La Chambre des représentant a organisé ce mercredi une journée d'étude sur le « Financement de l'économie nationale ». Le Wali de Bank Al Maghrib (BAM) y était présent pour faire un exposé sur la situation actuelle du secteur bancaire, à l'aune des directives du roi Mohammed VI qui ont abouti au lancement du Programme intégré d'appui et de financement des entreprises ce lundi. Selon son programme, cette journée d'étude se doit de répondre à trois questions principales. La première de ces questions touche à la capacité des sources de financement intérieur traditionnelles, c'est-à-dire le budget de l'Etat, des collectivités territoriales et des institutions publiques et des crédits bancaires nationaux à répondre aux besoins de financement de l'économie nationale, présentée comme une « économie en développement ». La deuxième question est relative à la capacité, non seulement d'épargne, mais de la réussite à mobiliser cet épargne et son emploi dans le financement de l'économie nationale, tandis que la troisième est liée au gage sur le financement extérieur, représenté essentiellement sur le crédit, et donc sur l'endettement public, et dans le soutien pour le développement. Soit, pour cette troisième piste de réflexion, une source de financement aux mécanismes déclarés « efficaces », mais qui, sous l'angle géopolitique, demeure une source limitée de financement. Un travail de vigie Abdellatif Jouahri a indiqué au cours de sa présentation que le secteur bancaire « contribue de façon importante au financement de l'économie marocaine« . Fin 2019, les crédits distribués par les établissements de crédit ont atteint environ 968 milliards de DH, ce qui représente 88% du PIB marocain. Ce niveau représente le double, selon les chiffres de BAM, de ce qui a été enregistré 15 ans plus tôt, en 2004. Un niveau qui dépasse la moyenne enregistrée dans la région MENA (82%). Le reste de l'économie marocaine (12%) est financé par le marché obligataire. Photo Mounir Mehimdate « Le renforcement du secteur au début de troisième millénaire a permis la parution de trois groupes bancaires marocaines capable de répondre aux besoins de financement des grands projets en totalisant 64% des actifs et dépôts« , déclare Jouahri, signalant que « les 5 premières banques du pays totalisent 78%« . Pour attester de cette accompagnement du développement de l'activité économique malgré les aléas, le Wali de BAM relève également que « le financement bancaire a connu au cours des deux dernières décennies des évolutions cycliques qui reflètent le développement de l'activité économique« , que « la moyenne annuelle des crédits a été de 8,5% entre 1999 et 2005″, et qu' »il a connu une accélération de 19,8%, puis commencé un ralentissement de 9,9% au cours des années ayant suivi la crise économique 2009/2011 ». Le chat noir des banques Abdellatif Jouahri est revenu sur le problème que représente pour les banques les créances irrécouvrables, un des arguments que posent les banques pour justifier le bas niveau d'emprunts aux acteurs économiques, mais aussi aux ménages. « Les créances irrécouvrables ont augmenté de plus de la moitié au cours de la dernière décennie pour dépasser les 70 milliards de DH en 2019« . Elles représentent 7,7% de l'ensemble des crédits souscrits d'après les chiffres de BAM, ce qui correspond à 10% pour les entreprises et 8% pour les ménages. Par secteurs, ces créances sont de 20% dans l'industrie du textile, le tourisme et les BTP. En parallèle, le recouvrement de créances bancaires rencontre plusieurs difficultés selon Jouahri. C'est notamment le cas des procédures judiciaires « qui ne facilitent pas la résolution du problème« , a-t-il souligné, ajoutant que, sous la supervision de BAM, les banques de la place « étudient un ensemble de modes de gestion dans le but de réduire le volume de ces créances, notamment à travers les procédures de titrisation« . Photo Mounir Mehimdate PME-TPE: un parent pauvre « Au vu des orientations royales, les mesures adoptées en faveur des PME-TPE revêtent une importance cruciale« , estime le Wali de la banque centrale qui définit les PME comme des entreprises dont le Chiffre d'affaires (C.A) ne dépasse pas les 175 millions de DH, et les TPE, celles dont CA ne dépasse pas les 10 millions de DH. « BAM a accordé une attention particulière à ces entreprises depuis le début des années 2000″, a-t-il dit. Abdellatif Jouahri a expliqué que des mesures ont été prise afin de « faciliter l'accès de ces entreprises au financement bancaire », avec l'organisation de campagnes régionales d'écoute et de sensibilisation à leur profit par BAM, le GPBM la CGEM et l'Agence nationale de développement des PME en 2007, 2011 et 2014. « Il s'est avéré au cours de ces rencontres que le problème n'est pas celui de la priorité à l'accès au financement bancaire mais plutôt celui des garanties et conseils à donner, à l'adoption d'une politique de proximité et d'une réactivité , en plus d'autres demandes ne rentrant pas dans le cadre des compétences du secteur bancaire, comme l'assiette foncière, son coût, les procédures administratives, ainsi que les appels d'offre publics« , a-t-il dit.