Au terme d'une année 2020 quasi blanche pour le secteur des Industries Culturelles et Créatives et la production événementielle, un contrat-programme en soutien au secteur a été signé le 06 janvier entre la Fédération des industries culturelles et créatives (FICC), relevant de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), le gouvernement et le GPBM. Neila Tazi, présidente de la FICC et parlementaire CGEM, a bien voulu répondre aux questions de 2M.ma concernant cette convention qui vient sauver un secteur en agonie. 2M.ma.Votre réaction à la signature d'un contrat-programme entre la Fédération des industries culturelles et créatives de la CGEM, le Gouvernement et le GPBM en marge de la 11ème réunion du Comité de Veille Economique (CVE) ? Neila Tazi. La Fédération des Industries Culturelles et Créatives de la CGEM salue la signature de ce contrat-programme que nous demandions depuis plusieurs mois. Il faut garder à l'esprit que ce secteur a vécu une année blanche, il a été durement frappé car la plupart des activités ont été interdites par décision administrative (interdiction de rassemblements, tous les événements et célébrations interdits, fermeture des théâtres et des salles de cinéma, annulation des festivals, aucun vernissage, ….). Cette décision liée à la crise sanitaire causée par la pandémie du Covid-19 a plongé les professionnels du secteur dans une situation précaire, sans visibilité sur une éventuelle date de reprise. Le secteur est en effet encore plus impacté que prévu, cela a d'ailleurs été annoncé par l'UNESCO après analyse des données recueillies au niveau mondial sur les mesures prises par les gouvernements pour répondre aux effets de la pandémie. Les chiffres annoncés par l'UNESCO font froid au dos. À l'échelle mondiale la crise a entraîné la perte de dix millions d'emplois en 2020 dans l'industrie cinématographique et dix milliards de dollars de perdus pour l'industrie musicale après une fermeture de 6 mois. Au Maroc nous ne disposons pas encore de données claires et complètes sur le secteur des industries culturelles et créatives, qui est pourtant un secteur transversal au cœur de la vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, et qui doit donc être porté par l'ensemble des acteurs. Le pays gagnera beaucoup en terme d'emplois et de développement économique et social dans nos villes et nos territoires si les synergies sectorielles sont mises en place. Quels sont les enseignements à tirer de cette longue période d'arrêt d'activité pour le secteur de la culture ? Parmi les constats les plus durs que cette crise à révéler est que la grande majorité des créateurs, artistes, techniciens et autres travailleurs du secteur n'ont pas de couverture sociale, ni d'indemnité perte d'emploi, ni de statut approprié pour leur permettre de travailler dans la dignité. En revanche, nous avons découvert avec la crise qu'à la tête du département se trouve un ministre déterminé à réformer le cadre dans lequel opèrent les industries culturelles et créatives (ICC). Il a d'ailleurs lancé une grand chantier visant à élaborer une stratégie nationale dans ce sens. C'est une des recommandations des 1ères Assises des ICC que nous avions organisé en 2019 en partenariat avec le ministère. Laissez-moi vous rappeler qu'on créant cette fédération nous avons voulu asseoir la notion d'industries culturelles et créatives (ICC), être une force de proposition. Nous interpellons, dans ce sens, les décideurs publics, les élus et les opérateurs privés sur la nécessité de travailler à l'éclosion d'un modèle novateur, performant, qui sied aux jeunes générations et à la multitude de talents qui existent dans notre pays. L'effet de la crise a été dévastateur pour un secteur déjà très fragile et qui mérite plus d'attention, de moyens et de pertinence dans les politiques publiques. Une réforme de fond est nécessaire pour permettre à ce secteur de saisir toutes les opportunités, capter toutes les énergies, et livrer tout son potentiel pour contribuer à la prospérité du Maroc. En France la culture et la création pèsent 100 milliards d'euros dans l'économie, imaginez que c'est presque l'équivalent du PIB marocain ! Les nouvelles technologies sont également devenues un axe essentiel du développement de ces filières et nous saluons le fait que le ministère a décidé d'en faire, avec la résilience, un de ses axes majeurs de travail en 2021. Quelles sont les conditions de la reprise culturelle au Maroc et quels sont les scénarios proposés pour cette éventuelle reprise ? La reprise est étroitement liée à la situation sanitaire et à l'évolution de la campagne de vaccination une fois qu'elle aura démarré. Une évaluation de la situation sera opérée fin mars et si les conditions de la reprise ne sont pas réunies les aides devront forcément être prolongées. Les difficultés que nous vivons sont les mêmes que dans d'autres pays à la seule différence que les moyens octroyés ne sont pas les mêmes, que ce soit d'ailleurs en temps normal ou en temps de crise. Mais malgré le manque de moyens et les difficultés l'Etat a été présent, il a fait preuve de maîtrise. Le moment venu le gouvernement devra là aussi agir, mais rapidement, pour donner une forte poussée et dynamiser la reprise des activités créatives, culturelles et événementielles qui font en partie la notoriété du Maroc et qui seront essentielles à la relance économique, sociale et touristique.