L'épargne représente une garantie pour des jours meilleurs pour les personnes qui peuvent «s'offrir» ce privilège. Toutefois, un obstacle persiste à ce niveau, non pas financier, mais informatif, du fait que certaines personnes n'ont pas conscience de l'importance d'épargner. C'est dans ce sens que le digital entre en jeu, en proposant de nouveaux moyens de les informer de ce qu'ils ont à gagner à adopter de bonnes pratiques à ce niveau. La journée mondiale de l'épargne, qui se tient le 31 octobre de chaque année, a été célébrée le 7 novembre à Rabat, en présence de plusieurs figures de l'économie marocaine, notamment Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Othmane Benjelloun, président du Groupement Professionnel des Banques du Maroc (GPBM), Abdellatif Zaghnoun, directeur général de la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) et Ahmed Amin Bendjelloun Touimi, directeur général du Groupe Barid Al-Maghrib. À cette occasion, le wali de BAM a mis en avant le rôle important de l'épargne à travers l'éducation financière via le canal digital, dont le potentiel est indéniable actuellement. Celui-ci permet aux citoyens d'être informés 24 h/7 j pour ce qui est des informations financières qui les intéressent. Si le Maroc a connu un certain retard à ce niveau, Jouahri a expliqué que tout est fait afin de rattraper le temps perdu, permettant ainsi au royaume de se hisser aux standards internationaux en la matière. Aujourd'hui, il ne suffit plus de disposer d'un logement ou d'un salaire important pour vivre. Il faut que les gens prennent conscience de l'importance d'épargner de l'argent, afin d'éviter toute instabilité financière sur leur vie, mais aussi afin de ne pas déstabiliser l'économie dans son ensemble. Cela concerne en particulier les catégories socio-économiques vulnérables, qui pourraient facilement basculer dans la pauvreté sans plan d'épargne. Jouahri a ainsi salué l'initiative de Zaghnoun pour ce qui est de la création d'un rendez-vous d'échange tripartite alliant la CDG, BAM et Barid Al-Maghrib, afin d'étudier et de déployer des solutions intelligentes d'épargne au profit des citoyens marocains. Crédits photo : Youssef Sodor. Crédits photo : Youssef Sodor. Crédits photo : Youssef Sodor. Crédits photo : Mounir Mehimdate. Crédits photo : Mounir Mehimdate. Crédits photo : Mounir Mehimdate. Pour Jouahri, la problématique du financement est une réalité, qui tient source, entre autres, dans le manque ou l'absence de l'épargne auprès des ménages. Sans garanties ou capital, ceux-ci ne peuvent pas financer l'acquisition de biens ou le lancement de projets. La sonnette d'alarme est tirée À la lumière de la situation économique mondiale actuelle, notamment du Brexit et de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, le spectre d'une nouvelle crise économique mondiale est à ne pas négliger. Jouahri a ainsi relevé que « dans ces conditions, les taux d'intérêt, qui ont connu une baisse spectaculaire depuis 2008 pour se situer à des niveaux proches de zéro, voire même négatifs dans certains pays, sont appelés à rester bas, et les plus pessimistes prédisent qu'ils ne retrouveront pas leurs niveaux d'avant crise même à long terme », tout en rajoutant que « des taux aussi bas ne sont pas sans effets négatifs sur l'épargne des ménages qui voient leurs efforts pratiquement anéantis. De même, les fonds de pension enregistrent une baisse et une faiblesse persistantes de leurs rendements qui pèsent sur la viabilité de certains d'entre eux ». Actuellement, selon les données de BAM, l'épargne des ménages nationaux se situe autour de 14 % de leur revenu brut, chose qui « serait beaucoup plus faible en comparaison internationale sans les transferts des marocains résidents à l'étranger et la faiblesse des cotisations », selon Jouahri. De plus, le ralentissement des dépôts des ménages ne ferait qu'aggraver cette situation, surtout qu'il est difficile de changer les mentalités, du fait que les Marocains, en général, préfèrent avoir leur argent «devant » eux. Cela résulte dans une situation où une quantité importante d'argent reste en dehors du circuit économique, ce qui contribue, dans un sens, à la hausse des activités informelles, notamment auprès de certains commerçants. Afin de faire face à cette situation, il serait donc intéressant que l'on s'en penche sur la mise en place d'incitations fiscales « réelles » pour cette population. Cela se pourrait se traduire par des exonérations pendant une durée déterminée pour les commerçants, afin de les accompagner dans l'adoption des nouveaux modes de paiement. Jouahri a d'ailleurs indiqué que BAM a joué toutes ses cartes pour ce qui est du paiement électronique, et que l'Etat devrait s'engager à faire preuve d'« innovation » pour inciter les commerçants à adopter le virage du digital. Zaghnoun a pour sa part mis l'accent sur l'importance de bien informer les citoyens de l'importance d'épargner, notamment en leur donnant accès aux informations nécessaires à ce niveau. Cela vise à les «aider à gérer leurs budgets sur le plan personnel, notamment familial, mais surtout de les sensibiliser sur les risques liés au crédit et l'endettement», a déclaré le DG de la CDG. Celui-ci a par ailleurs indiqué que le digital joue un rôle important dans l'éducation des futures générations pour ce qui est de l'épargne, du fait que le royaume est un pays connecté, et qu'il dispose d'un potentiel technologique non négligeable dans ce sens, mais aussi pour ce qui est des jeunes porteurs de projets, qui pourraient profiter grandement de ces technologies pour développer leurs activités. Zaghnoun a, dans ce sens, cité les avancées du royaume au niveau du système bancaire 2.0, notamment l'ouverture de comptes à distance, la gestion des informations bancaires, la réalisation de transactions financières, etc. Par ailleurs, Zaghnou, Jouahri, Benjelloun et Bendjelloun Touimi ont procédé à la signature d'un timbre, édité spécialement par Barid Al-Maghrib à l'occasion de la journée mondiale de l'épargne. Crédits photo : Mounir Mehimdate. Crédits photo : Mounir Mehimdate. Crédits photo : Mounir Mehimdate.
