Il a été le premier président à être démis au Maroc. Il s'agit de Abderrahim Bouaida, ancien président de la région Guelmim-Oued noun, évincé de son poste, au terme d'un bras de fer avec les conseillers de la région, le ministère de l'intérieur et les membres de son propre part, le RNI. Le chantier de la régionalisation, sa relation avec le parti de la colombe et le « deal » qui lui a été proposé pour céder sa place à la tête du conseil...Abderrahim Bouaida, invité de l'émission web de Hespress « Niqach fi assiyassa », à diffuser dimanche soir, a tout dit. Sa première pique, il l'adresse à la régionalisation qui, a-t-il affirmé, « ne peut être évaluée en dehors du contexte et des pratiques en cours au Maroc depuis 2015« . Pour lui, ce choix « que le Royaume a voulu stratégique, a été initié de manière hâtive sans que soient mis en place les textes nécessaires pour l'accompagner« . « L'expérience de la régionalisation a, malheureusement, échoué. Si elle avait été le succès voulu par le Roi, le Maroc n'aurait pas eu besoin d'un nouveau modèle de développement. Ce chantier, mené depuis quatre ans, n'a rien apporté de nouveau, ce qui veut dire que nous avons raté la première manche, comme nous pouvons très bien rater la seconde« , a-t-il mis en garde. Bouaida explique cet éventuel échec par le fait que « tous les facteurs négatifs ayant engendré cette situation sont toujours là, d'autant que l'Etat n'est pas prêt à céder ses prérogatives aux élus« . Et de souligner : « Le Maroc a échoué dans un projet destiné à l'intérieur, comment peut-il réussir quand il s'adresse à des parties qui ont des crédos différents et avec lesquelles nous discutons de la mise en œuvre de l'initiative d'autonomie ?« . Le RNI, un lièvre de course ? Sur un autre registre, Abderrahim Bouaida prédit que « la région va droit dans le mur« , car un programme quinquennal ne peut être mis en œuvre en une seule année, de même que le conseil ne dispose ni d'une majorité ni d'une opposition. Il a dans ce sens fait part de son étonnement face « aux consensus et alliances pour se partager le butin, comme cela s'est fait quand une enveloppe de plus de 600 millions de centimes a été allouée à l'acquisition de voitures« . Concernant les accusations d'opportunisme formulées à son encontre par la direction du RNI, Bouaida a botté en touche. « Quand il y a eu le blocage au niveau du conseil, le parti m'a littéralement laissé tomber, je ne peux donc pas lui jeter des fleurs aujourd'hui« , a-t-il dit. « Si j'étais opportuniste, j'aurais accepté le deal qu'on m'a proposé pour céder la présidence du conseil« , a-t-il lancé, révélant qu'on lui avait fait miroiter un poste d'ambassadeur en contrepartie de la présidence du conseil de la région Guelmim-Oued noun. Il renchérit : « On m'a proposé une ambassade dans les six mois suivant mon départ, en présence de la personne même qui m'accuse aujourd'hui d'opportunisme, et cela au bureau d'un ministre appartenant au parti, mais j'ai décliné« . Pour mieux marquer ses distances avec le RNI, Bouaida assure que « le lien avec cette formation se résume au parrainage ». « Je n'ai jamais appartenu au RNI, je ne connais rien de son idéologie et ses principes« , a affirmé Bouaida, soulignant que « la seule voie pour +arriver+ au Sahara, c'est la famille, car le vote est étroitement lié aux personnes et aux familles« . Selon lui, personne ne connait le programme du RNI, ou de tout autre parti politique, la seule clé étant la famille. « Le RNI est un parti en contradiction avec lui-même, en dépit de tous les slogans qui répète, car aujourd'hui il accable ses propres fondateurs, et la majorité de ses membres constituent un +cartel de l'argent+ qui n'a rien à voir avec le parti« , estime-t-il. Pour conclure : « Avec tout ce qu'il fait, le RNI représente un bon lièvre de course pour porter le PJD à la présidence du gouvernement en 2021, car au final, ce n'est pas plus qu'une roue de secours à la place du PAM« .