Les erreurs médicamenteuses sont l'une des principales causes de décès dans tous les systèmes de santé de par le monde. Le constat du centre marocain de pharmacovigilence, dressé dans son dernier rapport consacré aux erreurs médicales, est sans appel. A travers des études dites multicentriques, le Centre Antipoison informe dans ce rapport qu'au niveau national 30,3% à 47,0% « des évènements indésirables médicamenteux » détectés sont évitables et s'avèrent être la conséquence d'erreurs médicamenteuses. En Afrique, une autre étude révèle qu'une moyenne de 43,5% des effets indésirables médicamenteux a été jugée évitable. En dehors des frontières du continent africain et aux Etats-Unis par exemple, ils sont 1,5 million des patients à présenter ce type de préjudice et des milliers qui décèdent chaque année suite aux problèmes liés à la sécurité des médicaments, informe le Centre Antipoison du Maroc. Ainsi, sur le plan financier, le coût associé aux erreurs médicamenteuses à l'échelle mondiale, a été estimé à 42 billions de dollars par an, soit près de 1% du total des dépenses mondiales pour la santé. Dans ce même rapport, Rachida Soulaymani-Bencheikh, la directrice du Centre Antipoison et de pharmacovigilance du Maroc affirme que « l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a lancé, en mars 2017, son troisième défi pour la sécurité du patient intitulé « Medication Without Harm ». Ce défi vise à réduire de 50% les événements graves et évitables liés aux médicaments, dans tous les pays, au cours des cinq prochaines années ». Pour le docteur Soulaymani-Bencheikh, pour que « ce challenge réussisse, il doit être hissé parmi les priorités des décideurs ». Par ailleurs, il est à souligner que les erreurs médicamenteuses (EM) sont fréquentes chez la population pédiatrique. Les médicaments les plus incriminés chez cette population étaient la méthylergométrine, le métoclopramide, le paracétamol, et la vitamine D2. En effet, les erreurs sont majoritairement des erreurs d'administration (81,86 - 93,74%) suivies des erreurs de prescription (15,74%-3,69%). Les EM sont liées dans ce cadre à une automédication dans 7,45% à 22,20%. Selon la même étude du Centre Antipoison, les types d'EM les plus fréquentes sont les erreurs de dose et les erreurs de médicament. Au Maroc l'un des principaux défis du système de surveillance est la sensibilisation des professionnels de santé à l'intérêt de déclarer les erreurs médicamenteuses. Il s'agit de dépasser la culture de la faute pour mettre en place une véritable culture de sécurité. Le Centre National de Pharmacovigilance du Maroc a été leader dans le réseau international de pharmacovigilance dans l'instauration d'une surveillance épidémiologique des erreurs médicamenteuses, en créant depuis 2006 une unité dédiée à cette problématique.