Bon nombre de pays se préoccupe de l'écart enregistré dans l'éducation des jeunes filles, et ce pour plusieurs raisons. En effet, le taux de scolarisation des jeunes n'atteint pas encore l'égalité sans parler du taux de décrochage scolaire qui concernent plus les jeunes filles que les garçons surtout dans les milieux ruraux. *Par Nadia Ramdani Le Résumé sur l'égalité des genres 2018, élaboré par l'équipe du Rapport mondial de suivi sur l'éducation de l'UNESCO dresse le constat qu'il ne suffit pas de s'intéresser à la parité dans les taux de scolarisation, domaine dans lequel des progrès considérables sont actuellement accomplis, mais que l'inégalité des genres revêt beaucoup d'autres formes entravant l'avenir socio-culturel et économique des jeunes filles. En effet des résistances et des freins persistent encore et entravent la consécration de ces objectifs. Les programmes d'éducation proposés encore inégalitaires dans leur élaboration, la formation des formateur.rices aux inégalités visibles et invisibles dans l'éducation scolaire, sociale et parentale. L'orientation professionnelle des jeunes filles vers les métiers d'avenir ne se fait pas encore de façon égale. Plusieurs idées reçues persistent à faire croire que certains corps de métiers seraient masculins tandis que d'autres féminins. Prenons, en guise d'exemples, les STEM – Science, Technologie, Ingénierie, Mathématique et les métiers relatifs aux NTIC/Digital – Nouvelles Technologie de l'Information et Communication, ce nouvel ascenseur social où une grande majorité des jeunes filles sont encore exclues au Maroc ou ont peine à insérer le marché de l'emploi dans lesdits secteurs. Envisager l'analyse de ce fléau mondiale sous le prisme de l'angle genre permet de mettre en exergue les mécanismes et les idéologies prédominants causant des obstacles à l'éducation paritaire et pérenne des jeunes filles. Nadia Ramdani – Cofondatrice Women for Diversity and Peace Une telle analyse permet de mettre en exergue les stéréotypes tenaces fondés sur l'idée d'une supériorité considérée naturelle de l'homme et sur le principe d'une division sexuelle des rôles et statuts spécifiques à chaque sexe. Dans ce sens, les influences des stéréotypes sexistes dans le domaine de l'éducation constituent les fondements même des inégalités et des difficultés que rencontrent les filles pour accéder et réussir leur cursus scolaire sans violence aucune ! A travers les activités menées dans le cadre du projet HYA lancé par l'Association Femmes pour la Diversité et la Paix avec l'appui entre autres de l'Ambassade Suisse du Maroc, nous avons visé quelques écoles publiques et maisons de jeunes de Rabat en vue de participer avec une approche active et artistique à la prise de conscience des stéréotypes de genre existant dans leur milieu scolaire, et de façon plus globale nous avons ouvert des débats avec les jeunes sur les inégalités qui relèvent dans leurs écoles et dans la sphère sociétale et familiale. A notre grande stupeur, nos jeunes filles et garçons ont pris la parole pour souligner les inégalités criantes relevées dans le système d'éducation à travers les programmes, manuels scolaires, la communication orale et visuelle ou encore les stéréotypes ancrés au sein de leur propre famille et dans l'imaginaire collectif. Il est indubitable qu'à l'aune de cette expérience à petite échelle, les inégalités bloquant l'acquisition des mêmes chances face à l'éducation et l'orientation professionnelle sont à écumer au peigne fin car trop souvent encore invisibilisées. Des campagnes de sensibilisation et de communication doivent être envisagées en masse pour éveiller les consciences sur toutes ses formes d'inégalités entravant l'avenir de nos jeunes à participer au développement économique durable de la nation. Les jeunes ont soif d'apprendre, la solution pourrait être envisagée dans de nouveaux formats d'apprentissage usant du digital, de nouvelles pédagogies et intégrant l'inclusion durant leur élaboration. Ainsi, si nous voulons poser les premiers jalons d'une société égalitaire, il est plus que nécessaire d'installer une dynamique genre dans la pierre angulaire de tout développement : l'école et l'éducation. Penser à un développement durable n'est possible qu'avec la participation égale & transversale des femmes et des hommes dans tous les secteurs ! Il s'agit là d'intégrer dans le processus de développement de 50% de la population marocaine, les femmes et jeunes filles ! *Cofondatrice & Présidente de l'AFDP – Experte Genre