La condamnation à un an de prison du rappeur Gnawi, co-auteur du titre polémique « Aach al chaab » qui cumule plus de 21,5 millions de vues sur YouTube, a été confirmée en appel hier par le tribunal de Salé. Ce rappeur de 31 ans a été condamné par le tribunal de Salé pour « outrage à fonctionnaire public » pour avoir insulté la police dans une vidéo « live » sur son compte Instagram. Il a expliqué qu'il avait vécu un contrôle policier comme une « humiliation ». Mais, selon son avocat, Gnawi a avant tout été condamné pour son dernier titre, « Aach al chaab » (Vive le peuple). La chanson qu'il interprète avec deux autres rappeurs reprend des slogans scandés dans les stades, dénonçant « l'injustice » et « l'accaparement des richesses », en écho au malaise de la jeunesse marocaine. Bien que la chanson ne figure pas dans les chefs d'accusation, elle a été évoquée en première instance.
Lire aussi: Délits d'opinion: le porte-parole du gouvernement botte en touche
A noter que le jeune lycéen de 18 ans, Ayoub Mahfoud, a été condamné à trois ans de prison ferme pour avoir repris sur son compte Facebook une phrase de ce titre considéré comme offensant. Son procès en appel est prévu le 20 février à Meknès. Les défenseurs des droits humains, à leur tête l'Association marocaines des droits de l'Homme (AMDH), dénoncent une « campagne de répression » destinée à « terroriser les usagers des réseaux sociaux ». L'AMDH a listé 17 condamnations en 2019 dont une douzaine ces deux derniers mois pour des publications sur YouTube, Facebook ou Twitter qui sont « en désaccord avec l'Etat, critiquent ses politiques ou expriment leur colère ».
Lire aussi: Ayoub Mahfoud a été condamné pour avoir injurié le roi, justifie une source officielle
Une campagne #FreeKoulchi (« libérez-les tous ») a récemment été lancée sur Facebook et Twitter pour dénoncer ces sanctions. Questionné à ce sujet, le ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, porte-parole du gouvernement El Hassan Abyaba, a considéré que les activistes, journalistes et youtubeurs inculpés dans le cadre de délits d'opinion «ont commis des délits punissables par la loi et n'ont pas exprimé leur opinion».