant 3,5% par rapport à l’exercice précédent. Cette perspective devrait, par ailleurs, s’accompagner d’une amélioration significative du cadre macroéconomique, sous le double front du chômage et de l’inflation. Les pronostics établis à ce sujet par le CMC prévoient une relative accalmie de l’inflation avec un taux moyen prévisionnel de 2,3% et un repli de près d’un demi-point du taux de chômage.


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