La Commission Spéciale sur le Modèle de Développement (CSMD) a tenu ce mardi 14 juillet 2020 une conférence de presse par visioconférence afin de présenter l'état d'avancement de ses travaux. C'est Chakib Benmoussa président du CSMD, qui a donné le la, à ce point de presse, le second depuis l'instauration de l'état d'urgence et qui aura duré tout de même plus de trois heures. Ont pris part également à cette rencontre virtuelle, crise sanitaire de coronavirus (Covid-19) oblige, Ghita Lahlou El Yacoubi, Mohamed Fikrat, Mohamed Tozy, Larbi Jaïdi et Adnane Addioui. Pour rappel, un délai additionnel a été accordé par le Souverain en vue de permettre à la Commission d'approfondir les différents volets du modèle de développement projeté et d'intégrer dans ses travaux les implications et transformations engendrées par la pandémie de la Covid-19. Les travaux de la Commission devront donc être soumis au le Roi Mohammed VI au plus tard début janvier 2021. A moins de six mois donc, de la fin de l'échéance de ces travaux, Chakib Benmoussa président de la CSMD tout en se voulant confiant a rappelé que, la suspension des réunions présentielles n'a pas empêché les travaux de la commission d'aller bon train bien au contraire et ce, grâce notamment à travers des rencontres virtuelles. Quelque180 séances d'écoute ont été réalisées et la parole a été donnée à 1200 personnes. En outre des mécanismes de concertation élargie ont permis notamment à des élèves et à des étudiants de s'exprimer et dans ce cadre. Dans cette perspective près de 6200 contributions ont été recueillies. L'un des points marquant est que la société marocaine connaît une sorte de « dualité ou de polarisation » a indiqué Chakib Benmoussa. Le président du CSDM a en outre expliqué que les principales attentes des Marocains étaient divisées en trois axes, la justice sociale et territoriale, les libertés publiques et la participation politique constatant au passage que les « exigences constitutionnelles » étaient peu ou prou d'être appliquées et enfin le développement économique est loin de faire l'unanimité. Petit canevas en guise de conclusion nos concitoyens se plaignent des complications et barrières administratives, de la règle du jeu aux dés pipés et du favoritisme qui souvent fait loi dans le monde des affaires. Grosso modo il est ressorti de cette conférence que les attentes des citoyens marocains résideraient dans le rétablissement de la confiance de part et d'autre (gouvernants et gouvernés). C'est une première priorité a-t-on précisé. La revendication de la justice sociale et territoriale, n'est pas en reste selon le président de la CSDM. Les Marocains sont également très soucieux de l'enseignement, de l'emploi et de la couverture sociale. Nos compatriotes estiment que le système de l'assistanat généralisé, infantilise et espère le voir banni de la gouvernance espérant en revanche une équité et une égalité de chances comme base du développement. L'épanouissement des jeunes est également requis, le respect et l'égalité des genres, la valorisation de l'esprit d'initiative dans l'entreprise et autres secteurs comme ceux de la culture doivent aussi être de mise. Ces chantiers ne sauraient être complets sans une bonne gouvernance et la moralisation de la vie publique, thèmes qui sont souvent ressortis tout au long de ces trois heures et plus qu'aura duré cette rencontre d'un haut niveau. Rien, n'a semble-t-il, été oublié dans la présentation et si l'on a insisté sur ce qui doit être réalisé sans plus attendre tels la reddition obligatoire des comptes, le système de la rente, la corruption, les conflits d'intérêt, la bureaucratie, les barrières non tarifaires et de l'instauration d'un système où la compétence, le mérite seraient en concurrence loyale. D'autres attentes et non des moindres, l'environnement et le climat sont des soucis majeurs pour nos concitoyens notamment le stress hydrique ou tout au moins la raréfaction et la dilapidation de cette richesse sont autant de préoccupations. Que ce soit Mohamed Fikrat, qui a mis l'accent sur un climat des affaires à la recherche de sa vraie voie ou du système de rente qui plombe la vie socio-économique en recommandant l'investissement de l'Etat, que Ghita Lahlou qui a longuement insisté sur l'humain dans les secteurs de l'enseignement et de la santé publique en insistant sur les nombreuses inégalités que l'on y rencontre, ou Mohamed Tozy alité pour la circonstance et à qui on souhaite un prompt rétablissement ou Larbi Jaïdi et Adnane Addioui, tous se sont accordés à reconnaître que les efforts qui restent à accomplir au regard des difficultés recensées sont énormes. Toujours est-il et pour paraphraser un confrère « Quel sera le volume du recueil à l'achèvement de ces recommandations ? », ce n'est pas donné. Et pourtant, malgré cela, il régnait comme un air sérénité dès lors que l'on se projetait vers 2030/2035.